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Romain Bardet, le meilleur des autres derrière l'extra-terrestre Tadej Pogacar, a signé sur Liège-Bastogne-Liège sa meilleure performance dans un monument du cyclisme, 2e, s'insérant sur un podium royal entre le prodige slovène et le champion du monde Mathieu van der Poel, dimanche.
On attendait la jeune et prometteuse génération française des Kévin Vauquelin (2e de la Flèche Wallonne mercredi) ou Romain Grégoire (12e à Huy il y a huit jours) pour tenter de contrarier l'ogre "Pogi". C'est finalement le vétéran de 33 ans qui se sera le plus mis en évidence.
"Je suis forcément très heureux. Ce podium, ce sera une belle photo à montrer à mon fiston", s'est réjoui l'Auvergnat, en larmes à l'arrivée.
"J'ai trop souvent été frustré à Liège où je me suis la plupart du temps senti bien mais sans réussir le résultat espéré", a-t-il poursuivi à propos d'une course qu'il avait pourtant terminée en 3e position en 2018 après sa 6e place l'année précédente.
Sur le déroulement de la course, le coureur qui avait quitté sa formation historique AG2R pour rejoindre en 2021 la structure néerlandaise DSM, a expliqué avoir profité de "son expérience du parcours" qui a "peut-être manqué à (ses) jeunes compatriotes".
"C'était plutôt cool de me retrouver en chasse derrière Pogacar avec Benoît (Cosnefroy) qui est un ami et Romain (Grégoire) dont la talent est réel. Mais j'ai choisi de prendre un coup d'avance dans la côte de la Roche-aux-Faucons", a expliqué Bardet.
- "Plus l'âge" -
"Je savais que prendre les devants au sommet de cette difficulté, même avec quelques petites secondes d'avance, pourrait se révéler décisif car les meilleurs se regardent souvent à cet endroit. J'ai vraiment eu des frissons à l'entame de cette côte où l'ambiance est toujours fantastique", a-t-il ajouté.
Alors que les Français ont souvent été aux avant-postes avec trois top-10 à l'arrivée (Aurélien Paret-Peintre, 5e, et Valentin Madouas, 7e), Bardet s'est réjoui de la course de ses compatriotes.
"On a beaucoup parlé de la jeune génération ces derniers jours mais j'ai passé l'âge pour les chamailleries. Je suis content de voir que ça pousse derrière les anciens", a assuré un coureur longuement et chaleureusement félicité par le directeur de course Christian Prudhomme à l'arrivée.
"Il n'y a aucune compétition entre Français. C'est bien cette émulation avec ces jeunes qui sont bien formés. Ils ont pour la plupart les qualités physiques pour une belle carrière. Aujourd'hui, certains ont juste manqué d'expérience alors que moi, je courrais ma 10e ou 11e Doyenne", a encore analysé le 2e du Tour de France 2016, 3e l'année suivante.
A 33 ans, même s'il n'a pas beaucoup levé les bras au cours de sa carrière (15 succès professionnels), Romain Bardet "a toujours cru être capable de signer des performances comparables à celle" de ce dimanche.
"Mes données (physiques) sur le vélo sont toujours excellentes. A vrai dire, je ne me suis jamais senti aussi fort mais mes adversaires d'aujourd'hui sont plus forts qu'à mes débuts. Ce dimanche, Tadej était clairement inaccessible. Ce gars est vraiment à part", a-t-il conclu.
Le Français n'est pas pour autant certain d'être encore en course en 2025, torturé entre son désir de profiter de ses bons restes et l'envie de terminer au sommet, sans faire la saison de trop.
T.Gerber--NZN