Zürcher Nachrichten - Le choléra à Mayotte, récit d'une faute collective

EUR -
AED 3.831008
AFN 72.9273
ALL 98.419365
AMD 410.272296
ANG 1.872217
AOA 957.497491
ARS 1061.69363
AUD 1.666436
AWG 1.877446
AZN 1.766157
BAM 1.955191
BBD 2.097547
BDT 124.141359
BGN 1.954564
BHD 0.391978
BIF 3071.343992
BMD 1.043025
BND 1.410861
BOB 7.178765
BRL 6.347867
BSD 1.038877
BTN 88.318509
BWP 14.358531
BYN 3.399742
BYR 20443.296678
BZD 2.08825
CAD 1.497941
CDF 2993.482519
CHF 0.932344
CLF 0.037343
CLP 1030.409268
CNY 7.610327
CNH 7.604124
COP 4547.284581
CRC 524.136854
CUC 1.043025
CUP 27.640172
CVE 110.230689
CZK 25.128878
DJF 184.992418
DKK 7.459296
DOP 63.260309
DZD 140.605234
EGP 53.07248
ERN 15.64538
ETB 129.499591
FJD 2.416742
FKP 0.826057
GBP 0.829268
GEL 2.930614
GGP 0.826057
GHS 15.271247
GIP 0.826057
GMD 75.098129
GNF 8975.206315
GTQ 8.004508
GYD 217.342349
HKD 8.11093
HNL 26.370792
HRK 7.481523
HTG 135.907696
HUF 413.964244
IDR 16867.075692
ILS 3.805968
IMP 0.826057
INR 88.607612
IQD 1360.876404
IRR 43898.321706
ISK 145.106091
JEP 0.826057
JMD 162.539407
JOD 0.739607
JPY 163.153207
KES 134.118253
KGS 90.743478
KHR 4174.700554
KMF 486.180213
KPW 938.722223
KRW 1508.652523
KWD 0.3212
KYD 0.865731
KZT 545.580179
LAK 22737.922437
LBP 93028.043448
LKR 305.005062
LRD 188.55131
LSL 19.125747
LTL 3.079783
LVL 0.630915
LYD 5.104411
MAD 10.455446
MDL 19.135044
MGA 4901.474333
MKD 61.515852
MMK 3387.705621
MNT 3544.199972
MOP 8.316611
MRU 41.31514
MUR 49.225715
MVR 16.064848
MWK 1801.339303
MXN 20.937863
MYR 4.702006
MZN 66.653209
NAD 19.125747
NGN 1616.209432
NIO 38.228101
NOK 11.812523
NPR 141.310015
NZD 1.84523
OMR 0.401355
PAB 1.038877
PEN 3.868396
PGK 4.212689
PHP 61.402621
PKR 289.160894
PLN 4.262349
PYG 8100.478589
QAR 3.787121
RON 4.976902
RSD 116.994099
RUB 107.216627
RWF 1448.149239
SAR 3.917924
SBD 8.74426
SCR 14.545033
SDG 627.378049
SEK 11.510661
SGD 1.414236
SHP 0.826057
SLE 23.850842
SLL 21871.723041
SOS 593.715196
SRD 36.642529
STD 21588.518693
SVC 9.090171
SYP 2620.632713
SZL 19.121048
THB 35.692277
TJS 11.364862
TMT 3.661019
TND 3.31027
TOP 2.442868
TRY 36.68318
TTD 7.050805
TWD 34.034928
TZS 2467.232032
UAH 43.568738
UGX 3810.81382
USD 1.043025
UYU 46.335577
UZS 13393.830944
VES 53.689991
VND 26550.210048
VUV 123.830057
WST 2.881657
XAF 655.752886
XAG 0.03535
XAU 0.000398
XCD 2.818828
XDR 0.792453
XOF 655.752886
XPF 119.331742
YER 261.1475
ZAR 19.110344
ZMK 9388.488165
ZMW 28.750051
ZWL 335.853734
  • AEX

    -3.4300

    875.44

    -0.39%

  • BEL20

    9.6700

    4214.22

    +0.23%

  • PX1

    -19.6900

    7274.48

    -0.27%

  • ISEQ

    -17.4700

    9685.54

    -0.18%

  • OSEBX

    -5.4800

    1400.54

    -0.39%

  • PSI20

    -14.4700

    6276.75

    -0.23%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    14.8900

    3053.27

    +0.49%

  • N150

    3.2200

    3227.17

    +0.1%

Le choléra à Mayotte, récit d'une faute collective
Le choléra à Mayotte, récit d'une faute collective / Photo: Ali AL-DAHER - AFP/Archives

Le choléra à Mayotte, récit d'une faute collective

L'épidémie de choléra à Mayotte aurait-elle pu être évitée ? Probablement, si certains bidonvilles avaient bénéficié d'une eau saine. Mais le sujet se heurte de longue date au manque d'action des pouvoirs publics, confrontés à la vive mobilisation anti-migrants d'une part de la population.

Taille du texte:

"Nous voici face à la survenue d'une épidémie de choléra, un évènement jamais vu en France depuis le 19e siècle", souligne l'infectiologue Renaud Piarroux, référence sur cette maladie, dans un rapport commandé par les autorités sanitaires locales, mais resté confidentiel.

Ce document, consulté par l'AFP après avoir été révélé par l'Express, est sans ambiguïté sur les ressorts de l'épidémie qui a frappé une grosse centaine de personnes et en a tué deux dans cet archipel de l'océan Indien d'environ 320.000 habitants.

