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Il aura 21 ans en juin et vient du Botswana, un pays d'Afrique australe réputé pour ses diamants. Mais aux Jeux olympiques de Paris, c'est l'or que visera Letsile Tebogo, premier Africain médaillé sur 100 m en championnat du monde l'an passé.
L'athlète, qui s'était emparé de l'argent sur 100 m et du bronze sur 200 m aux Championnats du monde à Budapest, a terminé deuxième le 20 avril à Nairobi, sur sa distance préférée, le 200 m, lors du Kip Keino Classic. Avec l'Américain Courtney Lindsey, ils ont affiché un temps identique de 19 sec 61. "Je ne suis pas déçu par ma performance", a réagi Tebogo, rappelant qu'il avait "une longue saison devant lui".
Tebogo, qui s'est aussi distingué en établissant en février à Pretoria un nouveau record du monde du 300 mètres (30.69) - une distance guère pratiquée -, est convaincu que les sprinteurs africains vont dominer la saison, avec en point d'orgue les Jeux olympiques cet été à Paris (26 juillet - 11 août).
"Je suis l'homme le plus rapide d'Afrique sur 200 m", a-t-il rappelé la semaine dernière en conférence de presse, avec le meilleur chrono continental sur cette distance, établi l'an dernier en 19.50 à Londres.
Son rêve? Devenir le premier Africain à remporter des courses autrefois dominées par son "idole", le Jamaïcain Usain Bolt. Depuis la retraite de la légende en 2017, qui a décroché huit médailles d'or olympiques, ce sont les Américains qui dominent le sprint masculin mondial.
"C'est la personne que j'admire le plus. Ce qu'il a accompli est incroyable. Chaque fois qu'il courait, je le regardais à la télé", raconte-t-il dans un entretien récemment accordé à l'AFP.
"Tout le monde se souvient d'Usain et j'aimerais que le public se souvienne de moi aussi quand je raccrocherai", dit le jeune homme basé à l'université de l'Oregon, sur la côte Ouest des États-Unis.
"Je n'ai pas besoin d'être le numéro un de tous les temps - faire partie des trois premiers suffira amplement", dit cet athlète ambitieux, élevé à Kanye, petite ville à 70 km de la capitale du Botswana, un pays enclavé et peu peuplé voisin de l'Afrique du Sud.
- "Etoile montante" -
Aucun autre Africain ne pouvait se vanter d'avoir terminé dans les trois premiers du 100 m lors d'un championnat du monde jusqu'à ce que Tebogo s'illustre à Budapest.
Le 20 août 2023, en finale du 100 m, il coupe la ligne en 9,88 secondes, à 30 centièmes du record du monde établi par Bolt en 2009, à 5/100e seulement de l'Américain l'Américain Noah Lyles, champion du monde. Cinq jours plus tard, il prend la troisième place du 200 m, à 29 centièmes du champion, Lyles encore.
Sa mère Seratiwa, ancienne athlète, s'était rongée les sangs à Budapest, où elle s'était rendue en catimini. "Toujours la crainte d'un faux départ, d'une disqualification, d'une élongation musculaire ou autre blessure", a-t-elle raconté à une radio locale du Botswana.
Tebogo, lui, était détendu, expliquant plus tard avoir eu l'esprit "clair", nécessité absolue pour faire une bonne course. "Je me détends en écoutant de la musique de mon pays. Outre la beauté, cela me rappelle d'où je viens et qui je représente".
"Le monde le considère comme une étoile montante de l'athlétisme", souligne sa mère, "mais lorsqu'il rentre au Botswana, c'est mon fils humble et respectueux."
Pratiquant le football enfant, comme tous ses camarades de classe, il se tourne rapidement vers l'athlétisme.
Tebogo brille lors de deux championnats consécutifs des moins de 20 ans, en 2021 au Kenya puis un an plus tard à Cali, en Colombie, où il remporte la finale du 100 m et termine deuxième sur 200 m. C'est là qu'il s'est mis à imiter Bolt, se retournant pour gesticuler et sourire au Jamaïcain Bouwahjgie Nkrumie, son daupin sur la ligne droite, au moment de franchir l'arrivée.
"Je ne voulais pas manquer de respect. J'avais envie que les téléspectateurs se régalent et leur rappeler ce que faisait Usain, à son époque", se justifie-t-il, en attendant d'écrire sa propre légende olympique.
L.Muratori--NZN