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De nombreux chauffeurs de VTC vont profiter de l'afflux de visiteurs en France pendant les Jeux olympiques, même si l'été risque de s'annoncer compliqué sur les routes.
Les JO de Paris misent largement sur les transports publics, mais les plateformes de voitures de transport avec chauffeur (VTC) comptent aussi voir leur activité augmenter fortement.
Pour le leader du secteur Uber comme pour son principal concurrent Bolt, il s'agit avant tout d'avoir assez de chauffeurs pour répondre à la demande, notamment depuis les aéroports et les gares, et vers les sites olympiques. En évitant les attentes trop longues et les courses refusées ou annulées.
Les chauffeurs vont se mobiliser: 90% des Franciliens devraient notamment rester à leur poste, contre 65% des conducteurs de la région pour un été normal, selon un sondage d'Uber. Ils sont normalement nombreux à prendre leurs vacances ou migrer vers les zones touristiques comme la Côte d'Azur.
Un tiers des chauffeurs non-franciliens interrogés par Uber prévoient par ailleurs d'aller travailler à Paris pour profiter des JO. La plateforme les y encourage avec des bonus allant jusqu'à quelques centaines d'euros, a indiqué sa direction française à la presse.
Certains se positionneront aussi près d'autres sites olympiques à Lyon, Nice ou Nantes, par exemple.
- Hausses et promotions -
Du côté de Bolt, 75% des chauffeurs interrogés voient les JO comme une opportunité d'augmenter leurs revenus. La moitié d'entre eux travailleront plus que d'habitude.
Il s'agira aussi d'être au bon endroit au bon moment: Uber comme Bolt renforceront les incitations versées aux chauffeurs pour qu'ils se rendent dans les zones les plus fréquentées, comme les sites olympiques ou les gares parisiennes.
Avec cette forte demande, Uber s'attend à voir les tarifs des courses (qui fluctuent selon l'offre et la demande) augmenter de 10 à 15%. Mais cette augmentation sera "compensée par des promotions", promet Laureline Serieys, directrice d'Uber en France.
"Si on veut faire plaisir aux chauffeurs (avec des tarifs supérieurs) on risque d'avoir moins de trajets", poursuit Mme Serieys. "On sait que c'est un moment où beaucoup de visiteurs vont découvrir l'application."
La plateforme compte notamment promouvoir son offre économique, qui regroupe dans un même véhicule plusieurs clients aux destinations proches.
"Les prix vont forcément augmenter", décrit Julien Mouyeket, le directeur de la plateforme en France. Notamment pendant les épreuves avec des athlètes français, et il faudra beaucoup de chauffeurs disponibles pour qu'ils restent abordables.
47.000 chauffeurs de VTC étaient actifs en France en 2022, dont 81% en Ile-de-France, selon les derniers chiffres de l'Observatoire national des transports publics particuliers de personnes. Mais de nombreux conducteurs ont obtenu leur carte professionnelle depuis.
Bolt a récemment multiplié les opérations de recrutement dans plusieurs villes françaises, pour aider par exemple les nouveaux chauffeurs à trouver un véhicule.
- Voies réservées -
Le géant Uber a un coup d'avance sur les clients américains et asiatiques, reconnaît M. Moukeyet. Mais Bolt va multiplier les opérations de communication sur les voitures, près des aéroports et en ligne pour séduire la clientèle européenne.
La plateforme française Heetch, de son côté, mise plutôt sur ses clients habituels, les Franciliens qui auront besoin de se déplacer depuis ou vers la banlieue.
"Les touristes vont plutôt prendre des trajets dans Paris intramuros, où il sera difficile de circuler, et ce sera probablement assez peu rentable pour les chauffeurs", estime Simon Dabadie, directeur général de Heetch pour l'Europe.
Pourra-t-on en effet rouler dans les rues de Paris, avec toutes ces zones olympiques interdites à la circulation?
"C'est un grand bordel organisé", et "on ne sait pas à quelle sauce on va être mangés", commente Karim Daoud, de l'Association des VTC de France. Il craint lui aussi des courses rallongées et donc peu rentables.
Les conducteurs de VTC ont finalement eu accès aux zones près des sites de compétition. Mais ils continuent à dénoncer un avantage laissé aux 20.000 taxis parisiens: contrairement à eux (et aux transports en commun), les VTC n'ont pas accès aux voies olympiques, réservées sur les voies de gauche de plusieurs grands axes franciliens, dont le périphérique parisien.
Il reste également un point de blocage autour des gares SNCF, où les plateformes de VTC doivent encore déterminer avec la préfecture et la mairie où elles déposeront ou récupèreront leurs clients.
R.Bernasconi--NZN