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L'obus a laissé un trou béant dans le commissariat de police de Lyssytchansk, en Ukraine, symbole du barrage d'artillerie russe qui écrase cette ville de l'Est du pays où les soldats creusaient mardi des positions défensives.
Le poste de police a été touché dans la nuit de lundi à mardi, après que Lyssytchansk a subi de violents bombardements qui ont fait au moins un mort dans cette ville industrielle stratégique située en face de Severodonetsk, dans la région orientale du Donbass.
Le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a déclaré que la ville avait été "très lourdement bombardée" toute la journée et qu'elle avait également été la cible de frappes aériennes.
Le commissariat, situé dans une rue latérale menant à la rivière, a subi un "impact direct" qui a blessé 20 policiers, a déclaré à l'AFP le colonel des forces spéciales Oleksandr Kutsepalenko.
Les policiers blessés ont été transportés à l'hôpital de la ville, qui n'a pas d'électricité. Les bombardements intensifs de la ville avaient commencé lundi en début d'après-midi et se sont poursuivis dans la nuit, selon la police. Le colonel précise qu'il y a eu neuf frappes directes dans le quartier autour du commissariat, qui ont laissé "54 cratères" dans les environs.
Mardi matin, le son des tirs de roquettes multiples résonnait encore.
Le commissariat était toujours ouvert mardi, l'un des rares services publics en fonction dans la ville dévastée. Les habitants y viennent enregistrer des décès, chercher de l'aide pour contacter des proches ou simplement utiliser les toilettes.
"Les cloisons se sont effondrées et les portes ont été soufflées", a déclaré un policier qui s'est identifié par son surnom, Petrovich. A l'extérieur, trois voitures de police ont pris feu après que des éclats d'obus ont fait exploser une bouteille de gaz, a-t-il précisé.
Plus près de la ligne de front, la police a monté une barricade avec des épaves de voitures et de camionnettes pour tenter de ralentir l'avancée des forces russes.
Un immeuble civil situé en face de la gare a également été éventré, un missile russe gît dans la cour. Une femme du deuxième étage a été "blessée par des éclats d'obus", selon Petrovich. Sur la route, des pages de manuels scolaires et un jouet en peluche.
- Soldat en sang -
Sur la route menant à la ville, des véhicules militaires ukrainiens, dont des chars, des ambulances et des véhicules blindés de transport de troupes, vont et viennent.
Sous une chaleur accablante, une ambulance militaire s'est arrêtée pour réparer un pneu crevé, ses portes arrière ouvertes pour aérer. A l'intérieur, l'ambulancier appuie sur les bandages d'un soldat qui saigne, avec un autre jeune soldat sur une civière à côté de lui.
De rares habitants s'aventurent à vélo ou à pied pour tenter de se ravitailler. Certains, plus âgés, remplissent des bouteilles en plastique avec l'eau d'un bac situé près de la caserne de pompiers.
"Ils nous considèrent comme des séparatistes parce que nous sommes restés", déclare Igor, un retraité, évoquant des responsables locaux et même le gouverneur de la région.
"Nous sommes des gens normaux", assure une jeune femme poussant un landau rempli de bouteilles d'eau.
D'autres se plaignent de ne pas avoir reçu leur pension. "Nous sommes en Ukraine. Qu'ils amènent un véhicule blindé et distribuent de l'argent", grogne Igor.
A.P.Huber--NZN