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Connaître les gestes qui sauvent est le souhait de nombreux Français mais moins d'un sur deux déclare les maîtriser, ce qui place la France loin derrière plusieurs voisins européens.
Dans neuf situations d'urgence sur dix, c'est la vie d'un proche qui est en jeu. Pourtant, le taux de formation de la population française est parmi les plus bas en Europe, s'émeut la Croix-Rouge française à la veille de la "Journée mondiale des premiers secours".
Aujourd'hui, seulement 40% des Français sont formés aux gestes qui sauvent. "Nous pensons qu'il faudrait doubler ce chiffre", affirme à l'AFP Philippe Da Costa, le président de la Croix-Rouge.
C'était d'ailleurs l'objectif du président Emmanuel Macron: 80% de la population formée à la fin de son premier quinquennat.
La Norvège, l'Autriche ou l'Allemagne ont déjà atteint ce ratio.
"Quand vous interrogez les Français, 80% considèrent qu'ils ne sont pas ou mal préparés face aux crises ou catastrophes", regrette Philippe Da Costa.
La volonté de se former est pourtant bien là: deux Français sur trois souhaitent connaître les gestes qui sauvent, assure-t-il.
A l'instar de François Breheret, 38 ans, qui a suivi le week-end dernier à la Croix-Rouge de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) une initiation aux premiers secours pour les enfants et nourrissons.
"Ce qui m'a poussé à venir, c'est la naissance de mon petit garçon, qui a un peu plus d'un an aujourd'hui", raconte-t-il. "C'est rassurant de savoir qu'on connaît les gestes qui sauvent, s'il lui arrivait quoi que ce soit".
Elena Shmygina, 45 ans, qui travaille à temps partiel dans la garde d'enfants, juge, elle, cette formation "essentielle" pour son métier. Mais aussi pour la vie de tous les jours. "Je roule à scooter et j'ai déjà été témoin d'un accident: ce jour-là, je me suis sentie totalement impuissante", se souvient-elle.
Trois modules principaux sont au programme: comment réagir en cas d'étouffement, d'hémorragie ou de perte de connaissance.
- Dès trois ans -
A l'aide de mannequins, la formatrice montre aux participants la marche à suivre en cas d'urgence: claques dans le dos ou appui des doigts sur le sternum, pansement compressif pour arrêter les saignements, position latérale de sécurité pour sécuriser la victime et l'aider à respirer...
Les gestes sont reproduits et répétés plusieurs fois. "Là, on est dans un danger vital, dès que la victime respire, j'alerte les secours !", lance la formatrice.
"On peut suivre une formation dès l'âge de trois ans", assure Florence Juin, responsable communication de la Croix-Rouge des Hauts-de-Seine, soulignant que les établissement scolaires sont de plus en plus intéressés.
"De nombreuses professions (petite enfance, chauffeurs...) exigent désormais aussi une formation de leurs salariés", ajoute-t-elle.
"Clairement, de plus en plus de gens se forment mais la France part de très loin", poursuit-elle.
En 2020, afin de favoriser les gestes de premier secours et sensibiliser la population, une loi a créé le statut de "citoyen sauveteur", qui protège juridiquement les personnes portant secours à une victime d'arrêt cardiaque.
Chaque année en France, environ 40.000 personnes décèdent d'un arrêt cardiaque.
"Si rien n'est fait dans les minutes qui suivent, les chances de survie sont quasi nulles", rappelle la fédération française de cardiologie. Et les victimes ont huit fois plus de chances de survivre lorsqu'un témoin est en mesure de pratiquer rapidement une réanimation cardio-respiratoire.
"La survie après arrêt cardiaque est de moins de 10% en France, alors qu'elle est plus élevée (20-30%) dans d'autres pays d'Europe du Nord", soulignait en 2018 l'Académie nationale de médecine, recommandant de former "toute la population française" aux gestes qui sauvent.
Pour le président de la Croix-Rouge, "derrière le discours politique, il faut un engagement plus fort de l'Etat et des collectivités locales".
L'implication d'"ambassadeurs" a aussi un rôle à jouer dans la sensibilisation au sujet, estime-t-il.
Samedi, l'actrice et mannequin Adriana Karembeu, ambassadrice de la Croix-Rouge française, sera notamment présente à Avignon pour inciter le public à s'initier.
B.Brunner--NZN