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L'introduction lundi du vaccin contre le paludisme dans la vaccination de routine dans un premier pays africain, le Cameroun, marque un "tournant" dans la lutte contre cette maladie, affirme à l'AFP Aurélia Nguyen, directrice des programmes de Gavi, l'Alliance du Vaccin.
Le paludisme est une maladie transmise à l'être humain par les piqûres de certains types de moustiques et qui tue plus de 600.000 personnes chaque année, principalement en Afrique, selon l'Organisation mondiale de la santé.
-Q: Pourquoi cette journée est-elle si particulière pour l'Afrique?
R: "C'est un jour un peu historique. Jusqu'à maintenant on avait fait des introductions pilotes à petite échelle dans 3 pays - le Kenya, le Ghana et le Malawi - pour comprendre comment utiliser le vaccin. Là au Cameroun on passe directement à une introduction de routine.
C'est vraiment un tournant. Ça fait très longtemps qu'on travaille sur le vaccin contre le paludisme. Ça a mis 30 ans. C'est une maladie qui est très difficile parce qu'elle est transmise par un parasite avec un cycle de vie qui est très compliqué. On a un outil qui va pouvoir nous être utile, qui a une efficacité qui a été démontrée, qu'il a une sûreté : c'est un outil complémentaire important.
Il y a eu beaucoup de progrès dans la lutte contre le paludisme mais on était arrivé à un moment où ce progrès ralentissait. Dans certains pays, les cas, les hospitalisations et les décès commencent à remonter. Les causes sont variées: le réchauffement climatique, les déplacements de populations.
-Q: Pourquoi le Cameroun et quid des autres pays africains ?
R: "On a d'abord décidé de se concentrer là où le besoin était le plus élevé. Le Cameroun est un des pays où il y a une incidence de la maladie qui est assez forte. Donc on s'est orienté vers le Cameroun parce que c'est vraiment là où le vaccin va avoir un impact positif et on se concentre surtout sur les zones géographiques où l'incidence est la plus élevée.
Au Cameroun 30% des consultations sont liées au paludisme. Avoir un outil préventif comme le vaccin va permettre de libérer le système de santé, d'avoir moins d'hospitalisations et de décès.
Et on travaille pour commencer à mettre le vaccin en place dans le plus de pays possible. Trente pays ont démontré un intérêt. On travaille vraiment pour mettre le vaccin en place le plus rapidement possible.
On espère que dans les deux ans à venir on va avoir une mise en place assez large. On se concentre d'abord sur les zones les plus à risque et puis petit à petit on va pouvoir étendre selon ce que les pays veulent faire. D'autres pays ont déjà eu des doses et sont en train de faire cette phase de mise en place, de préparation, d'entraînement, par exemple le Burkina Faso, le Sénégal".
-Q: Est-ce que le vaccin intéresse d'autres continents ?
R: "C'est une maladie qui est transmise par un moustique et on voit que les zones géographiques où ce moustiques prolifèrent augmentent. On voit que la portée du moustique est de plus en plus large. Donc on en voit en Inde, on en voit dans le sud de l'Europe, ailleurs en Asie ou en Amérique latine, et c'est là que d'autres pays pourraient avoir un intérêt.
On est en train de commencer un petit peu ces discussions-là et si ce sont des pays qui sont éligibles pour l'appui Gavi, ils auraient le droit au même programme qu'on est en train de faire en Afrique".
A.Weber--NZN