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"Fatigué" et sans "envie" de participer au tournoi d'Antalya, où il a difficilement battu en finale le Japonais Tatsuru Saito dimanche, Teddy Riner se tourne désormais à 100% vers sa quête d'un fabuleux triplé olympique chez les lourds.
Pas forcément spectaculaire mais toujours méthodique, Riner a souffert en finale, deux fois pénalisé, mais a fini par marquer un point (waza-ari) pour s'imposer.
"Pour moi ce n'est pas ça l'objectif", explique Riner, "donc en finale, je n'ai rien fait", pour ne pas trop dévoiler ses techniques à Tatsuru Saito, un des ses principaux rivaux pour le Graal olympique.
S'il rencontre à nouveau le Japonais aux JO, par exemple en finale, Riner arrivera en tout cas avec un avantage psychologique. Il mène désormais 2-0 contre Saito après l'avoir dominé en quart à Doha l'an dernier, avant d'arracher sa onzième couronne mondiale.
"Bien sûr, c'est bien de l'avoir eu dans les mains, je sais qu'il travaille du coup, mais la vérité ce n'est pas là, la vérité ce sera aux Jeux", a rappelé le champion français.
Le Guadeloupéen de 34 ans était de retour à la compétition après son huitième sacre record au Grand Chelem de Paris, début février, pour une nouvelle étape de préparation vers l'objectif olympique le 2 août prochain à l'Arena Champ-de-Mars.
Après la ferveur de Bercy, rempli en février de milliers de spectateurs, c'est quasiment dans l'indifférence du public local qu'il a continué sa marche en avant.
Dans ce tournoi sans ambiance, "il n'y avait pas de grosse envie, je ne vais pas le cacher", relève-t-il. "J'ai engrangé un peu de fatigue, beaucoup de fatigue, à cause des entraînements, je pense que ça s'est vu toute la journée, même sur la finale".
Même s'il a "rarement eu cette sensation", Riner reste invaincu depuis sa défaite contre le Russe Tamerlan Bashaev en quart de finale des JO de Tokyo en 2021.
Il a remporté depuis les Grands Chelems de Budapest en 2022, de Paris en 2023 et 2024 en donc d'Antalya. Sans oublier son sacre mondial.
- "C'était poussif" -
Sur les bords de la Méditerranée, il a commencé par balayer le Bahreïni Azamat Chotchaev en 52 secondes. Spectaculaire. La suite a été plus tactique. A une semaine de son 35e anniversaire, Riner a profité de son aura face à des adversaires toujours impressionnés, parfois paralysés devant sa stature et son palmarès incomparables.
Le Néerlandais de 27 ans Jur Spijkers, le Brésilien Rafael Silva, autre vestige à 36 ans de la "génération Riner", puis le jeune Allemand Erik Abramov ont coup sur coup subi sa loi, battus sur disqualification après trois pénalités (hansoku make).
"Ils n'ont pas voulu combattre. Si tu dis que tu vas me battre, fais du judo! Ils ont été sanctionnés, voilà", a répondu Riner, agacé, même si en finale, c'est néanmoins lui qui ne s'est pas livré.
"Une victoire au bout du compte mais il n'y a pas forcément la manière", a expliqué, lucide, son entraîneur Franck Chambily. "C'était poussif. C'est un tournoi, on est proche des Jeux olympiques, il ne faut pas non plus tout dévoiler tout de suite".
"C'est toujours bien de garder l'ascendant sur le Japonais. Teddy n'a pas tout donné, il ne s'est pas dévoilé", a-t-il poursuivi. Suffisant pour s'imposer.
Il a traversé la journée sous les yeux de sa famille, son "oxygène", se ressourçant entre les combats avec sa fille dans les bras en salle d'échauffement, Riner a aussi gagné en Turquie de précieux points au ranking olympique.
Il grimpe provisoirement 3e mondial, parmi les huit têtes de série, statut qui permet normalement d'éviter un tour préliminaire aux JO et d'avoir un tableau plus dégagé aux premiers combats.
Après un peu de repos, Riner s'entraînera à l'Insep, au Maroc puis partira pour un stage au Japon du 21 avril au 4 mai, où il devrait retrouver un certain Saito. Il n'est pas impossible ensuite de le voir au Grand Chelem du Kazakhstan (10-12 mai) ou aux Championnats du monde à Abou Dhabi (19-24 mai) même si pour l'instant, "l'envie n'est pas là".
En attendant, selon son coach, "tous les voyants sont au vert" pour le géant tricolore.
R.Schmid--NZN