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Place aux décisions concrètes: après les sombres avertissements d'Emmanuel Macron sur de prochains mois difficiles, Elisabeth Borne a annoncé samedi de premières mesures pour répondre aux crises énergétique et climatique, donnant le ton de la semaine qui s'ouvre.
L'exécutif marche sur des œufs après un été tourmenté par les canicules et la flambée des prix générée par la guerre en Ukraine qui se prolonge.
Au premier Conseil des ministres de rentrée mercredi, le chef de l'Etat a planté le décor en adoptant un ton sombre qui tranchait avec l'optimisme cultivé depuis son arrivée à l'Elysée en 2017.
Face à la "série de crises graves" - du conflit en Ukraine au dérèglement climatique - il a évoqué "la fin de l'abondance" et "la fin de l'insouciance" qui vont rendre nécessaires "des efforts", voire "des sacrifices". C'est "la crise la plus grave que la France ait connue depuis la guerre", a renchéri son allié du MoDem François Bayrou.
"Il ne s’agit pas de promettre du sang et des larmes, mais c'est important que chacun soit conscient de la gravité du moment", a abondé Elisabeth Borne samedi dans le Parisien.
- Fonds vert -
Désireux d'afficher un exécutif à la manoeuvre, la Première ministre a présenté de premières mesures samedi, dont le déblocage d'un "fonds vert" doté d'1,5 milliard d'euros destiné aux collectivités locales pour "les aider dans l’accélération de leur transition écologique".
La cheffe du gouvernement a également promis que l'exécutif allait amortir "les hausses" des prix de l'énergie après la fin du bouclier tarifaire en décembre, grâce à des "dispositions spécifiques" pour les "plus fragiles".
"Je dis précisément que ce qui se passera en France n'est pas ce qui se passe en Angleterre où le prix de l'énergie augmente d'un seul coup de 80 %", a insisté dimanche le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
Avant un discours attendu devant le Medef lundi, Mme Borne a menacé les entreprises de taxer leurs "super profits" tout en les incitant à surtout baisser les prix ou à donner du pouvoir d'achat à leurs salariés, en utilisant à plein, par exemple, le triplement des primes défiscalisées (dites "primes Macron") qu'elles peuvent verser à leurs employés.
Le message est de dire "si vous ne tenez pas votre rôle au service du pouvoir d'achat des Français et des salariés, l'État prendra ses responsabilités", a fait valoir M. Véran.
Poussée par la gauche, qui envisage d'organiser un référendum d'initiative partagée sur la question, cette taxation des "super profits" fait débat au sein de la majorité, les députés MoDem plaidant pour une "réflexion" à l'automne.
Sur la nécessité de réguler ou non le recours aux jets privés, Mme Borne a affirmé sans plus de détails que leurs propriétaires devraient "comme tout le monde, participer à la réduction des gaz à effet de serre", jugeant "indispensable" que les "plus favorisés" donnent l'exemple.
- "Trop timide" -
Ces dossiers seront également au menu du séminaire de rentrée qui rassemblera mercredi l'ensemble des ministres à l'Elysée.
Sur ce sujet comme sur d'autres, alors qu'il ne dispose pas de majorité absolue à l'Assemblée, Emmanuel Macron espère bâtir un consensus en lançant le 8 septembre le Conseil national de la refondation, une instance déjà controversée qui doit réunir élus, acteurs de terrain, société civile.
Mais les oppositions, qui ont effectué leur rentrée ce week-end, doutent de sa capacité à relever ces défis alors que son bilan environnemental est jugé très insuffisant.
"Tout ce qu’il propose est trop timide", dénonce l'écologiste Julien Bayou.
Depuis la Drôme dimanche, le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon a fustigé le pessisme de M. Macron. "Nous ne partagons pas cette méthode lamentable qui consiste à jouer sur la peur, car la peur tétanise, durcit les coeurs, ferme les esprits et face aux défis c'est le contraire qu'il faut faire", a-t-il lancé.
De son côté, la droite s'alarme de l'aggravation de l'état des finances publiques tandis que le Rassemblement national donne la priorité à la défense du pouvoir d'achat.
Dans ce contexte, Élisabeth Borne n'a pas exclu le recours à l'article 49-3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote, pour le budget à l'automne, car "les Français ne nous ont pas demandé l'immobilisme".
A.Ferraro--NZN