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Écarté du staff des Bleues en 2021, l'entraîneur Rachid Meziane a rebondi dans le Nord jusqu'à mener la Belgique au titre de championne d'Europe 2023 et le club de Villeneuve-d'Ascq au Final Four de l'Euroligue, qui débute vendredi.
D'un ton calme, empreint d'assurance, Rachid Meziane affirme que l'ESBVA "peut aller chercher une médaille" dans le dernier carré, où elle apparaît comme le Petit Poucet au milieu de Mersin (qui l'organise), Prague (son adversaire vendredi en demies) et Fenerbahçe, grand favori à sa propre succession.
Vainqueur de l'Euro féminin avec les "Belgian Cats" en 2023, le Clermontois a fait cette saison de Villeneuve-d'Ascq la meilleure formation française tant sur la scène européenne que nationale, où les "Guerrières" ont obtenu le meilleur bilan de la saison régulière (86 % de victoires).
"Je me qualifie un peu de bâtisseur, commente-t-il. Le travail effectué par les joueuses et le staff depuis quelques temps, on en récolte les fruits. On a fait grandir les joueuses."
Arrivé sur le banc du club de la banlieue lilloise en avril 2019 alors qu'il disputait les play-downs, l'homme de 44 ans en a fait l'une des meilleures formations du championnat, dont il a atteint la finale la saison passée.
- "La revanche ne nous amène nulle part" -
L'ascension fut encore plus rapide avec la Belgique: à la tête des Cats depuis l'automne 2022, le Français a emmené l'équipe qui sortait d'une élimination en quarts du Mondial au titre continental quelques mois plus tard.
C'est pourtant sur le banc des Bleues, en tant qu'assistant, que l'ancien joueur de Clermont et d'Orcines voulait continuer à officier. Mais dans la foulée des Jeux olympiques de Tokyo, après sept ans à son poste d'adjoint (2014-2021), Meziane a dû quitter les Bleues quand l'équipe de Valérie Garnier n'a pas été reconduite. Avant de se reconstruire dans le Nord.
"Ma carrière, je la dois à des portes qui se sont ouvertes, je n'ai pas vraiment cassé de portes jusqu'à aujourd'hui, où je suis sélectionneur de l'équipe nationale belge, affirme-t-il. Je n'ai jamais été animé par un sentiment de revanche. Je pense que la revanche ne nous amène nulle part. Par contre, j'ai de l'ambition."
Si Rachid Meziane en est là, c'est aussi parce qu'il a une exigence sans faille et une capacité à se remettre en question lorsque c'est nécessaire.
"J'aime grandir, être demain une meilleure version de moi-même, donc j'ai juste suivi le courant des choses pour être là aujourd'hui, raconte-t-il. On peut valider la méthode qui permet de gagner avec la Belgique et avec Villeneuve-d'Ascq, mais peut-être qu'un jour, il va falloir la remettre en cause, et j'espère que je serai en capacité de le faire pour continuer à progresser et faire progresser les gens autour de moi."
- "Rigueur, discipline et travail" -
Son statut de "stratège", selon le manager général de l'ESBVA Christophe Vitoux, lui permet aujourd'hui d'attirer des joueuses comme Keisha Hampton qui "revient pour lui" et combler le départ de Kennedy Burke avant les play-offs de la Ligue féminine.
Lorsqu'on lui demande quelles sont les qualités principale de son entraîneur, la capitaine Caroline Hériaud en cite trois: "rigueur, discipline et travail."
"Je me souviendrai toujours de l'année dernière, quand on a perdu à Lyon (en finale de la Ligue féminine, NDLR) le troisième match, c'était la fin, et il nous a dit: +On va tous travailler, moi le premier, je vais travailler encore plus dur pour vous emmener plus loin la saison prochaine+", raconte-t-elle.
Pour l'instant, sa prédiction tient toujours en Ligue féminine et s'est déjà concrétisée en Euroligue, si bien qu'il pourrait être élu entraîneur de l'année dans les deux compétitions - il vient de l'être, jeudi soir, en championnat.
Mais avant cela, il pourrait retrouver en finale dimanche Valérie Garnier, entraîneure du "Fener".
F.Schneider--NZN