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Emmanuel Macron est arrivé lundi à Moscou pour y rencontrer Vladimir Poutine, ouvrant une nouvelle semaine diplomatique chargée destinée à avancer vers une désescalade dans la crise russo-occidentale autour de l'Ukraine.
Des dizaines de milliers de soldats russes campent toujours aux frontières de leur voisin pro-occidental, laissant craindre une nouvelle invasion. La Russie réclame encore et toujours que l'Otan quitte son voisinage comme garantie de sa sécurité en vue d'un apaisement.
Le président français sera le premier dirigeant occidental de premier plan à rencontrer le président russe depuis l'accroissement des tensions en décembre. Le lendemain, il ira à Kiev voir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a jugé "très importante" la visite du président français.
"Macron a dit à Poutine qu'il venait avec des idées dans la quête d'une détente", s'est-il félicité avant de juger la situation "trop complexe pour s'attendre à des percées décisives après une seule rencontre".
Le président français s'est dit "lucide et déterminé" dans l'avion qui le conduisait à Moscou, jugeant lui aussi qu'à court terme, il n'y aura pas de solution. Dès lors, il s'agit "de réduire le champ des ambiguïtés pour voir où sont les points de désaccord et les points de convergence possibles".
Il a réaffirmé la position commune des Occidentaux, à savoir leur refus de mettre fin à la politique de porte ouverte de l'Otan, comme le réclame Moscou, qui veut des garanties que l'Ukraine ou d'autres de ses voisins ne rejoindront jamais l'Alliance.
"Nous avons à construire les termes d'une équation qui rend possible la désescalade sur le plan militaire", a constaté M. Macron. 125.000 soldats sont, selon lui, déployés aux frontières de la Russie et du Bélarus avec l’Ukraine.
- Sécurité russe "légitime" -
Américains et Européens proposent des discussions sur les inquiétudes de la Russie en matière de sécurité sans céder sur les points clés, militant pour des gestes de confiance comme des visites réciproques de sites militaires, ou encore des mesures de désarmement. Des propositions jugées "positives" mais "secondaires" par Moscou.
L'Ukraine, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, a fixé ses propres lignes rouges : "Pas de concessions sur l'intégrité territoriale" et "un retrait durable des forces russes de la frontière ukrainienne et des territoires occupés".
"Il ne faut jamais faire de compromis sur la question ukrainienne sans les Ukrainiens", a souligné M. Macron, tout en se disant "frappé du sang froid qu'a eu le président Zelensky ces dernières semaines".
La Russie a déjà annexé une partie de l'Ukraine en 2014, la péninsule de Crimée, après une révolution pro-occidentale à Kiev. Depuis la même année, des séparatistes pro-russes, soutenus par Moscou, sont aussi en guerre avec l'armée ukrainienne dans l'est du pays.
Un processus de paix, sous médiation franco-allemande, a permis de geler le front, mais le règlement politique est paralysé. M. Macron veut le relancer.
- Pas d'apocalypse -
Afin de coordonner la position occidentale, le président français s'est entretenu avec Joe Biden, le Premier ministre britannique Boris Johnson, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg et les dirigeants des trois pays baltes.
De son côté, l'Allemand Olaf Scholz, accusé de tiédeur dans son soutien à l'Ukraine, rencontrera lundi à Washington le président américain.
Les ministres britanniques des Affaires étrangères et de la Défense doivent se rendre quant à eux à Moscou cette semaine.
Pour leur part, les Etats-Unis continuent d'envoyer des renforts militaires en Europe.
Le renseignement américain a estimé que la Russie avait déjà 70% du dispositif nécessaire à une invasion à grande échelle de l'Ukraine.
D'autant que Moscou est en train de déployer un nombre indéterminé d'hommes, de blindés et d'avions au Bélarus, allié de la Russie et voisin de l'Ukraine, pour d'importants exercices militaires.
Se plaçant une fois encore en porte-à-faux avec l'urgence martelée par Washington, le chef de la diplomatie ukrainienne a appelé à ne pas écouter les prédictions "apocalyptiques", tout en se félicitant d'avoir une "armée puissante" et "un soutien international sans précédent".
L'Allemagne a elle annoncé lundi l'envoi de 350 soldats supplémentaires en Lituanie dans le cadre d'une opération de l'Otan.
F.Schneider--NZN