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A trois jours du second tour des législatives, les critiques de l'opposition fusent contre Emmanuel Macron, en Ukraine jeudi, à plus de 2.000 km du sol français, dans une fin de campagne envenimée entre macronistes et mélenchonistes.
Après s'être rendu en Roumanie et en Moldavie, le chef de l'Etat, à la tête de l'Union européenne jusqu'au 30 juin, était à Kiev puis Irpin jeudi matin avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le chef du gouvernement italien Mario Draghi, pour adresser "un message d'unité européenne" et de "soutien" à Kiev, "à la fois pour le présent et pour l'avenir", a-t-il souligné. "Il faut que l'Ukraine puisse résister et l'emporter", a-t-il souhaité.
Angle d'attaque de l'opposition dans sa guerilla face à la majorité présidentielle sortante, l'absence de M. Macron dans l'entre-deux tours est considérée par le leader de LFI et de l'alliance de la gauche unie Nupes Jean-Luc Mélenchon comme la marque de son "mépris", le député LFI Alexis Corbière pointant une "opération de communication" - tout en saluant ce "soutien" nécessaire au peuple ukrainien.
"Emmanuel Macron se sert de cette posture de chef de guerre pour tenter d’avoir une influence sur les élections législatives", a affirmé Marine Le Pen, même si la finaliste de la présidentielle et candidate RN dans le Pas-de-Calais juge "parfaitement légitime qu’il aille à Kiev et qu’il continue à avoir des discussions avec Vladimir Poutine".
"Si on veut vraiment aboutir à un accord, à une médiation, ce n'est pas en se mettant en scène", a lancé le président des Républicains Christian Jacob, tandis que l'ex-ministre et maire LR de Meaux Jean-François Copé fustige la "folie" de la "stratégie d'évitement" de M. Macron, qui "laisse monter extrême droite et extrême gauche".
Le ministre chargé de l'Europe Clément Beaune, lui-même candidat à Paris où il est en difficulté face à la candidate insoumise Caroline Mécary, a appelé à avoir de la "hauteur de vue et de la dignité", faisant valoir que "le président de la République n'est pas candidat aux législatives" et réalise ce déplacement "dans une semaine de sommet européen".
- "Epouvantails aux moineaux" -
Gauche, droite et extrême droite avaient avant cela dénoncé la déclaration du président mardi sur le tarmac d'Orly juste avant son départ, appelant les électeurs à lui donner une majorité "solide" et à opérer un "sursaut républicain" pour éviter le "désordre".
Au JT de France 2 mercredi soir, la Première ministre Elisabeth Borne a lié "gravité" de la "situation" internationale et nécessité d'avoir "une majorité forte à l'Assemblée nationale pour continuer à tenir notre place en Europe et dans le monde".
Elle a fustigé "l'alliance de circonstance" de la Nupes derrière "le projet le plus extrême, celui de Jean-Luc Mélenchon", qu'elle juge "dangereux pour notre économie".
"Les épouvantails, ça fait peur aux moineaux, pas aux citoyens éclairés", a rétorqué Alexis Corbière jeudi sur Cnews. "Après cinq ans d'Emmanuel Macron, on a quasiment 12 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Ca, c'est dangereux pour la France, (...) donc le chaos, c'est eux", a-t-il lancé.
Les deux camps s'accusent aussi mutuellement d'imiter l'ex-président américain Donald Trump, connu pour ses déclarations fracassantes.
Clément Beaune a reproché à Jean-Luc Mélenchon son "trumpisme à la française", des "hurlements" ou des "fakes news" sur la TVA, tandis que le leader de LFI, qui avait accusé Emmanuel Macron de "sketch à la Trump" à Orly, a appelé ses adversaires à "baisser d'un ton" et s'est "alarmé" de propos du président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand, pour qui une cohabitation avec la Nupes serait "impossible au plan politique".
- Débat télévisé -
Le débat s'annonce donc agité jeudi soir sur BFMTV entre le ministre du Budget Gabriel Attal, la députée sortante LFI Clémentine Autain et le président du RN Jordan Bardella, d'autant que la flambée de l'inflation place la question du pouvoir d'achat au premier rang des priorités des Français dans les enquêtes d'opinion.
Les sondages continuent à pronostiquer une arrivée en tête des candidats macronistes face à la Nupes (LFI, EELV, PS, PCF), qui pourrait les priver de majorité absolue (289 sièges).
Selon Ifop-Fiducial pour LCI et Sud Radio, la coalition présidentielle Ensemble! obtiendrait entre 265 et 300 sièges contre 180 à 210 pour la gauche unie, devant la droite LR et UDI (40 à 65 sièges) et le RN (20 à 40).
A gauche, Jean-Luc Mélenchon est sur France Bleu à 13H00, et le patron du PS Olivier Faure en Bretagne pour soutenir les candidats de la Nupes.
A l'extrême droite, Marine Le Pen est en Moselle avec les candidats RN. Elle espère atteindre la barre des 15 élus pour pouvoir former un groupe dans l'hémicycle pour la deuxième fois de l'histoire de son camp. Le précédent remonte au scrutin proportionnel de 1986 avec les 35 députés décrochés par le FN de Jean-Marie Le Pen et ses alliés.
La droite (LR et UDI) table sur une soixantaine de députés pour jouer les arbitres dans la future Assemblée, qui sera forcément plus turbulente au vu des nouveaux équilibres politiques qui se dessinent.
E.Leuenberger--NZN