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La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques 2022 a débuté vendredi à 20h00 locales (13h00 françaises) et va permettre à Pékin d'entrer dans l'histoire olympique en devenant la première ville à avoir organisé les Jeux d'été et d'hiver, dans un contexte lourd, entre Covid, tensions diplomatiques et polémiques.
Organisée au stade national de Pékin, surnommé le "Nid d'Oiseau" et construit spécialement pour les JO d'été de 2008, cette cérémonie va durer un peu moins de deux heures avec vers 21h25 locales l'ouverture officielle par le président chinois Xi Jinping, avant que le dernier, ou les derniers, porteur(s) de la flamme olympique n'embrase(nt) vers 21h47 la vasque, symbole pendant quinze jours de ces 24e Jeux d'hiver.
Comme il y a quatorze ans, le spectacle a été conçu par le réalisateur chinois Zhang Yimou, auteur en 2008 d'une époustouflante célébration patriotique et colorée, mettant en scène 14.000 figurants, danseurs et acrobates, sous une profusion de feu d'artifices et d'effets spéciaux.
Sans surprise, Zhang Yimou a promis un spectacle "totalement novateur", tout en reconnaissant qu'il a dû tenir compte des températures hivernales (-6°C annoncés) et de la menace épidémique pour concevoir sa cérémonie qui devrait réunir cette fois "seulement" 3.000 artistes, dont une très grande majorité d'adolescents.
Comme le veut la tradition, les JO-2022 ne débuteront officiellement qu'une fois que Xi Jinping les aura déclarés "ouverts" selon la formule consacrée, peu après le défilé des 91 délégations.
Mais pour le reste, le scénario de la cérémonie a été protégé jusqu'au dernier moment comme un secret d'Etat.
- "Simple, sûr et splendide" -
"La période est différente. Notre concept, c'est simple, sûr et splendide", a simplement dévoilé Zhang Yimou en amont de la cérémonie.
Car le Covid-19 est passé par là. Pour cause de pandémie, ces deuxièmes JO sous Covid, après ceux de Tokyo l'été dernier, auront du mal à être une fête.
Les sportifs sont confinés dans une bulle sanitaire et soumis à des dépistages quotidiens. Comme Pékin observe une stratégie zéro Covid, aucun contact n'est autorisé avec la population et si les tribunes des sites de compétition seront partiellement remplies, elles le seront par des "invités", qui doivent observer les distanciations sociales.
Parmi les spectateurs de la cérémonie d'ouverture boycottée par plusieurs pays occidentaux, Etats-Unis en tête, afin de dénoncer des violations des droits humains en Chine, une vingtaine de dirigeants mondiaux, dont le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et Vladimir Poutine.
Le président russe, arrivé dans la capitale chinoise à la mi-journée, a rencontré Xi Jinping, son "ami", pour un sommet où les deux dirigeants ont fustigé à l'unisson l'influence américaine "négative" pour la paix et dénoncé le rôle des alliances militaires occidentales en Europe comme en Asie, les jugeant déstabilisatrices.
Vladimir Poutine et la Russie sont au centre de l'attention internationale. Le Kremlin est accusé par les Occidentaux de vouloir déclencher une invasion de l'Ukraine, pointant les quelque 100.000 militaires russes déployés depuis des semaines à la frontière de son voisin pro-occidental.
- Températures polaires -
A des milliers de kilomètres de Pékin, à Lausanne, un demi-millier de Tibétains ont manifesté jeudi devant le siège du Comité international olympique (CIO) pour dénoncer les "Jeux de la honte".
Un militant prodémocratie de Hong Kong a été interpellé vendredi pour "incitation à la subversion" avant une manifestation programmée contre la tenue des JO, mais la mobilisation pour la défense des droits humains et des Ouïghours est loin d'avoir une dimension mondiale, contrairement à ce qu'il s'était passé en 2008.
Autre polémique, celle sur l'impact environnemental de ces Jeux qui se déroulent dans un climat semi-aride, sur des pistes enneigées artificiellement dans des stations de ski surdimensionnées pour l'occasion.
Les quelque 2.900 sportifs en lice, qui convoitent un total de 109 titres olympiques, doivent eux composer avec des conditions météo éprouvantes avec, par exemple pour le deuxième entraînement de la descente hommes à Yanqing, de fortes rafales de vent et des températures polaires (entre -36 et -28 degrés en ressenti au sommet de la piste).
Si la plupart sont focalisés sur leurs ambitions sportives et une participation, souvent unique dans une carrière, aux JO, d'autres, comme le Britannique Gus Kenworthy, digèrent mal de se retrouver Chine.
"Je ne pense pas qu'un pays devrait être autorisé à accueillir les Jeux s'il a des positions épouvantables en matière de droits de l'homme", a regretté le vice-champion olympique 2014 de ski slopestyle.
Les Pékinois affichent, eux, à défaut de ferveur un mélange d'empressement et de fierté: "Je suis tellement heureuse, je suis tellement impatiente", sourit Yin Alping, une retraitée de 66 ans qui a patienté pendant trois heures et demie dans le froid pour pouvoir acheter des mascottes olympiques.
"Notre pays est fort, un tel événement sportif ne peut pas être organisé par n'importe quel pays", s'enflamme Jia Qingshan, un autre sexagénaire.
R.Schmid--NZN