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Dix jours après la levée des blocages, Gabriel Attal retrouve mardi à Matignon les représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), qui maintiennent la pression sur l'exécutif à moins de deux semaines du Salon de l'agriculture.
Le Premier ministre recevra les dirigeants syndicaux mardi à 16h30, selon Matignon, en compagnie du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau et de la nouvelle ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher.
De son côté, Emmanuel Macron recevra la Coordination rurale et la Confédération paysanne mercredi, avant la FNSEA et les Jeunes agriculteurs "la semaines prochaine". Comme avant chaque Salon de l'agriculture, a précisé l'Elysée.
Mais le contexte est bien particulier cette année.
Après deux semaines de blocages et d'actions parfois tumultueuses, les manifestants ont certes levé le camp début février après trois salves d'annonces du gouvernement. Mais les syndicats n'entendent pas baisser la pression sur des sujets aussi sensibles que les jachères, la simplification administrative, l'utilisation des pesticides ou encore l'élevage.
Arnaud Rousseau, président du syndicat majoritaire FNSEA, a encore prévenu mardi sur TF1 que les agriculteurs étaient "prêts à repartir à l'action" si les mesures concrètes attendues du gouvernement n'étaient pas au rendez-vous d'ici le Salon qui s'ouvre le 24 février porte de Versailles. "On veut voir ce qui change dans nos fermes (...) Quand le gouvernement nous dit on va travailler sur un grand plan élevage d'ici le salon et qu'à 15 jours, on n'a pas de nouvelles..."
Il a prévenu que la qualité de l'accueil du président de la République en dépendrait.
Menace qui n'a pas échappé à l'opposition: Emmanuel Macron "a peur de faire un mauvais salon, il reçoit (les agriculteurs, ndlr) à toute vitesse", a dénoncé le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, sur BFMTV et RMC, accusant l'exécutif d'avoir "menti" pour calmer la colère.
Gabriel Attal a assuré dimanche que le dossier agricole figure parmi les "urgences" qu'il entend régler au printemps, avant "un été de progrès sociaux" et "un automne de travail".
"Tous les ministères sont au travail", a affirmé mardi le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur franceinfo. "Certains sujets remontent à 10, 20 ou 30 ans. Je comprends une impatience qui exprime la souffrance des agriculteurs (...) Mais il ne faut pas confondre vitesse et précipitation".
Nommé à Matignon le 9 janvier, M. Attal a dû gérer cette crise d'emblée, alors même que l'ensemble de son gouvernement n'était pas constitué. Cette première épreuve a allongé la séquence du remaniement qui a duré un mois.
- Texte fin février ? -
Outre les rendez-vous de Matignon, les deux ministres chargés de l'Agriculture "verront dans la semaine chacune des organisations syndicales", notamment pour évoquer le projet de loi sur le renouvellement des générations, a-t-on précisé lundi au cabinet de Marc Fesneau.
Ce texte, reporté pour être enrichi selon le gouvernement, devrait être présenté en Conseil des ministres "à la fin du mois de février" pour un vote "d'ici" juin, a-t-on précisé de même source.
Au ministère de l'Agriculture, on assure que les annonces de Gabriel Attal — avec des mesures d'urgence chiffrées à 400 millions d'euros par Bercy — ont commencé à être déclinées concrètement, évoquant par exemple l'ouverture depuis le 5 février des dispositifs d'indemnisation pour les éleveurs.
Sur le plan local, des réunions "ont eu lieu dans toutes les préfectures de département" pour "regarder les arrêtés locaux" et "faire remonter les propositions de simplification" administrative.
Parmi les sujets sensibles, tant pour les agriculteurs que les défenseurs de l'environnement, figure aussi le suivi des usages de pesticides, remis sur la table lundi.
Huit ONG environnementales ont annoncé avoir quitté une réunion du Comité d'orientation stratégique et de suivi (Cos) du plan Ecophyto, qui s'est tenue au ministère de l'Agriculture, avec le gouvernement, des élus et des représentants des agriculteurs et de l'industrie.
Ce plan, qui vise une réduction de moitié de l'utilisation des pesticides d'ici 2030 (par rapport à 2015-2017), a été suspendu par Gabriel Attal "le temps de mettre en place un nouvel indicateur" qui remplacerait le Nodu, principal outil de mesure français. Une décision qui a satisfait les syndicats agricoles majoritaires et consterné les associations environnementales.
Autre question délicate, les jachères. La Commission européenne a adopté mardi pour 2024 une exemption partielle aux obligations de jachères prévues par la Politique agricole commune (PAC), une revendication-clé des récentes manifestations agricoles en France et ailleurs en Europe.
G.Kuhn--NZN