AEX
-6.5800
La grève des contrôleurs aériens prévue jeudi devrait conduire à des annulations de vol en pagaille un peu partout en France, alors que le principal syndicat des aiguilleurs du ciel menace déjà d'une nouvelle grève pour le pont de l'Ascension les 9, 10 et 11 mai.
Le mouvement sera "très fortement suivi" jeudi, a prévenu mardi le président de la principale organisation regroupant les principales compagnies aériennes françaises, Pascal de Izaguirre, qui s'attend à un nombre "considérable" d'annulations de vols en pleines vacances scolaires de printemps sur une partie du pays.
"On nous a parlé de 75% [de vols supprimés] à Orly et de 65% à Roissy-Charles de Gaulle. Ça aura un impact énorme", a annoncé le président de la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam).
Les chiffres exacts seront précisés en fin d'après-midi par la direction générale de l'aviation civile (DGAC).
Outre les annulations, il faut s'attendre à "de très gros retards", a indiqué à l'AFP un secrétaire national du Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA, majoritaire), sous couvert d'anonymat.
L'ensemble des syndicats appellent à une grève après l'échec de négociations sur les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien en France.
- Nouvelle grève en vue ? -
Face à l'échec des négociations, le SNCTA a même déposé un deuxième préavis de grève, sur trois jours cette fois-ci et en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai.
Dans un communiqué, il a déploré l'échec des discussions "notamment sur la question de l'accompagnement social" et donne à nouveau 15 jours aux pouvoirs publics pour "s'inscrire dans la recherche de solutions" avant de mettre sa menace à exécution.
La réforme discutée vise à "augmenter la productivité", selon un responsable du SNCTA. Le syndicat souhaite "accompagner cette recherche de performance" via des hausses de salaires qui les feraient converger vers les "standards sociaux européens", selon la même source.
D'après le syndicat, ces hausses de salaires seraient indolores pour le contribuable français car intégralement financées par les compagnies aériennes qui versent une redevance à la DGAC. Un argument battu en brèche par le patron de la Fnam, qui est également PDG de Corsair.
Ce coût supplémentaire "serait répercuté in fine sur le passager", a expliqué Pascal de Izaguirre. Sans compter la perte de compétitivité pour les compagnies françaises qui supportent majoritairement cette contribution, a souligné le dirigeant.
D'après M. de Izaguirre, la France est championne d'Europe des grèves du contrôle aérien avec un impact sur les finances du secteur aérien européen de 800 millions d'euros pour la période 2018-2022, dont 624 millions pour la France seulement.
A titre de comparaison, à la deuxième place de ce classement on retrouve l'Italie où les grèves ont représenté un manque à gagner de 147 millions d'euros sur la même période, puis la Grèce, avec 22 millions d'euros, toujours selon les chiffres avancés par la Fnam.
- Pas de grève pendant les Jeux -
En septembre 2023, le SNCTA et l'Unsa ICNA, deuxième syndicat parmi les aiguilleurs du ciel, avaient décrété une trêve olympique, promettant de ne pas faire grève pour des raisons salariales d'ici à la fin des Jeux olympiques (26 juillet au 11 août) et paralympiques (28 août au 8 septembre).
"On découvre qu'elle n'était que partielle", a ironisé Pascal de Izaguirre, confiant tout de même ne pas être inquiet pour la période de compétition elle-même. Lundi, un responsable du SNCTA a répété qu'il n'était pas question de faire grève pendant les Jeux.
Le cadre juridique des grèves de contrôleurs aériens a été récemment réformé, une loi promulguée fin 2023 avec le soutien du SNCTA imposant à tout agent aérien de déclarer individuellement sa participation à un mouvement de grève au plus tard à midi deux jours auparavant, soit ce mardi midi dans le cas présent.
Le trafic aérien a été très perturbé par des grèves d'aiguilleurs du ciel début 2023, lors du conflit sur les retraites en France. Ces mouvements sociaux affectent aussi les survols du territoire, ce qui suscite l'ire des compagnies étrangères.
A.Weber--NZN