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La guerre froide chauffe: le CIO a reproché à la Russie d'être "tombée encore plus bas", mercredi quelques heures après avoir été accusé par Moscou de "basculer dans le néonazisme", au lendemain des nouvelles restrictions contraignant les sportifs russes pour les JO-2024.
Mardi, le CIO a annoncé que les athlètes russes et bélarusses ne pourraient pas parader lors de la cérémonie d'ouverture, dans le contexte de l'assaut lancé contre l'Ukraine par la Russie, avec la complicité du Bélarus, il y a plus de deux ans.
"Ces décisions démontrent à quel point le CIO s'est éloigné de ses principes déclarés et a basculé dans le racisme et le néonazisme", a martelé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova.
La Russie justifie son assaut contre Kiev par des accusations infondées de "nazisme" contre les dirigeants ukrainiens agissant avec la complicité supposée des Occidentaux.
Dans un climat de plus en plus tendu ces dernières heures entre les deux parties, la réponse du Comité olympique international n'a pas tardé. "Cela dépasse tout ce qui est acceptable", a estimé face à la presse Mark Adams, porte-parole du patron du CIO, l'Allemand Thomas Bach. "En liant le président, sa nationalité et l'Holocauste", le gouvernement russe "tombe encore plus bas".
Interrogé dans la matinée, M. Bach n'avait pas directement répliqué en raison du caractère "extrêmement agressif" et "aussi très personnel" de ces accusations.
- "Tentative cynique" -
Mardi, le CIO avait dans une première salve accusé la Russie de "politiser le sport", des critiques formulées alors que Moscou ambitionne d'organiser une compétition concurrente des JO, les Jeux de l'amitié.
Le Kremlin et la diplomatie russe, toujours prompts à voir dans toute restriction de la "russophobie", n'ont pas tempéré leur réponse. Estimant que le CIO se préparait à sanctionner les athlètes étrangers voulant aller aux Jeux de l'amitié, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères s'est lancée dans un réquisitoire particulièrement virulent.
Elle a accusé mercredi le CIO de chercher à intimider les sportifs désireux de participer aux futurs Jeux de l'amitié, car le directeur de la Solidarité olympique du Comité, James Macleod, n'a pas exclu la possibilité de sanctions. "C'est de l'intimidation de sportifs. Et cela sape complètement l'autorité du CIO", a jugé Dmitri Peskov, porte-parole du président russe.
Le Comité a considérablement durci le ton contre les "Jeux de l'amitié" qui devraient se tenir en septembre en Russie, les qualifiant d'événement à "motivation purement politique" et de "tentative cynique" d'exploiter les sportifs "à des fins de propagande politique".
Exclue des JO en tant qu'Etat, sanctionnée par les Occidentaux, la Russie tente de créer avec des alliés des événements économiques, politiques et sportifs alternatifs.
- Peu nombreux à Paris -
L'interdiction faite aux Russes et Bélarusses de parader à Paris s'ajoute à leur obligation de participer sous bannière neutre, et à condition de ne pas avoir ouvertement soutenu l'offensive contre l'Ukraine.
"Les décisions du CIO sont illégales, injustes et inacceptables. Nous sommes scandalisés par (ces) conditions discriminatoires sans précédent", a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe.
"C'est la destruction de l'idéal de l'olympisme", a encore jugé celui du Kremlin.
Dépouillés de leurs couleurs nationales, les sportifs des deux pays devraient être peu nombreux : seuls 12 Russes et 7 Bélarusses se sont pour l'heure qualifiés, sur les 6.000 tickets déjà attribués, a expliqué James Macleod.
Les experts de l'instance olympique projettent, "selon le scénario le plus probable", que 36 Russes et 22 Bélarusses franchiront l'obstacle de la qualification. Mais ils devront encore se soumettre à un "comité d'examen", qui exige en particulier qu'ils n'aient pas activement soutenu l'assaut russe contre l'Ukraine.
Le CIO a par ailleurs rappelé mardi "le manque total de respect pour les normes mondiales de lutte contre le dopage" dont a fait preuve Moscou par le passé, les autorités ayant orchestré des années durant un système de dopage d'Etat ayant culminé lors des JO-2014 de Sotchi, ce qui a valu à la Russie d'être sanctionnée aux Jeux de Tokyo en 2021 et de Pékin en 2022.
Jusqu'ici la Russie ne prévoit pas de boycott de protestation des JO, avait indiqué mi-mars le ministre des Sports. Mais la décision formelle n'a pas encore été prise et l'escalade verbale en cours pourrait bien la faire changer d'avis.
P.E.Steiner--NZN