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Le combat d'Oleksandr Usyk contre Tyson Fury samedi à Riyad pour l'unification des ceintures des lourds fera du vainqueur le premier champion du monde incontesté de la catégorie depuis 25 ans. Celui-ci rejoindra un groupe restreint de champions incontestés.
Retour sur six de ces rois de la catégorie reine:
Jack Dempsey (champion incontesté de janvier 1921 à septembre 1926, 3 défenses de titre)
Le percutant et agressif Jack Dempsey devient le premier champion du monde officiel en 1921, lorsque l'American National Boxing Association et la puissante New York State Athletic Commission se mettent d'accord pour reconnaître un champion du monde.
Le "Tigre de Manassa", doté d'une droite surnommée "Iron Mike" et d'un crochet du gauche surnommé "Big Bertha", était devenu champion du monde "linéaire", dans le jargon de la boxe, "battant l'homme qui a battu l'homme" lorsqu'il avait matraqué Jess Willard le 4 juillet 1919, jour de la fête nationale américaine.
Son nouveau statut de champion officiel contribue à faire de sa première défense de titre, le 2 juillet 1921 à Jersey City contre le Français Georges Carpentier, le premier "combat à un million de dollars". Il défend son titre deux fois de plus, avant de s'incliner deux fois contre Gene Tunney et de prendre sa retraite.
Considéré comme l'un des plus grands poids lourds de l'histoire, il est aussi le premier à avoir bénéficié du statut d'idole.
Joe Louis (juin 1937-Mars 1949, 26 défenses)
Après la défaite de Jack Johnson contre Willard en 1915, aucun boxeur noir ne combat pour le titre mondial jusqu'en 1937, lorsque Joe Louis est choisi comme challenger officiel de James "Cinderella man" Braddock.
Louis met Braddock KO pour s'emparer du titre, qu'il défend à 26 reprises sur une période de plus de 12 ans, soit le règne le plus long d'un champion du monde des poids lourds. Son combat le plus fameux reste sans doute sa victoire au premier round contre l'Allemand Max Schmeling au Yankee Stadium en 1938.
Joe Louis était intelligent, calme, avec un bonne technique et un punch féroce. "Tout le monde a un plan jusqu'à ce qu'il soit frappé au visage", disait-il.
Rocky Marciano (septembre 1952-avril 1956, 6 défenses)
Après avoir servi au cours de la Seconde Guerre mondiale, Marciano, né Rocco Marchegiano connaît une carrière amateur peu glorieuse avant de devenir professionnel juste avant ses 25 ans, en 1948.
Plutôt petit (1,78 m) et léger (85 kg) pour un lourd, il compense ses points faibles par une mobilité et une puissance admirables, et se hisse au rang de champion du monde le 23 septembre 1952 en battant Jersey Joe Walcott.
Grâce à une droite terrible, il ne connaîtra pas le moindre accroc: six défenses victorieuses de titre, 49 victoires dont 43 avant la limite. Il se retire des rings en 1956 sans connaître la défaite.
Mohamed Ali (février-septembre 1964, février-avril 1967, octobre 1974-février 1978, 10 défenses)
Surnommé "The Greatest", Ali aurait pu dépasser Joe Louis au nombre des défenses de titre, mais en a été empêché en raison de son bannissement de la boxe entre mars 1967 et octobre 1970 pour avoir refusé de participer à la guerre au Vietnam.
L'enfant de Louisville, qui déclarera plus tard: "Je suis si méchant que je rends la médecine malade", avait déjà contrarié l'establishment américain quelques années plus tôt en changeant son "nom d'homme blanc", Cassius Clay, pour Mohamed Ali.
A 22 ans, il devient champion du monde aux dépens du redoutable Sonny Liston, mais se retrouve banni à 25 ans. Quatre ans plus tard, en 1971, il tente de reconquérir ses titres mondiaux, contre Joe Frazier, mais subit sa première défaite. Il faut attendre 1974 et sa victoire sur George Foreman lors du "Rumble in the Jungle", un combat qui met en évidence l'habileté, la ruse et le courage d'Ali, pour qu'il récupère ses couronnes. Il finit par perdre ses titres au profit de Leon Spinks en 1978.
L'histoire retiendra l'homme qui a bouleversé les conventions sur et en dehors du ring, avec son rare sens de la formule, son instinct de grand communicateur, son goût pour la provocation et son combat permanent contre l'ordre établi.
Joe Frazier (février 1970-janvier 1973, 4 défenses)
La trilogie de Joe Frazier contre Ali, souvent électrisante, a fait les beaux jours de la boxe en mettant aux prises deux grands champions aux styles et personnalités contrastés et aux opinions politiques opposées.
"Smokin' Joe" préférait les attaques rapprochées, mais ses déplacements constants le rendaient difficile à frapper. Lors de leur premier combat en 1971 --"Le combat du siècle"-- il terrasse Ali avec son crochet gauche dévastateur.
Lors de leur revanche de 1974, George Foreman avait pris le titre de Frazier. Cette fois-ci, Ali ne se contente pas de flotter comme un papillon, il s'accroche comme un crabe et gagne aux points. Lors du "Thrilla in Manilla" de 1975, Ali déclenche une rafale impitoyable dans la 13e reprise et l'arbitre stoppe le combat au round suivant. Frazier ne combattra plus que deux fois.
Mike Tyson (août 1987-février 1990, 6 défenses)
A 13 ans, Mike Tyson compte déjà 38 arrestations à son CV. En 1986, à 20 ans, quatre mois et 23 jours, il devient le plus jeune champion du monde des lourds de l'histoire.
Pendant plus de trois ans, son regard de requin, sa puissance de frappe phénoménale et sa fureur inaltérable inspirent la peur chez ses adversaires, jusqu'à ce que James Buster Douglas lui inflige son premier KO à Tokyo en 1990. La chute est alors brutale, marquée par un passage en prison, une suspension et la ruine.
La gloire, la déchéance, la rédemption et le come-back auront rythmé la vie plus grande que nature d'"Iron Mike".
W.O.Ludwig--NZN