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Compétiteur né, bourré de talent, le Français Kauli Vaast s'apprête cet été à défier l'une des vagues les plus dangereuses du monde chez lui à Teahupoo (Tahiti), pour glaner l'or olympique face aux meilleurs surfeurs de la planète.
"Il peut ramener l’or, pour Tahiti d’abord, et la France après, on va être chauvin !", espère dans un éclat de rire Pascal Luciani, l’ancien président de la fédération tahitienne de surf. "Teahupoo, c’est son jardin", ajoute-t-il.
Le petit Kauli a déménagé à dix ans face à la vague de la Presqu'île tahitienne, rendue célèbre dans le monde entier au début des années 2000 après la diffusion d'une photo de la légende du surf Laird Hamilton dans l'un de ses tubes translucides.
Et à 22 ans, le jeune Tahitien au physique de mannequin (1,76m pour 78 kg) arbore encore un large sourire enfantin accroché à son visage d'ange lorsqu'il va affronter le monstre, appelé "la mâchoire de Hava'e" par les Polynésiens.
"Il aime danser, faire l’âne en dehors des compétitions, mais il a tout pour gagner", explique son entraîneur olympique, également tahitien, Hira Teriinatoofa. "Kauli n’a pas peur de la vague, alors que beaucoup appréhendent Teahupoo", assure-t-il.
- Gamin de Teahupoo -
S'il est capable de battre les meilleurs surfeurs du circuit élite sur ce spot ; comme en 2022 où, bénéficiaire d'une wild-card, il a atteint les finales de l'étape tahitienne de la World Surf League, c'est qu'il le connaît "parfaitement".
"Qu’elle soit petite, moyenne, grosse ou très grosse, il est dans la vague, il la connaît parfaitement", expliqué Moana David, un surfeur respecté de la Presqu’île.
En 2021, le jeune champion a même affronté une vague estimée 15 mètres à Teahupoo. "Sa combinaison a été en partie arrachée, il y avait des morceaux de coraux à l’intérieur, ils avaient été cassés par la vague, il est passé dans la machine à laver", décrit sa mère Natou Thupalua.
Kauli a grandi à Mahina, au nord de Tahiti, avant de s'installer avec ses deux parents véliplanchistes face à la vague. Dès lors, il a partagé son enfance entre surf et pêche au pupuhi (fusil-harpon) dans les eaux turquoises environnantes.
Il peut descendre chasser en apnée à vingt mètres sous la surface, là où son ami d'enfance Mauri Ebb avoue ne plus pouvoir le suivre. "On pêche, on surfe et on court ensemble et même en footing il va beaucoup plus vite que n’importe qui, mais il m’attend et moi je galère", s’amuse-t-il.
- Esprit de compétition -
Dès son enfance, Kauli Vaast a fait preuve d'un redoutable esprit de compétition, y compris loin des vagues. "Il fallait toujours qu’il soit premier, même pour arriver au portail, dans la voiture, ou au frigo", sourit sa mère.
A l'adolescence, il a remporté plusieurs compétitions locales sur les tatamis de judo ou encore des cross organisés à l'école. Et Kauli n’a que 15 ans quand il commence à remporter des compétitions d'envergure sur sa planche: champion d’Europe junior en 2017, puis à nouveau en 2019 et 2020.
Raimana Van Bastolaer est surnommé "le boss" de Teahupoo, mais Kauli, lui, l’appelle "Tonton". C'est grâce à Van Bastolaer qu'il a décroché ses premiers sponsors et fait la rencontre de ses idoles, comme la légende Kelly Slater.
"C'était mon petit garçon, mon protégé", explique "le boss" avec tendresse. Le petit garçon, qui dès ses 11 ans partait seul vivre un mois à Hawaï avec d'autre surfeurs, a désormais bien grandi : "il a une grande maturité : il sait surfer gros ou petit, faire des +aerials+, toutes les manoeuvres, il est très stratégique", détaille son mentor.
Et un Vaast peut en cacher deux autres. A 19 ans, sa petite soeur, Aelan, a été vice-championne d’Europe junior en 2022. Pour sa propre carrière, elle s’inspire du style "hyper puissant, technique et fluide" de son grand frère. Et le petit frère de 16 ans, Naiki, est déjà connu pour sa témérité quand la houle se lève à Teahupoo.
En janvier, Kauli Vaast devenait également ambassadeur Dior. Mais s'il rêve de podiums, ils sont avant tout olympiques.
E.Leuenberger--NZN