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Tadej Pogacar a remporté son deuxième Liège-Bastogne-Liège dimanche devant un Romain Bardet épatant et un Mathieu van der Poel résilient, après un raid solitaire de 35 km qu'il a dédié à sa belle-mère disparue il y a deux ans jour pour jour.
En franchissant la ligne, avec 1 min 39 sec d'avance sur le Français - plus gros écart sur la Doyenne depuis Bernard Hinault en 1980 - le Slovène a longuement levé le doigt au ciel en hommage à la mère d'Urska Zigart, sa compagne, elle-même engagée sur la course femme dimanche.
"C'est une journée très émouvante pour moi. J'ai pensé toute la journée à la mère d'Urska. J'ai couru pour elle aujourd'hui. Il y a deux ans on était rentrés au pays (pour ses obsèques), l'année dernière je me suis cassé la main ici. Ça a été difficile aussi. Je suis content d'avoir enfin pu regagner cette belle course", a commenté "Pogi", vainqueur en 2021.
"En plus j'arrive seul. C'est très spécial d'arriver en solo après une course aussi longue, avec le maillot de champion national. C'est beau", a ajouté le Slovène dont l'émotion contrastait avec la froideur implacable avec laquelle il a assommé la course qui, avec sa succession de côtés acérées, lui va comme un gant.
Grand favori au départ, il a, comme prévu, fait la différence sur une accélération fulgurante dans la terrible côte de la Redoute (1,6 km à 9,4%), exactement au même endroit où le Belge Remco Evenepoel, absent sur blessure cette année, avait forgé ses victoires lors des deux dernières éditions.
- Bardet "super content" -
Il a ensuite creusé son avantage dans les trente derniers kilomètres, avalant à toute allure la dernière difficulté, la côte de la Roche-aux-Faucons, pour remporter sa septième victoire en dix jours de course cette saison, après son triomphe aux Strade Bianche, déjà après une chevauchée fantastique de 81 km, et sa razzia sur le Tour de Catalogne (4 étapes + le général).
Derrière Pogacar, un groupe de poursuivants s'est dégagé au sommet de la Redoute avec l'Irlandais Ben Healy et trois Français, Romain Bardet, Benoît Cosnefroy et Romain Grégoire.
Bardet, déjà troisième à Liège en 2018, s'est détaché dans les terribles pourcentages de la Roche-aux-Faucons pour ensuite résister seul au retour d'un petit groupe reformé dans les derniers kilomètres.
"Je suis super content. Autant le premier (podium en 2018) je l'attendais car cela faisait plusieurs années que je tournais autour, autant celui-là... je m'étais presque fait une raison sur Liège. Comme quoi il faut toujours y croire", a commenté le grimpeur auvergnat de 33 ans qui a profité de "très bonnes jambes" et aussi de sa "connaissance tactique de la course".
- Sixième Monument -
Deux autres Français ont terminé dans le Top 10, avec Aurélien Paret-Peintre (5e) et Valentin Madouas (7e).
Van der Poel, vainqueur du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix cette année, n'a pas vraiment pesé sur la course mais s'est accroché pour recoller avec un petit groupe, à une trentaine de secondes derrière Bardet, et le régler au sprint pour monter sur son premier podium à Liège.
Le Néerlandais avait perdu une grande partie de ses illusions à plus de 80 kilomètres de l'arrivée lorsqu'il a été retardé, avec plusieurs autres favoris, dans une chute qui a coupé le peloton en deux dans un rétrécissement à l'approche de la côte de Mont-le-Soie.
Pogacar va désormais se tourner vers la conquête du Tour d'Italie en mai et son objectif de devenir le premier coureur depuis Marco Pantani en 1998 à gagner la même année le Giro et le Tour de France, un exploit qui ajouterait encore à sa légende.
En attendant, il a pris sa revanche sur le sort à la Doyenne et empoché, à seulement 25 ans, sa sixième victoire déjà dans un Monument pour revenir à hauteur de Van der Poel au palmarès des plus grandes classiques.
L.Muratori--NZN