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Sur quelle note la meilleure génération du football suisse tirera-t-elle sa révérence ? Quarts de finaliste du dernier Euro, la Nati et ses cadres, titrés en clubs, arrivent pourtant en Allemagne en catimini, après des qualifications poussives.
Il y a trois ans, rares étaient ceux qui voyaient ce petit pays de six millions d'habitants, épris de ski et de hockey autant que de ballon rond, sortir les Bleus champions du monde en huitièmes de finale après avoir remonté deux buts de retard à quinze minutes de la fin.
En faisant exulter jusqu'aux villages de montagne, le "miracle de Bucarest" du 29 juin 2021 avait fracassé le plafond de verre d'une sélection incapable de remporter le moindre match à élimination directe depuis 1938 en phase finale d'une grande compétition.
Artisans majeurs de cette épopée, le capitaine Granit Xhaka, 31 ans, le gardien Yann Sommer, 35 ans, et le défenseur central Manuel Akanji, 28 ans, porteront plus que jamais la Nati dans ce nouveau tournoi, forts des galons gagnés depuis cet exploit.
Entre robustesse physique, passes au laser et hargne désormais maîtrisée, Granit Xhaka se présente à l'Euro dans la forme de sa vie, porté par une saison historique au Bayer Leverkusen, champion d'Allemagne sans perdre un match, vainqueur de la Coupe d'Allemagne et finaliste de la Ligue Europa.
- "La plus titrée individuellement" -
Le milieu a été désigné deuxième "joueur le plus impactant" de la saison par l'Observatoire du football de Neuchâtel, derrière l'Espagnol de Manchester City Rodri, grâce à sa régularité dans la distribution du jeu comme dans la récupération.
"C'est le patron en Suisse et à Leverkusen. Je préférerais ne pas le voir dans le match de groupe contre nous à l'Euro", saluait en décembre Rudi Völler, directeur sportif de la fédération allemande et champion du monde 1990.
Dernier adversaire de la Nati dans le groupe A, le 23 juin, après la Hongrie (15 juin) et l'Ecosse (19 juin), l'Allemagne ne risque pas de sous-estimer les Suisses, dont nombre de joueurs sont passés par la Bundesliga.
C'est le cas de Manuel Akanji, à Dortmund de 2018 à 2022 avant de rejoindre Manchester City pour y réussir dès sa première saison le doublé championnat/Ligue des champions, et de Yann Sommer, à Mönchengladbach puis au Bayern (2014-2023) avant de remporter la Serie A avec l'Inter Milan.
Murat Yakin, nommé sélectionneur en 2021 juste après l'Euro, "dispose de l'équipe de Suisse la plus titrée individuellement de son histoire", résumait récemment dans le quotidien Blick David Lemos, commentateur de la Nati pour la RTS.
Alors pourquoi s'avancer avec une discrétion qui contraste avec les ambitions affichées lors du Mondial-2022, lorsque Xhaka clamait vouloir être champion du monde ?
- L'inconnue Embolo -
Parce qu'en phase finale, la Nati reste sur la gifle (6-1) infligée en huitièmes de finale du Mondial par le Portugal. Une déroute également tactique, les changements fréquents du système défensif imposés par Murat Yakin n'y étant sans doute pas étrangers.
"Certaines incompréhensions étaient déjà perceptibles au Qatar", rappelle David Lemos, pour qui les cadres "pourront tout autant devenir les meilleurs alliés de Yakin que ses premiers contradicteurs dans le vestiaire".
S'en est suivie une campagne de qualification décevante (4 victoires, 5 nuls, 1 défaite), achevée à la deuxième place du groupe I derrière la Roumanie, sans se rassurer sur le plan offensif.
L'attaque demeure l'incertitude majeure, renforcée par les interrogations concernant l'état de forme de Denis Zakaria et Breel Embolo, de l'AS Monaco.
Embolo revient à peine après une rupture des ligaments croisés subie en août dernier, et Zakaria a été victime d'une déchirure aux ischio-jambiers à l'entraînement le 1er mai.
Ils figurent néanmoins dans un premier groupe de 38 joueurs actuellement en stage de préparation.
"Un Euro, ce n'est pas qu'un match", a rappelé Pierluigi Tami, directeur des équipes nationales. "Breel et Denis sont deux joueurs importants (...) Murat et le staff vont tout faire pour les prendre".
Auteur de 30 buts avec la Nati, capable de débloquer n'importe quel match sur une inspiration, Xherdan Shaqiri affiche, lui, une forme très incertaine après deux saisons en pointillés à Chicago. A peine arrivé en Suisse, le fantasque ailier de 32 ans s'est plaint d'une douleur au mollet.
E.Schneyder--NZN