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Emmanuel Macron a "confirmé" samedi sa confiance à Elisabeth Borne "dans la durée" et a chargé la Première ministre de sonder les groupes parlementaires sur leur "degré de coopération", afin de définir une "feuille de route" gouvernementale et former un "nouveau gouvernement d'action" début juillet.
Voici les principales déclarations du chef de l'Etat, dans un entretien à l'AFP :
QUESTION : Vous avez laissé mercredi 48 heures aux forces politiques pour se positionner. Quel bilan en tirez-vous et quelle est maintenant la prochaine étape ?
REPONSE : "Mercredi soir, j'ai demandé qu'il puisse y avoir une clarification de la part des forces politiques pour cette fin de semaine afin que nous puissions en tirer les conséquences.
Les Français nous ont demandé de garder une ambition, une volonté de réforme, le cap que la présidentielle a donné au pays. C'est ce qui fait qu'ils ont placé la majorité présidentielle en tête de ce vote.
Ils ont également demandé d'agir dans un esprit de compromis, de dialogue, de respect et d'écoute, avec d'autres forces politiques. C'est ce qui fait que la majorité n'est que relative. Il nous faut construire un chemin, bâtir une voie.
Les derniers jours ont mis en lumière le fait qu'au sein des partis de gouvernement, des voix dissonantes se sont exprimées, les uns appelant à refuser la main tendue, les autres à passer des accords formels, les derniers à coopérer texte par texte.
J'ai décidé aujourd'hui de confirmer ma confiance à Elisabeth Borne et voyant à la fois les refus et les disponibilités, je lui ai donné mandat, dans les jours qui viennent, de formellement et précisément explorer avec les groupes de l'Assemblée nationale qui correspondent à des forces politiques de gouvernement, le degré de coopération auquel ils sont prêts.
Premièrement, s'ils sont prêts à passer des accords de gouvernement, avec ou sans participation, ce qui signifierait des groupes politiques qui s'engageraient dans la durée au côté de la majorité présidentielle et qui souhaiteraient être représentés ou non au gouvernement. Deuxièmement s'ils sont prêts à voter la confiance ou à s'abstenir. Troisièmement s'ils sont prêts à voter le budget ou à s'abstenir. Et puis quel est le positionnement de chacun des groupes sur les principaux textes de loi qui vont jalonner les prochains mois et les éléments qu'ils souhaitent y apporter.
La base de discussion pour ces échanges sera le cadre du projet présidentiel et de celui de la majorité présidentielle qui pourra être amendé ou enrichi.
Il repose sur de grandes priorités que sont l'ambition productive, le travail, la volonté de construire une nation indépendante, l'ambition écologique, la sécurité, la volonté de réinvestir dans la santé et l'école et de les réformer en profondeur. Et également le sérieux, l'esprit de responsabilité sur le plan des finances publiques donc sans augmenter ni les impôts ni la dette mais en produisant davantage et en créant plus de richesse par le travail.
Sur la base de ces échanges et de ces discussions, à mon retour des sommets du G7 et de l'Otan, la Première ministre me soumettra des propositions pour une feuille de route pour le gouvernement de la France sur les prochains mois et les prochaines années, et également pour la composition d'un nouveau gouvernement d'action au service de la France que nous mettrons en place dans les premiers jours du mois de juillet".
Q : Etes-vous confiant, au vu des premières consultations, dans la possibilité de dégager des majorités stables et de pouvoir gouverner sans blocage ?
R : "Ces discussions permettront de voir de manière très claire et explicite si une coalition est possible ou si c'est un gouvernement qui aura une majorité relative à l'Assemblée mais avec des majorités d'idées sur des textes.
Je suis confiant sur le fait que nous pourrons avancer. Le pays a besoin d'un cap, de stabilité parce que nous avons des défis immenses, le contexte de la guerre, des situations économiques et financières mondiales de plus en plus difficiles.
J'ai confiance dans notre capacité collective à y aboutir. J'ai confiance dans la capacité de la Première ministre à les faire émerger. J'ai confiance dans l'esprit de responsabilité des forces de gouvernement.
Tout cela requiert aussi un changement profond de méthode que j'avais commencé à édifier après la présidentielle avec la mise en œuvre du Conseil national de la refondation".
Q : La Première ministre demandera-t-elle un vote de confiance lors de sa déclaration de politique générale ?
R : "Cette question sera tranchée à l'issue de ces consultations, de la feuille de route ainsi déposée et de la composition du nouveau gouvernement qu'elle me proposera.
Elle a ma confiance pour mener ces consultations, bâtir une feuille de route gouvernementale et, conformément à la Constitution, me soumettre des propositions pour la formation d'un nouveau gouvernement d'action au service de la France. La Première ministre a ma confiance pour mener l'action du gouvernement dans la durée pour notre pays".
Q : Comment définissez-vous les partis de gouvernement avec lesquels vous comptez travailler ?
R : "Ce sera des communistes aux LR. Les Français ont accordé une légitimité aux députés RN et LFI et ces partis ont une formation politique. Je ne confonds pas les extrêmes mais par leur expression, leur positionnement - j'ai toujours été clair sur ce sujet -, ces formations ne s'inscrivent pas comme des partis de gouvernement".
Q : Quel sera votre rôle dans cette nouvelle configuration politique ?
R : "Je considère que ma responsabilité et mon rôle sont premièrement d'être fidèle aux engagements que j'ai pris devant les Françaises et les Français au mois d'avril, c'est le mandat qu'ils m'ont donné. Deuxièmement, en tant que garant des institutions, d'être à l'écoute du message qui a été envoyé et traduit dans les urnes aux élections législatives.
Et ainsi d'être dans la volonté de bâtir des compromis constructifs, cohérents avec le projet que j'ai porté et qui a été défendu par la majorité présidentielle".
Q : La réforme des retraites reste-t-elle à l'agenda ?
R : "Cela fait partie de ce que j'ai évoqué quand je parlais du cadre. Les transformations à venir ne seront financées ni par plus d'impôts, ni par plus de dette mais par davantage de travail et de capacité à créer de la richesse dans notre pays. Ceci emporte deux grandes réformes que nous devons conduire dans la concertation, sans totem ni tabou, mais en gardant un cap d'ambition: la réforme vers le plein emploi (…) mais aussi travailler plus longtemps comme le font tous nos voisins en tenant compte des conditions de travail et donc des règles de pénibilité, en prenant en compte les carrières longues, mais en actant que nous ne pouvons pas avoir un des modèles les plus généreux des pays développés en étant l'un de ceux qui a le taux de départ le plus précoce à la retraite".
Q : Vous confirmez donc aussi le lancement du Conseil national de la refondation ?
R : "Ce chantier, qui associera le gouvernement, le Commissariat au Plan, les trois présidents d'Assemblées constitutionnelles que sont l'Assemblée nationale, le Sénat et le CESE (Conseil économique, social et environnemental), les forces politiques des deux chambres de notre Parlement, les forces syndicales, patronales, les représentations des forces associatives et également des élus et les représentants des associations d'élus territoriaux, demeure plus que jamais d'actualité".
X.Blaser--NZN