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Le président turc Recep Tayyip Erdogan vient tenter jeudi à Kiev une médiation entre son allié ukrainien et la Russie, ajoutant sa voix aux intenses efforts déployés par les Européens pour éviter un conflit armé.
En réponse aux dizaines de milliers de militaires massés aux frontières de l'Ukraine, qui font craindre une prochaine invasion, les Etats-Unis ont augmenté la pression sur Moscou, décidant d'envoyer 3.000 soldats américains supplémentaires en Europe de l'Est.
Tout en avertissant de sévères sanctions économiques en cas d'attaque, les Européens multiplient eux les contacts en vue d'une désescalade, avec des visites quasi quotidiennes de dirigeants et hauts diplomates occidentaux à Kiev et des appels à Vladimir Poutine.
Le président français Emmanuel Macron doit s'entretenir jeudi par téléphone avec les dirigeants russe, ukrainien et polonais et envisage une visite à Moscou, tout comme chancelier allemand Olaf Scholz.
Reçu dans l'après-midi par son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, Recep Tayyip Erdogan fait valoir son appartenance à l'Otan et ses bonnes relations avec Kiev pour tenter sa propre médiation à laquelle il espère associer le maître du Kremlin.
"En tant que membre de l'Otan, nous ne voulons pas d'une guerre entre la Russie et l'Ukraine, ce serait de mauvais augure pour la région", a insisté ce weekend le président turc, plaidant pour une "solution pacifique".
Il a renouvelé la semaine dernière ses offres de service, avançant qu'en "réunissant les deux dirigeants dans notre pays, nous pouvons ouvrir la voie au retour de la paix".
Pour l'heure M. Poutine a remercié son homologue turc pour son invitation, mais indiqué qu'il y répondrait "lorsque la pandémie et son agenda le permettront".
- Drones -
L'Ukraine est l'un des dossiers sensibles entre Moscou et Ankara, qui soutient l'adhésion de Kiev à l'Otan et s'est vivement opposé à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, au nom de la protection de sa minorité tatare turcophone.
M. Poutine reproche lui à son homologue turc d'avoir fourni à Kiev des drones armés, utilisés contre les séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine.
Alors que les visiteurs occidentaux se pressent à Kiev pour soutenir le président ukrainien, ce dernier a affirmé mercredi ne vouloir "que la paix", tout en avançant son droit à se défendre contre le risque d'invasion russe.
Les Occidentaux accusent Moscou depuis fin 2021 d'avoir massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières de l'Ukraine en vue d'une potentielle invasion.
La Russie dément toute velléité en ce sens, affirmant vouloir seulement garantir sa sécurité.
Mais elle estime qu'une désescalade n'est possible qu'en garantissant la fin de la politique d'élargissement de l'Otan, notamment à l'Ukraine, et un retrait d'Europe de l'Est de ses capacités militaires.
Washington a rejeté ces exigences, proposant en échange que les rivaux s'engagent à ne pas déployer de moyens militaires offensifs en Ukraine, que Moscou inspecte certaines infrastructures militaires qui l'inquiètent en Europe, et que les deux pays s'accordent sur des mesures de contrôle des armements.
- Risque de millions de déplacés -
Mais faute d'un retrait militaire russe, Washington a annoncé renforcer le flanc oriental de l'Otan en redéployant un millier des soldats d'Allemagne vers la Roumanie, et en envoyant 2.000 autres essentiellement vers la Pologne.
Ces troupes s'ajoutent aux 8.500 militaires placés en état d'alerte fin janvier pour être déployés dans la force de réaction rapide de l'Otan en cas de besoin.
"Ces forces ne vont pas se battre en Ukraine", qui n'appartient pas à l'Otan, a tempéré le porte-parole du ministère américain de la Défense John Kirby, parlant d'un redéploiement temporaire.
Moscou a fustigé une mesure "injustifiée, destructrice, augmentant les tensions militaires".
De leur côté, les autorités ukrainiennes se montrent plus mesurées concernant le risque d'invasion, se disant plus inquiètes du risque de "déstabilisation intérieure" fomentée par la Russie, qui a annexé la Crimée en 2014 et soutient les séparatistes de l'Est.
Selon le Conseil norvégien pour les réfugiés, en cas de nouvelle attaque russe, jusqu'à deux millions de personnes vivant près du front risquent d'être déplacées.
R.Bernasconi--NZN