"La priorité est de garantir un accès minimum à l'eau potable et à des installations sanitaires adéquates dans les bidonvilles et autres zones vulnérables", conclut ce rapport, soulignant la situation souvent catastrophique en la matière dans ce département le plus pauvre de France et, en conséquence, l'absurdité de certaines recommandations.

"Quel sens donner à un message exhortant la population à se laver les mains fréquemment, si la seule ressource est une eau souillée ?", se demande M. Piarroux.

La bactérie à l'origine du choléra, Vibrio cholerae, se transmet en effet très largement par les eaux usées. Et, pour nombre d'habitants des bidonvilles de Mayotte, il n'y a guère d'autre choix pour boire ou se laver.

Un regard au quartier Kirson, dans la commune de Koungou, illustre cette situation. C'est là que l'épidémie a connu son principal foyer, depuis en voie de résorption, et qu'est décédée une fillette de trois ans début mai.

Ce bidonville, qui héberge environ 5.000 personnes, est séparé en deux par une rivière qui sert à tous les usages. Une borne-fontaine est installée à l'entrée du quartier mais la plupart des habitants en sont trop éloignés pour y faire leurs réserves.

Certes, les équipes de l'Agence régionale de santé (ARS), bras armé sur place du ministère de la Santé, ont finalement mis en place en avril une rampe d'eau, une installation gratuite et plus proche des habitants. Mais l'épidémie, qui frappe plus largement cette région du monde et a été importée des Comores voisines, était déjà bien là.

"Si ça n'a pas été fait avant, c'est par manque de volonté politique", estime le membre d'une ONG souhaitant rester anonyme.

- Installations vandalisées -

Car pour la préfecture, qui représente l'Etat, comme pour les élus locaux, le sujet est particulièrement sensible, alors que le département subit depuis des décennies une crise de l'eau qui s'est aggravée l'an dernier.

Faute d'infrastructures suffisantes pour couvrir les besoins, les habitants ont été privés d’eau deux jours sur trois de fin août à mi-février. A l'heure actuelle, ils le restent un tiers du temps.

Dans ce contexte, auquel s'ajoute une immigration massive et clandestine depuis les Comores, nombre d'habitants s'opposent, verbalement et physiquement, à la mise en place de points d'eau dans les bidonvilles.

Des "collectifs de citoyens" ont régulièrement résisté à de telles installations, exprimant à la fois leur crainte de gaspiller de l'eau et d'inciter l'immigration.

Dans les faits, quand les autorités installent un point d'eau, il est souvent vandalisé. C'est le cas dans le quartier de Cavani, à Mamoudzou, où sont rassemblés de nombreux migrants africains et où le choléra a fait fin mai une seconde victime, une femme d'une soixantaine d'années.

Inutilisable, un point d'eau n'a pu être réparé car "les agents ont subi des menaces et (des) manifestants ne les ont pas laissé faire", explique à l'AFP Anthony Bulteau, délégué de l'ONG Solidarités International.

Les collectifs de citoyens ont-ils changé d'avis au vu de la crise sanitaire ? Certains représentants assurent avoir évolué.

- La crainte de contrôles -

L'opposition à l'installation de points d'eau "était un positionnement légitime quand il y avait 48 heures de coupures d'eau et que les rampes d'eau coulaient en continu: nous, on subissait les coupures et on devait payer une facture astronomique", explique à l'AFP Yasmina Aouny, porte-parole des "Forces vives".

Mais face à l'épidémie, son collectif "a exprimé son inquiétude et revoit son positionnement", dit-elle.

De même, les autorités assurent avoir pris la mesure du problème. Sollicitées par l'AFP, la préfecture et l'ARS ont expliqué de concert qu'un "plan d'action" devait aboutir "dès le mois de juin" à l'installation de nouveaux points d'eau. Il prévoit aussi de réparer les installations abîmées.

Reste qu'il est difficile de concilier ces enjeux de santé publique et la priorité affichée par le gouvernement de lutter contre l'immigration clandestine, qui a déjà donné lieu à une médiatique opération "place nette" en avril.

Les ONG dénoncent des contrôles de police près de points d'eau qui découragent des habitants de s'y rendre, ce que confirment des témoignages recueillis par l'AFP.

"Les policiers en profitent pour nous contrôler quand on fait la queue à la borne. Et moi, je n'ai pas de papiers", confie Hadidja -un prénom d'emprunt -, une habitante de Kaweni, le plus grand bidonville de Mayotte.

"Cela arrive que l'on procède à des contrôles aux abords des bornes fontaines", concède un policier de la police aux frontières (PAF) souhaitant rester anonyme.

Interrogé, le ministère de l'Intérieur a renvoyé l'AFP à la préfecture. De même, le ministère de la Santé redirige vers l'ARS locale.

Quels que soient les obstacles, le monde médical et scientifique juge, lui, inacceptable de laisser perdurer un tel manque d'accès à l'eau. Ce n'est "pas défendable", selon une note rédigée début mai par le Covars, héritier du Conseil scientifique de l'ère Covid. Transmise au ministère de la Santé, celui-ci l'a discrètement publiée quelques semaines après sa rédaction.

Et le caractère injustifiable de la situation est aussi évoqué par de grandes figures de la santé publique, tel l'épidémiologiste Antoine Flahault.

"La France se laisse rattraper par le sous-développement de l'un de ses territoires ultramarins, en l'absence de conflit, de catastrophe naturelle ou d'événement climatique extrême", cingle-t-il auprès de l'AFP.

"C'est un cas d'école qui doit amener le gouvernement français à réfléchir sur ses devoirs en matière de respect des droits humains élémentaires lorsqu'il décide de maintenir sa présence hors des limites métropolitaines", conclut M. Flahault.

M.J.Baumann--NZN