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Abonnée à la dernière place du Tournoi de six nations et à la cuillère de bois, l'Italie, victorieuse du pays de Galles (24-21) samedi, a réduit au silence avec sa deuxième victoire en une semaine ceux qui contestent sa légitimité à participer à la compétition.
Sous la direction de son nouveau sélectionneur Gonzalo Quesada, la Nazionale qui avait terminé dernière des huit précédentes éditions, a réalisé l'un des meilleurs Tournois de son histoire.
Avec deux victoires et un nul, du jamais-vu dans son histoire, elle a terminé 5e du Tournoi 2024 et seules ses devancières de 2007 (deux victoires, 4e) et 2013 (deux victoires, 4e) auront fait mieux en termes de classement.
Elle a notamment mis fin à deux longues séries en battant l'Ecosse 31 à 29 à Rome lors de la 4e journée: elle n'avait plus gagné de match du Tournoi depuis deux ans (mars 2022) et ne s'était plus imposée à domicile depuis onze ans (mars 2013).
"Au-delà de notre bilan, c'est effectivement une petite victoire pour nous tous de sentir que notre légitimité à participer au Tournoi est moins remise en cause", reconnaît Quesada.
Le bilan italien dans le Tournoi reste largement négatif avec seulement 15 victoires et deux nuls, pour 108 défaites, comme aiment à le rappeler ceux qui voudraient que la 6e nation participante au Tournoi ne soit plus systématiquement l'Italie mais celle, par exemple, qui remporte le Championnat d'Europe, dont la dernière édition est revenue à la Géorgie.
- Concurrence géorgienne -
"Je n’ai rien contre les gens qui pensent ça, parce que les faits étaient là: on n’avait pas gagné depuis longtemps chez nous", relève le demi de mêlée Paolo Garbisi.
"Mais je pense qu’on a prouvé qu’on avait totalement notre place dans le Tournoi", insiste le héros malheureux du nul contre la France (13-13) qui a manqué la pénalité de la victoire à la dernière minute.
Ancien sélectionneur de la Nazionale (2005-07), Pierre Berbizier rappelle que "la question de la légitimité italienne se posait déjà à mon époque: certains voulaient faire entrer la Géorgie".
Mais, insiste l'ancien demi de mêlée et sélectionneur du XV de France, "cette équipe d’Italie, jeune et talentueuse, a forcément sa place, elle est compétitive, elle monte en puissance".
"Quand vous voyez l’engouement et la passion des supporters italiens, tous ces supporters écossais qui viennent à Rome, est-ce que vous pensez que tous les supporters iraient à Tbilissi comme ils viennent à Rome ?", témoigne Berbizier, présent parmi les 70.000 spectateurs du Stade olympique pour la victoire contre l'Ecosse.
Plus qu'une éventuelle remise en cause de son statut de "6e Nation", ce qui a motivé l'Italie pour ce Tournoi 2024 est la triste fin de sa Coupe du monde 2023, propose Martin Page Relo.
- Enfin les quarts ? -
"On avait à coeur de donner une autre image que celle montrée lors des deux grosses défaites contre la Nouvelle-Zélande (96-7) et la France (60-7)", souligne le demi d'ouverture du LOU, titulaire contre la France et l'Ecosse.
"Notre vrai niveau n’était pas celui de la Coupe du monde, abonde Garbisi. On le montre maintenant six mois après avec les mêmes joueurs".
Le demi de mêlée croit son équipe qui vient de dépasser l'Australie au classement mondial pour s'emparer de la 9e place, "capable de s'installer dans le Top 10 mondial".
Et d'atteindre enfin les quarts de finale de la Coupe du monde après s'être systématiquement cassé les dents sur la phase de poules ? "C'est encore trop tôt pour penser à cela. Notre objectif majeur, c’est de trouver de la constance dans la victoire", espère Garbisi.
"C’est envisageable de les voir en quart de finale dès 2027, c'est même crédible", assure de son côté Berbizier.
"Gonzalo Quesada est l’homme de la situation pour l’Italie, il a encore de la marge. Il a tout de suite la crédibilité du résultat et cela lui donne la possibilité d’aller plus loin", se réjouit-il.
D.Smith--NZN