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Les classiques flandriennes sonnent le début de "la quinzaine sainte" du cyclisme avec le retour de la rivalité entre Mathieu van der Poel et Wout Van Aert qui tourne nettement à l'avantage du premier depuis quelques années.
Classic Bruges-La Panne mercredi, Grand Prix E3 vendredi, Gand-Wevelgem dimanche... c'est le début de onze jours de folie dans le périmètre réduit de la Flandre orientale. Ils vont culminer avec le Tour des Flandres, le dimanche 31 mars, où on attend plus d'un million de spectateurs, avant de jouer les prolongations dans le nord de la France avec Paris-Roubaix.
C'est le temps des pavés, des monts, des routes défoncées, du vent qui souffle fort et de la bière qui coule à flots.
Exit les Vingegaard, Roglic, Evenepoel ou Pogacar, tous absents des Flandriennes même si ce dernier s'y était essayé avec brio l'an dernier. Place aux Flahutes, ces durs au mal bâtis comme des chênes, capables d'encaisser des chemins de tracteurs d'un autre temps, dans une ambiance unique, sur des lieux de pèlerinage comme le Kemmelberg, le Vieux Quaremont ou le Paterberg.
La passion quasi religieuse qu'éprouvent les Flamands pour leurs classiques a accouché d'une ligne de champions, entretenue aujourd'hui par deux hommes, nés à quatre mois d'écart il y a 29 ans dans la province d'Anvers.
Le Belge Wout Van Aert et le Néerlandais Van der Poel, fils d'Adrie, vainqueur du Tour des Flandres en 1986, et de Corinne Poulidor, la fille de "Poupou", sont rivaux depuis l'enfance, pas vraiment copains mais unis par un respect mutuel.
- "Une approche différente" -
Longtemps ils ont fait match nul, sur la route comme au cyclo-cross.
Mais depuis deux ans, la balance penche nettement en faveur de Van der Poel. Vainqueur de deux Tours des Flandres, de Paris-Roubaix et de Milan-Sanremo, le leader d'Alpecin compte déjà quatre Monuments à son actif en plus d'un titre de champion du monde sur route l'an dernier à Glasgow, devant Van Aert.
Le Belge, malgré ses exploits sur le Tour de France, souffre de la comparaison. Il est celui des deux qui a remporté en premier un Monument (Milan-Sanremo en 2020). Mais ça reste aussi le seul à ce jour pour le coureur de Visma-Lease a bike qui a multiplié depuis les podiums frustrants.
Pour rétablir les comptes, il a entièrement chamboulé son programme. Il s'est d'abord contenté de quelques sorties en cyclo-cross pendant que son rival empochait un sixième titre mondial.
Et, après sa troisième place sur Het Nieuwsblad et sa victoire à Kuurne-Bruxelles-Kuurne en février, il a pris ses quartiers sur le volcan Teide à Tenerife pour trois semaines d'entraînement.
"J'ai opté pour une approche très différente avec un long camp d'altitude qui, par le passé, m'a souvent réussi", souligne le Belge qui a notamment fait l'impasse sur Milan-Sanremo.
- Equipiers de luxe -
Van der Poel, lui, y a fait sa rentrée sur route samedi vers Sanremo. Dans le coup pour la victoire, il a terminé dixième après s'être mis au service de son équipier et futur vainqueur Jasper Philipsen.
Les trajectoires opposés des "Van" doivent se croiser une première fois vendredi au Grand Prix E3. Le duel se poursuivra ensuite à distance puisque Van der Poel doit courir Gand-Wevelgem sans Wout et Van Aert participer à A travers la Flandre sans Mathieu.
Le grand choc est programmé pour le Tour des Flandres avant la revanche attendue une semaine plus tard à Roubaix.
Chacun sera accompagné d'un équipier de luxe. Van der Poel pourra compter sur Philipsen, deuxième de Paris-Roubaix l'an dernier et qui sera le favori pour Bruges-La Panne ce mercredi.
Van Aert sera, lui, épaulé de Christophe Laporte, malade le week-end dernier sur Milan-Sanremo et encore forfait pour le Grand Prix E3 vendredi. L'an dernier, le Français avait réussi un fantastique doublé sur A travers la Flandre et Gand-Wevelgem où son leader lui avait offert la victoire.
L'épisode avait valu des critiques à Van Aert, accusé d'être trop gentil et pas assez "tueur". "C'est mon caractère mais je sais aussi qu'il est très difficile d'être généreux avec tout le monde. Je n'essaye plus de le faire", dit aujourd'hui le Belge, comme saisi par l'urgence de renverser le rapport de force avec Van der Poel, son meilleur ennemi devenu son principal bourreau.
A.Ferraro--NZN