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Ancienne super puissance des classiques belges, l'équipe Soudal-Quick Step nage en plein marasme avant le Tour des Flandres dimanche où une victoire tiendrait du miracle.
"Je ne reconnais plus l'équipe, elle me fait pleurer". Tom Boonen, un des glorieux anciens de la maison, n'a pas caché son désarroi cette semaine face aux résultats décevants de son ancienne formation.
"J'ai l'impression qu'ils courent sans inspiration. Alaphilippe, Asgreen et Lampaert semblent dans une spirale descendante et personne n'a le courage d'y remédier", a déploré le triple vainqueur du Tour des Flandres et quadruple vainqueur de Paris-Roubaix, sur le plateau de la chaîne flamande Sporza.
On savait que l'équipe avait opéré sa mue depuis l'avènement du phénomène Remco Evenepoel, devenu la priorité au relais de Julian Alaphilippe, en panne de résultats.
La formation de Patrick Lefevere est désormais davantage tournée vers les courses par étapes, par exemple dès lundi avec Evenepoel au Tour du Pays basque, au détriment des classiques qui étaient son fonds de commerce.
Reste que le déclassement est spectaculaire. Sur les trois grandes courses belges précédant le "Ronde" - Het Nieuwsblad, Grand Prix E3 et A travers la Flandres - aucun coureur de l'équipe belge n'a réussi à se glisser ne serait-ce que dans le Top 20 ! Un sacrilège pour une ex-armada qui du temps des Boonen, Johan Museeuw ou Philippe Gilbert, terrorisait le peloton.
"Difficile de nier qu'on n'est plus la même équipe. On ne pèse plus sur la course", constate Kasper Asgreen, qui paraît aujourd'hui loin du niveau qui lui a permis de gagner le Tour des Flandres en 2021. "Mais pleurnicher dans notre coin ne nous aidera pas. Il faut travailler dur pour revenir à ce niveau. En attendant, on doit s'adapter et proposer autre chose", ajoute le Danois.
- "Fatigué de tout ça" -
"On est loin d'être des favoris. On sait qu'on va avoir du mal à gagner", abonde Julian Alaphilippe qui traine son spleen dans une équipe dont le patron, Patrick Lefevere, le dézingue tous les quatre matins. "Je m'en fous, je suis fatigué de tout ça", a lâché le Français, désabusé, vendredi soir.
Lefevere oscille, lui, entre incantation - "en 2001 non plus on ne marchait pas et on a fait un, deux et trois sur Paris-Roubaix". Incompréhension – "les coureurs qui n'y arrivent plus ont gagné le Grand Prix E3 et le Tour des Flandres il y a deux, trois ans". Et impuissance - "je ne peux pas non plus leur remonter les bretelles tous les jours".
Très dur depuis deux ans avec Alaphilippe, à qui il reproche un salaire inversement proportionnel à ses résultats, le manager belge de 69 ans a élargi ces derniers jours le champ des critiques à d'autres coureurs qu'il regrette d'avoir "signé dans l'euphorie".
"Je lis un peu partout qu'on a mis l'accent sur les courses par étapes. C'est tout à fait vrai. Mais avec des coureurs comme Julian Alaphilippe, Yves Lampaert et Kasper Asgreen, une partie significative de notre masse salariale continue à aller vers les leaders des Flandriennes. A l'avenir, je ne parlerai plus de contrat avec personne avant Paris-Roubaix", a-t-il écrit dans sa chronique hebdomadaire pour le Het Nieuwsblad.
Tout n'est pas noir non plus, insiste Yves Lampaert en renvoyant vers Remco Evenepoel et la deuxième place de Mikel Landa au Tour de Catalogne. Au classement UCI, l'équipe figure toujours au quatrième rang mondial, elle a déjà gagné douze courses cette saison et possède des jeunes qui poussent comme le Français Paul Magnier ou l'Américain Luke Lamperti.
Mais dans son propre jardin, la formation belge semble complètement perdue.
"Je n'ai pas de baguette magique", admet Lefevere. Mais, affirme-t-il dans une interview samedi au journal L'Equipe: "si Remco (Evenepoel) gagne l'Amstel ou Liège-Bastogne-Liège, tout le monde se taira et on aura réussi notre campagne des classiques".
Ch.Siegenthaler--NZN