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A la barre, le skipper Armel Le Cléac'h prend le large. Derrière lui, depuis le cockpit, Marie-José Pérec et Alexis Michalik règlent les voiles. L'équipage chargé de convoyer la flamme olympique jusqu'en Guadeloupe a fait ses derniers repérages en Bretagne, quelques jours avant le départ.
Au large de Lorient, à bord du Maxi Banque Populaire XI - l'un des trimarans les plus rapides au monde -, Armel Le Cléac'h guide quatre marins en herbe: la championne olympique Marie-José Pérec, le dramaturge Alexis Michalik, l'ex-Miss France aujourd'hui médecin Marine Lorphelin et le chef cuisinier Hugo Roellinger.
En salopette jaune et veste noire, l'équipage découvre l'Ultim de 32 mètres sur lequel ils quitteront Brest le 7 juin pour traverser l'Atlantique en sept jours et demi.
Sous les nuages, vent cinglant pris de face, le bateau volant file à 40 noeuds (environ 75 km/h). Quelques secousses agitent la cabine, mais l'équipage est à la manoeuvre.
Tour à tour, ils se mettent à la barre - debout, le corps dans le cockpit, la tête à l'air libre -, manient les winchs (pour hisser ou régler les voiles), se familiarisent avec les gestes qu'ils effectueront nuit et jour.
- "Fierté" -
La flamme sera nichée sous le pont, au sec, dans une lanterne, et installée de manière à encaisser les mouvements du bateau.
"Transporter la flamme à travers l'Atlantique, on ne vivra ça qu'une seule fois. C'est une grande responsabilité et une immense fierté. On ne peut pas se rater", affirme Armel Le Cléac'h, qui sera accompagné pour ce "Relais des Océans" de Sébastien Josse, son partenaire lors de la Transat Jacques Vabre gagnée en 2023.
A l'arrivée à Pointe-à-Pitre, le 15 juin, c'est Marie-José Pérec qui la première doit porter la flamme à terre.
"C'est une grand émotion. Dans les Antilles, on se sent parfois loin de la métropole. Y emmener la flamme, c'est le plus beau geste que l'on pouvait faire. Il prouve la portée universelle de ces Jeux", affirme l'athlète guadeloupéenne.
Le président de Paris-2024 Tony Estanguet, l'escrimeuse Laura Flessel, la nageuse Coralie Balmy, le skipper Kéni Pipérol-Dampied et le surfeur Thomas Debierre feront ensuite le voyage entre la Guadeloupe et la Martinique.
- Scénario catastrophe -
Après leur entraînement sur l'océan, les quatre marins de l'équipe transatlantique ont suivi un stage de préparation et de survie. Où dormiront-ils ? Dans des banettes, sous le pont, par tranches de trois heures. Où se doucheront-ils ? A l'arrière du bateau, avec un jet solaire.
"Le mal de mer, il faut s'accrocher, ça finit toujours par passer", promet Manuel Guédon, formateur sécurité maritime au Cepim de Plougoumelen.
Et que faire si l'un d'eux tombe à la mer ? Ou si le bateau est en détresse ?
Dans l'eau, en combinaison étanche bleue, capuche orange, les deux skippers et les quatre marins nagent de concert vers un radeau pneumatique jaune et rouge.
"Evidemment c'est un scénario catastrophe mais avant d'embarquer il vaut mieux tout envisager", explique Armel Le Cléac'h. Lui a déjà dû gonfler son radeau au beau milieu d'une course: en 2018, lorsque son bateau avait cassé au large des Açores pendant la Route du Rhum, il l'avait utilisé pour rejoindre le bateau de pêche venu à son secours.
A l'approche du départ, Alexis Michalik se réjouit de s'être confronté à de "premières sensations" pendant l'entraînement. "Il va y avoir des moments extraordinaires et des moments plus durs. On ne part pas pour une croisière", sourit-il.
Lui qui a joué le rôle du navigateur Olivier de Kersauson dans le film "Flo" (2023), inspiré de la vie de Florence Arthaud, ne pensait pas se retrouver un an plus tard à bord d'un voilier lancé "pour de bon", à travers l'Atlantique.
O.Krasniqi--NZN