Zürcher Nachrichten - Au procès des viols de Mazan, un réquisitoire mené tambour battant

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Au procès des viols de Mazan, un réquisitoire mené tambour battant
Au procès des viols de Mazan, un réquisitoire mené tambour battant / Photo: Christophe SIMON - AFP

Au procès des viols de Mazan, un réquisitoire mené tambour battant

L'accusation a poursuivi son réquisitoire au pas de course mardi au procès des viols de Mazan, montant crescendo dans ses peines demandées contre la cinquantaine de coaccusés de Dominique Pelicot, jusqu'à 16 ans de réclusion pour trois d'entre eux.

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Sans surprise, les deux représentants du ministère public, Jean-François Mayet et Laure Chabaud, avaient réclamé lundi la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Dominique Pelicot, 71 ans, qui a reconnu avoir assommé son épouse Gisèle d'anxiolytiques pendant une décennie pour la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet.

Dix-sept ans de réclusion avaient ensuite été réclamés à l'encontre de Jean-Pierre M., 63 ans, qui avait reproduit le même procédé avec sa propre épouse, puis des peines de 4 à 13 ans de prison pour dix-neuf autres coaccusés, poursuivis pour "atteinte sexuelle" ou viols aggravés.

 

Prenant en compte la gravité des faits reprochés à chaque accusé, sa personnalité, ses antécédents judiciaires ou encore sa reconnaissance ou non de culpabilité, les deux magistrats ont peu à peu monté le curseur des peines demandées.

Parmi les 46 coaccusés dont les cas ont été traités par le ministère public depuis lundi matin, la peine minimale demandée est de quatre ans de prison ferme contre Joseph C., 69 ans, le seul à ne pas être jugé pour viol ou tentative de viol. Pour tous les autres, ces peines requises s'étalent de 10 à 17 ans de réclusion criminelle.

Si les magistrats de la cour criminelle suivent ces réquisitions, tous ces hommes se retrouveront donc derrière les barreaux, y compris les 32 qui comparaissent libres depuis l'ouverture de ce procès, le 2 septembre.

- Gisèle Pelicot stoïque -

Alors que la fin du réquisitoire était en vue, l'avocat général Jean-François Mayet, au bord de l'extinction de voix, a demandé une suspension en milieu d'après-midi mardi, reportant donc à mercredi matin l'examen des quatre derniers accusés: Romain V., 63 ans, Jérôme V., 46 ans et Dominique D., 45 ans, tous venus à six reprises à Mazan à l'invitation de Dominique Pelicot, et enfin Mohamed R., un septuagénaire déjà condamné pour le viol d'une de ses filles.

Ce deuxième jour de réquisitoire s'est déroulé, comme le premier, en présence de Gisèle Pelicot, devenue une véritable icône féministe en refusant que le procès se déroule à huis-clos, stoïquement assise seule sur le banc des parties civiles, et de son ex-mari, 71 ans, tête baissée dans le box des accusés.

Tout au long de la journée, les deux représentants du parquet se sont employés à battre en brèche les explications avancées par les accusés depuis l'ouverture de leur procès devant la cour criminelle de Vaucluse, à Avignon, dont le verdict est attendu le 20 décembre au plus tard.

- Obéir uniquement à ses besoins -

"Il nous dit à l'audience avoir été lobotomisé", avoir "été victime, comme Mme Pelicot". "En réalité, il s'est contenté de la situation" et n'a "à aucun moment" sollicité ou obtenu le consentement de Mme Pelicot, a ainsi relevé M. Mayet.

"Il a obéi uniquement à son besoin sexuel en faisant abstraction de la victime", a-t-il poursuivi à propos d'un autre. Quant à Grégory S., tout en ayant "conscience de l'état altéré de Gisèle Pelicot", il a pourtant continué jusqu'à son éjaculation, a souligné de son côté sa collègue de l'accusation, Laure Chabaud.

Lundi, la magistrate avait fermement dénoncé ces supposés consentements "implicites" ou "par procuration" avancés par certains accusés comme étant "d'un autre âge".

Parmi les peines requises les plus élevées figurent celles réclamées à l'encontre d'accusés ayant été trouvés en possession d'images pédopornographiques, à l'instar de Cédric G. (16 ans de réclusion) ou Nicolas F. (14 ans).

"Si M. Pelicot a eu 20 ans, on ne peut pas mettre 20 ans aux autres", a reconnu mardi auprès de l'AFP la juriste Catherine Le Magueresse, chercheuse associée à l'Institut des sciences juridique et philosophique à l'université Panthéon-Sorbonne, regrettant cependant qu'il n'ait pas été poursuivi pour "tortures et barbarie", ce qui aurait pu augmenter le quantum de sa peine et donc "celles de tous les autres coaccusés".

Commentant les peines requises par le parquet, elle a en tout cas estimé que "cela ne (lui) paraît pas beaucoup par rapport à la moyenne générale" des condamnations pour viols en France, qui était de 11,1 ans en 2022, selon le ministère de la Justice. Mais "l'essentiel est qu'ils soient condamnés", a-t-elle concédé.

A l'issue du réquisitoire, qui devrait être bouclé mercredi à la mi-journée, la parole sera ensuite à la défense dans l'après-midi, avec pour ouvrir le bal Me Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot, la clef de voute de toute cette affaire. Puis se succéderont une trentaine d'autres avocats de la défense, à partir de jeudi et jusqu'au 13 décembre.

Pendant 10 ans, de juillet 2011 à octobre 2020, Dominique Pelicot avait assommé sa femme d'anxiolytiques pour la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet, via le site coco.fr, désormais interdit.

Cinquante d'entre eux, aujourd'hui âgés de 26 à 74 ans, ont été identifiés et sont donc jugés. Ils seront fixés sur leur sort dans moins d'un mois.

T.Gerber--NZN