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Face à l'Angleterre quintuple tenante du titre, la France, qui espère remporter son premier Tournoi des Six nations féminin depuis 2018, "va aller au combat", a promis la deuxième ligne des Bleues Madoussou Fall, de retour comme titulaire pour honorer sa 30e sélection samedi à Bordeaux.
QUESTION: Votre famille vous destinait plutôt au basket. Qu'est-ce qui vous a plu dans le rugby?
REPONSE: "J'ai découvert le rugby en CM2, pendant une initiation alors que je ne savais même pas que ce sport existait. Dès la première séance, je me suis sentie super bien et j'ai été forte de suite, grâce à mon grand gabarit, les garçons me voulaient direct dans leur équipe donc j'étais contente! Ensuite, j'ai tout appris au sein de l'association Drop de Béton, des minimes aux cadettes. Ma famille ne comprenait pas comment je pouvais aimer pousser, me faire plaquer. Or, sauter en touche, plaquer, se relever, repartir... Ce sont ces enchaînement de tâches qui me plaisent car c'est varié. Et surtout, j'aime franchement le combat!".
Q: Lors du Tournoi 2022, vous avez été nommée parmi les meilleures joueuses du Tournoi. Quel souvenir gardez-vous de la défaite à Bayonne face à l'Angleterre (24-12, ndlr)?
R: "Cela m'a énormément marquée parce qu'on était sorti de ce match-là en se disant +en fait, on pouvait le faire+. Quand on a vu le trophée, on a pensé +c'est nous qui devrions le soulever+. A chaque fois contre elles, on perd de très peu, mais celui-là était vraiment marquant".
Q: Vous étiez absente sur blessure du Tournoi 2023. C'est un sentiment de revanche qui vous anime cette année?
R: "Non, je ne suis pas du tout frustrée d'avoir été forfait l'an dernier. Quand on fait du sport de haut niveau, cela passe par des blessures et il faut les accepter. Plus je prends de l'âge et de l'expérience, plus je reste dans le positif, dans une position de combattante. C'est une autre saison et je me donne les moyens de la vivre pleinement. Cette finale, on l'attendait, ce sera à la maison, devant toute ma famille et mes amis, c'est un gros enjeu pour moi et pour nous toutes".
Q: Comment se prépare-t-on mentalement à un "Crunch"?
R: "Depuis le début du Tournoi, on a un +prépa+ mental, avec une séance collective une fois par semaine où on parle de nos émotions, de ce qu'on a ressenti sur le terrain, de comment on peut en faire abstraction ou mieux les gérer. Cela nous aide vachement à nous recentrer, à régler ces émotions pour ne pas qu'elles empiètent sur notre jeu. Après, moi, je n'angoisse pas énormément, j'accepte les choses comme elles viennent. Et dans les vestiaires, j'écoute de la musique".
Q: L'équipe a-t-elle réglé ses problèmes en touche, un secteur dans lequel elle a péché lors des premiers matches?
R: "Tout à fait. On a fait des retours vidéo, on a regardé pourquoi cela n'avait pas fonctionné. Ce sont juste des petits détails et on s'ajuste sur ce qui ne va pas. Tout en restant sereines, parce qu'en fait, on sait faire. Notre force, c'est de se recentrer sur nous, se dire qu'on est de très bonnes joueuses et qu'on va aller au combat!".
Q: Vous avez récemment apporté votre soutien aux joueuses de votre ancien club de Bobigny, victimes d'injures racistes...
R: "Quand j'ai vu ça, je n'ai pensé à rien d'autre que de le reposter sur mes réseaux sociaux, parce que ras-le-bol! J'ai moi-même subi ça à Bobigny, et ce n'est pas possible que depuis trois ans que j'en suis partie, ça existe encore! Là, vraiment, il faut que les choses changent! De l'avoir fait leur a donné de la voix. Ce genre de situation n'est pas normale du tout, on en vraiment marre, donc j'espère que le message est passé. En tant que joueuse du XV de France, c'est l'un de mes combats aussi".
Propos recueillis par Laure BRUMONT.
U.Ammann--NZN