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Elle s'est illustrée dans l'ombre dans les négociations de l'accord de Paris ou dans la banque et l'assurance : Laurence Boone s'apprête désormais à passer sous les projecteurs après sa nomination comme secrétaire d'État aux Affaires européennes.
Figure de proue parmi les économistes français, l'économiste en chef de l'OCDE depuis 2018 avait été promue secrétaire générale adjointe de l'organisation en janvier.
Jusqu'à octobre 2016, elle avait joué le rôle de sherpa du président François Hollande sur les dossiers européens, assumant le rôle d'une femme de l'ombre qui négocie les accords avec ses homologues européens.
Elle s'était illustrée pour son soutien au maintien de la Grèce dans la zone euro, sa participation au G20 de 2015 ou son travail sur le financement de la COP21.
En avril 2016, après son départ de l'Élysée, elle avait retrouvé son poste au conseil d'administration du groupe de luxe Kering, jusqu'à sa nomination à l'OCDE.
En 2020 en pleine crise sanitaire, elle s'était fait remarquer par Emmanuel Macron lors d'une réunion avec plusieurs économistes pour avoir fait "une présentation très cadrée, respectant le temps qui lui était imparti", contrairement à d'autres qui lui ont succédé par la suite, selon une source à l'Élysée qui a souligné cette qualité chez elle "de ne jamais sortir des clous".
Âgée de 53 ans, Laurence Boone s'est forgée la réputation "d'aller droit au but", souligne-t-on à Bercy.
Elle et Emmanuel Macron se connaissent de longue date.
Elle lui avait succédé à l'Élysée à l'été 2014 au poste de conseiller économique quand il quitta ses fonctions avant d'être nommé ministre de l'Économie.
Tous deux sont passés par une banque d'affaires, M. Macron chez Rothschild et Mme Boone chez l'américaine Bank of America-Merryll Lynch, où elle a dirigé la recherche économique sur l'Europe, après avoir occupé un poste similaire au sein de la banque Barclays.
– Style "moins bourgeois" que Lagarde –
Avec son expérience internationale et sa parfaite maîtrise de l'anglais, acquise à Londres lors de son doctorat à la London Business School, elle fait penser à Christine Lagarde, l'actuelle présidente de la BCE, "mais dans un style moins bourgeois", commente une source.
Pendant le confinement, elle a fait de premières apparitions sous les projecteurs pour parler de la crise. Elle fut l'invitée de l'émission de grande écoute Quotidien de Yann Barthes sur TMC, à l'image d'une autre cheffe économiste, celle du FMI Gita Gopinath, qui s'est offert le plateau de Jimmy Fallon aux États-Unis.
Laurence Boone fait partie de la vague féminine qui a déferlé sur les institutions économiques ces dernières années, avec notamment la nomination de Mme Lagarde à la tête de la BCE, après celle du FMI.
"C'est un progrès que des femmes soient nommées aux postes de chefs économistes de grandes organisations internationales ou nationales", avait-elle affirmé lors de sa nomination à l'OCDE.
Mais l'an dernier, elle a déclaré à l'AFP que les économistes de sexe masculin ont publié "deux à trois fois plus" d'articles scientifiques pendant la pandémie, montrant qu'il y a "encore beaucoup d'efforts à faire pour favoriser l'égalité homme-femme".
Dès sa prise de fonction à l'OCDE, elle a multiplié les appels aux gouvernements à éviter une escalade dans la guerre commerciale face aux risques de pénaliser une croissance qui menaçait de ralentir si les États-Unis, la Chine ou encore l'UE imposaient de fortes taxes douanières sur les importations.
Elle a aussi incité à plusieurs reprises les pays européens ayant de la marge budgétaire à investir davantage dans les infrastructures. Le mois dernier, elle a averti en introduction aux dernières prévisions économiques de l'OCDE que "le monde paiera un lourd prix à la guerre russe contre l'Ukraine".
Laurence Boone est mère de deux enfants.
A.Senn--NZN