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Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé lundi à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, pour demander l'adhésion à l'Union européenne de cette ex-république soviétique du Caucase.
Agitant des drapeaux européens et géorgiens, environ 120.000 manifestants, selon une estimation de l'AFP sur la base de photos prises par des drones, se sont rassemblés devant le Parlement géorgien, quelques jours après la recommandation de la Commission européenne d'attendre avant d'octroyer à Tbilissi le statut de candidat à l'adhésion.
Plusieurs organisations pro-européennes et l'ensemble des formations d'opposition avaient appelé à une "marche pour l'Europe" lundi soir à Tbilissi, afin de "prouver l'engagement du peuple géorgien dans son choix européen et dans les valeurs occidentales".
"L'Europe est un choix et une aspiration historiques pour les Géorgiens, pour lesquels toutes les générations ont fait des sacrifices", ont déclaré les organisateurs dans le communiqué.
"La liberté, la paix, le développement économique durable, la protection des droits humains et la justice sont des valeurs qui nous unissent tous et qui seraient garanties par une intégration à l'Union européenne", ont-ils ajouté.
L'un des organisateurs, le militant des droits humains Shota Digmelashvili, a lu un manifeste annonçant un autre rassemblement vendredi et le lancement d'un "nouveau mouvement populaire" qui comprendra des partis d'opposition mais sera dominé par des militants civils.
"Nous formulerons nos demandes au gouvernement et s'il ne les satisfait pas, une résistance non-violente balaiera tous ceux qui font dérailler la Géorgie de son chemin européen", a-t-il déclaré.
- "Feu vert pour envahir à nouveau"-
L'un des manifestants, l'écrivain Malkhaz Kharbedia, 47 ans, a déclaré que "chaque Géorgien doit assumer sa responsabilité personnelle pour que notre espoir européen se réalise".
"Nous sommes descendus dans la rue aujourd'hui car le temps est venu de ne compter que sur nous-mêmes, pas sur quelqu'un d'autre, le temps de notre responsabilité personnelle, de nos efforts, de notre volonté inébranlable, de notre persévérance", a-t-il déclaré à l'AFP.
Pour une autre manifestante, Lili Nemsadze, biologiste de 68 ans, "refuser à la Géorgie le statut de candidat (à l'adhésion) à l'UE signifiera que nous resterons dans la sphère d'influence de la Russie". Le président russe Vladimir "Poutine interprétera cela comme un feu vert pour envahir à nouveau la Géorgie".
Annexée à deux reprises par la Russie, en 1801 et en 1921, la Géorgie a été envahie en 2008 par les troupes russes lors d'une brève guerre de cinq jours qui a fait environ 700 morts. La Russie soutient aussi en Géorgie deux territoires séparatistes.
Le rassemblement de lundi vise à envoyer un signal à Bruxelles, alors que les dirigeants européens doivent discuter cette semaine pour savoir s'ils accordent ou non le statut de candidat officiel à la Géorgie, ainsi qu'à l'Ukraine et à la Moldavie.
Si la Commission européenne a donné un avis positif concernant l'Ukraine et la Moldavie, elle a toutefois estimé vendredi que la Géorgie devait d'abord procéder à des réformes, notamment politiques, avant de pouvoir prétendre à ce statut.
L'exécutif européen a recommandé que la Géorgie se voie "offrir la perspective de devenir membre de l'Union européenne", une situation qui n'a cependant pas de valeur juridique.
"Il revient à la Géorgie d'accélérer (les réformes) et avancer vers cette porte ouverte", a commenté la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.
Le Parti du Rêve géorgien, au pouvoir à Tbilissi, s'est dit "heureux" d'avoir une "feuille de route concrète", mais a jugé "regrettable" que la Commission ne soutienne pas le statut de candidat dès à présent.
Vendredi, le Premier ministre Irakli Garibashvili a aussi salué "la décision historique d'accorder à la Géorgie une perspective européenne", ajoutant: "Nous allons travailler avec Bruxelles pour mettre en œuvre toutes les exigences et nous obtiendrons le statut de candidat".
Le gouvernement géorgien a fait l'objet ces dernières années de critiques croissantes au sujet de la situation des droits humains, des ONG exprimant notamment des inquiétudes sur le recul de la liberté d'expression.
La Commission européenne a déclaré que les conditions que Tbilissi doit remplir pour être placé sur la voie officielle de l'adhésion comprennent la fin de la polarisation politique, des progrès en matière de liberté des médias, des réformes judiciaires et électorales ainsi que la "désoligarchisation", la lutte contre la mainmise de certains oligarques sur des pans entiers de l'économie.
Y.Keller--NZN