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Vient-on d'assister au 116e et tout dernier match de l'inégalable carrière de Rafael Nadal au tournoi de Roland-Garros ? L'Espagnol aux 14 triomphes sur la terre battue parisienne a été poussé vers la sortie dès le premier tour par le N.4 mondial Alexander Zverev lundi.
Tant Iga Swiatek, N.1 mondiale et triple lauréate de Roland-Garros, que Jannik Sinner, N.2 mondial et vainqueur de l'Open d'Australie en janvier, ont connu une entrée en lice tranquille. La première, 6-1, 6-2 face à la qualifiée française Léolia Jeanjean, le second, 6-3, 6-3, 6-4 contre l'Américain Christopher Eubanks (46e).
La N.3 mondiale Coco Gauff a éjecté en 52 minutes la qualifiée russe Julia Avdeeva 6-1, 6-1. Stefanos Tsitsipas, N.9 mondial et un des joueurs en forme de la saison sur ocre, a lui dominé le Hongrois Marton Fucsovics (54e) 7-6 (9/7), 6-4, 6-1.
A minuit passée, le N.5 mondial Daniil Medvedev a écarté l'Allemand Dominik Koepfer (65e) 6-3, 6-4, 5-7, 6-3.
"Mais tout peut changer aujourd'hui. Et le premier jour du reste de ta vie". Faut-il voir un présage dans la chanson d'Etienne Daho, lancée sur le court Philippe-Chatrier quelques minutes avant l'entrée de Nadal sur le court de ses plus grands exploits, celui dont il avait fait sa forteresse depuis 2005 ?
Pour la première fois en 19 participations au Grand Chelem parisien, "Rafa" en a été chassé d'entrée, 6-3, 7-6 (7/5), 6-3 en un peu plus de trois heures par Zverev, un des candidats au trophée cette année sur la lancée de son titre à Rome.
Et rien ne garantit qu'il y reviendra.
- Objectif JO -
Comme en conférence de presse d'avant-tournoi, Nadal a répété qu'il y avait un "gros pourcentage" de chance qu'il s'agisse de son dernier Roland-Garros mais qu'il ne voulait pas l'affirmer "à 100%".
"Si c'était la dernière fois que je jouais ici, je suis en paix avec moi-même. Pendant presque 20 ans, j'ai tout essayé pour être prêt pour ce tournoi. Et ces deux dernières années, j'ai traversé vraisemblablement les moments les plus difficiles de ma carrière avec le rêve de revenir y jouer. Au moins, je l'ai fait", apprécie-t-il.
"Maintenant mon objectif principal est de jouer les JO" à Paris cet été, sur les courts de Roland-Garros, donne rendez-vous l'icône espagnole.
"Ensuite, il faudra voir comment je me sens, où en est ma motivation, comment se comporte mon corps, et si continuer de jouer a du sens", envisage-t-il.
Lancé dans un énième retour début 2024, mais rapidement stoppé dans son élan en Australie, encore reparti au combat tant bien que mal au printemps quand la terre battue, sa surface chérie, a déployé sa couleur orangée sur les courts, l'Espagnol aux 22 sacres en Grand Chelem a été rattrapé par la réalité lundi, à bientôt 38 ans. Pour une des très rares fois de ces 20 dernières années, il ne fêtera pas son anniversaire à Roland-Garros, le 3 juin.
Ovation crescendo, quand le speaker du stade a égrené les 14 années où le gaucher majorquin a été couronné sur la terre battue parisienne; applaudissements à tout rompre à la moindre occasion; des "Rafa" époumonés sur tous les rythmes: le public parisien a fêté et poussé Nadal.
Même Novak Djokovic, Carlos Alcaraz et Iga Swiatek ont pris place en tribunes.
- Pas encore décidé à dire stop -
Face à un des joueurs les plus en forme du moment, "Rafa", en tenue bleu ciel à l'opposé du ciel parisien, gris et pluvieux, qui a forcé à jouer toit fermé, s'est escrimé tant qu'il a pu, avec les moyens du bord.
Il y a eu ce regain d'énergie dans la deuxième manche, dans laquelle il a servi pour égaliser à un set partout. En vain. Il y a eu ce break d'entrée dans la troisième, comblé immédiatement par Zverev.
Il y a eu beaucoup de mieux par rapport au Nadal des dernières semaines, des fulgurances aussi, mais pas assez de régularité pour tenir tête au grand Allemand. Même sur sa terre sacrée, la montagne Zverev a été infranchissable pour Nadal.
Deux ans après sa sérieuse blessure à une cheville survenue en pleine demi-finale contre le champion espagnol Porte d'Auteuil, l'Allemand de 26 ans a pris une convaincante revanche.
Au deuxième tour, il affrontera soit le jeune Français Giovanni Mpetshi Perricard (66e), soit le Belge David Goffin (115e).
Nadal n'a plus gagné le moindre trophée depuis son dernier sacre à Roland-Garros en 2022, au bout d'une quinzaine alors traversée dans des conditions invraisemblables, pied gauche anesthésié pour contenir la douleur provoquée par le mal chronique dont il souffre depuis l'âge de 18 ans (syndrome de Müller-Weiss). Il a très peu joué depuis, tant son corps a craqué de toutes parts : moins de 30 matches en deux ans. "Mon corps, c'est la jungle", résume-t-il.
Mais, pour l'instant, "Rafa" n'est pas décidé pour de bon à dire stop. Jusqu'à quand ? "Rester debout mais à quel prix", chante Etienne Daho.
O.Hofer--NZN