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Acquitté après trois années d'incarcération: l'homme accusé d'avoir étouffé une nonagénaire avec une madeleine a été reconnu innocent, vendredi soir à Tours, par la cour d'assises d'Indre-et-Loire.
Sans commentaire, la présidente Aude Cristau a énoncé le verdict. Alain J. est reconnu non coupable d'assassinat, comme d'un éventuel homicide involontaire.
Un verdict accueilli sous les vivats des proches de l'accusé, désormais âgé de 63 ans.
"C'est la fin d'un cauchemar. Je n'ai jamais douté de lui", a réagi sa femme, émue.
Le jury n'a donc pas suivi les réquisitions du ministère public, qui avait réclamé vingt ans de réclusion criminelle à l'encontre de l'ancien pompier de Paris.
"Ce n'est pas une fausse route, (...) c'est l'assassinat d'une vieille femme", avait lancé l'avocat général Pierre Gérard, lors du troisième et dernier jour d'un procès marqué par des zones d'ombre qui ont finalement bénéficié à l'accusé.
"C'est ma conviction, je n'ai aucun moyen de la prouver", avait avancé l'avocat général.
Yvette B., 92 ans, résidente dans une unité Alzheimer d'un Ehpad tourangeau, avait été retrouvée morte le 13 mai 2019, dans son lit, des morceaux de gâteau dans la bouche.
L'accusé venait de lui rendre visite, apportant un paquet de madeleines industrielles. Le passionné de moto avait verrouillé la porte de la chambre, un comportement qui avait suscité des interrogations chez le personnel soignant. L'ancien pompier de Paris avait contracté un viager en 1995 sur une maison de famille de la victime.
- "Enquête scandaleuse" -
L'homme a toujours clamé son innocence depuis son incarcération en mai 2019. Il l'avait affirmé dès l'ouverture du procès, mercredi et l'avait redit à nouveau lors de sa dernière prise de parole: "Cela fait trois ans que je dis que je suis innocent. Je n'ai pas tué", a-t-il dit, visiblement épuisé.
Son avocat, Me Abed Bendjador fils, a salué "une décision logique, qui arrive trois ans trop tard".
Le doute instillé par maîtres Abed Bendjador père et fils a finalement payé.
Après avoir contesté avec verve les éléments rapportés par le directeur d'enquête lors de l'ouverture du procès, les deux conseils ont pointé les imprécisions des témoins et la réalité du mobile financier soulevé par le ministère public.
Il n'y a aucun élément pour dire que le projet d’achat d'une nouvelle maison à la campagne "était urgent" ou qu'il était empêché par le viager, a insisté Me Bendjador fils. "On vous sert une histoire", a-t-il ainsi tonné à l'intention des jurés lors de sa plaidoirie.
"Ce mec-là, il a respecté la règle toute sa vie. (...) On vient vous dire, avec une enquête qui part de travers, qu'il a commis le pire crime du Code pénal".
"Une enquête scandaleuse", a ensuite renchéri son père.
L'ancien bâtonnier a notamment fait grand cas des déclarations de l'infirmière de l'établissement, appelée alors qu'elle était à un autre étage, pour la prévenir que la vieille dame était en train d'étouffer. Il était alors 19h20.
"Et l'autre", s’exclame-t-il en pointant son client. "Il est parti depuis 19h00."
"Vous allez condamner un homme en laissant passer ça?", a-t-il demandé aux jurés, avant d'insister sur la toilette mortuaire, réalisée avant l'arrivée du médecin venu constater le décès.
Un acte effectué avant, aussi, l'arrivée de la police. "Malgré la suspicion, on nettoie tout, on fait la toilette mortuaire, (...) on efface tout", s'est agacé le conseil. "Toutes les constatations, ce n'est pas la police qui les a faites."
"Si vous avez l'intime conviction, dites +coupable+. Je vous laisse avec votre conscience", a-t-il conclu. "Appliquez la loi de la preuve. Appliquez la loi du doute."
H.Roth--NZN