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L'Ukraine a été visée par de nombreux bombardements russes mercredi, le jour de sa fête nationale et six mois exactement après le début de l'invasion, dont une salve qui a atteint une gare ferroviaire et fait au moins 25 morts, a annoncé Kiev jeudi.
"Le nombre de bombardements sur les villes et villages a augmenté. Au cours des dernières 24 heures, la police en a recensé 58, largement plus que ce que nous voyons d'habitude", a déclaré Evhen Enin, vice-ministre ukrainien de l'Intérieur, sur Telegram.
Selon les médias locaux, neuf régions ukrainiennes ont été bombardées mercredi, et 189 sirènes d'alerte ont retenti au total à travers le pays, un record depuis le début de la guerre le 24 février.
Les bombardements ont notamment visé quatre districts de la région de Dnipropetrovsk (centre), selon son gouverneur Valentin Reznitchenko, qui a évoqué sur Telegram "une nuit très difficile" avec des annonces d'attaques et de victimes "en permanence".
Plusieurs missiles ont notamment frappé la gare ferroviaire et des habitations de Tchapliné, un village de près de 3.000 habitants, faisant "25 morts, dont deux enfants, et 32 blessés" selon un dernier bilan fourni jeudi matin sur Telegram par l'opérateur des trains ukrainiens.
Les opérations de recherche des survivants se poursuivaient jeudi matin, selon le gouverneur Reznitchenko.
Le bombardement meurtrier sur Tchapliné a été annoncé mercredi soir par le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un discours devant le Conseil de sécurité de l'ONU, en faisant état d'un premier bilan de 22 morts. Dont "cinq personnes qui ont brûlé dans un wagon" et "un adolescent" de 11 ans tué par "une roquette russe qui a détruit sa maison".
"Nous allons faire en sorte que les agresseurs paient pour tout ce qu'ils ont fait. Et nous allons les chasser de notre terre", a-t-il ajouté.
Selon les autorités ukrainiennes locales, les frappes russes de mercredi ont visé des régions diverses, de Khmelnytsky, dans l'ouest du pays, éloigné du front, à Mykolaïv (sud), l'une des villes les plus bombardées depuis le début de la guerre, où elles ont notamment ciblé des infrastructures portuaires, en passant par Kharkiv (nord-est) et Donetsk (est).
- Armes à sous-munitions -
Les combats et bombardements en Ukraine ont connu une baisse d'intensité depuis début juillet.
Depuis le retrait des forces russes des environs de Kiev fin mars, l'essentiel des combats s'est concentré dans l'est, où Moscou a lentement gagné du terrain avant que le front ne se fige, et dans le sud, où les troupes ukrainiennes disent mener une contre-offensive, également très lente.
La Russie continue cependant de régulièrement viser d'autres régions avec des missiles de longue portée, même si Kiev et ses environs sont rarement touchés.
La Russie a massivement utilisé des armes à sous-munitions en Ukraine, causant des centaines de victimes civiles et endommageant des habitations, des écoles et des hôpitaux, a déclaré jeudi un organisme de surveillance, l'Observatoire des armes à sous-munitions (Cluster Munition Coalition, CMC) dans son rapport annuel.
"Aujourd'hui marque un jalon triste et tragique", avait estimé mercredi le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres à propos de la date anniversaire du déclenchement des combats, qui ont fait des dizaines de milliers de morts et de blessés.
Déplorant les conséquences de cette "guerre absurde bien au-delà de l'Ukraine", il a réitéré sa "profonde inquiétude" concernant les activités militaires sur le site de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par les forces russes depuis début mars.
La centrale, la plus grande d'Europe, a subi des frappes dont les deux belligérants s'accusent mutuellement. "Toute nouvelle escalade de la situation pourrait conduire à l'autodestruction", a-t-il averti.
Les directeurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, et de l'agence atomique russe Rosatom, Alexeï Likhatchev, se sont rencontrés à Istanbul (Turquie) pour discuter d'une inspection des installations.
La Russie doit cesser son "chantage nucléaire et simplement se retirer de la centrale", a quant à lui martelé M. Zelensky devant le Conseil de sécurité. "La mission de l'AIEA doit dès que possible prendre le contrôle permanent de la situation" à Zaporijjia.
- Sobres hommages -
Manifestation symbolique du soutien occidental, le Premier ministre britannique Boris Johnson a effectué mercredi une visite-surprise à Kiev. "Il y a une forte volonté des Ukrainiens de résister. Et c'est ce que (le président russe Vladimir) Poutine n'a pas compris", a-t-il estimé.
Après un semestre de guerre, l'anniversaire de l'indépendance acquise en 1991 vis-à-vis de l'URSS n'a pas donné lieu à des festivités, même si la diaspora ukrainienne a organisé de nombreux rassemblements à travers le monde (France, Pologne, Israël...).
Volodymyr Zelensky et son épouse ont rendu hommage aux soldats ukrainiens tués en observant une minute de silence et en déposant des bouquets jaune et bleu - couleurs du drapeau national - devant un mémorial du centre de Kiev, avant d'assister à un rassemblement dans la cathédrale Sainte Sophie avec les chefs des principales confessions religieuses.
L'Ukraine avait reconnu lundi la mort de près de 9.000 soldats depuis le début du conflit - un bilan probablement inférieur à la réalité, selon les observateurs. Côté russe, près de 80.000 soldats auraient été tués ou blessés depuis le début de l'invasion, avait estimé début août le numéro trois du Pentagone américain.
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T.Gerber--NZN