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Scruter les résultats d'analyses bactériologiques de l'eau et le "courant de dingue" de la Seine: à moins de cinquante jours de la cérémonie d'ouverture des JO, la tension monte et les autorités publiques ont les yeux rivés sur la météo qui perturbe les préparatifs.
Le printemps ultra-pluvieux de ces dernières semaines a déjà fait reporter plusieurs répétitions de la cérémonie d'ouverture. Si la météo ne fait pas des siennes, elles se dérouleront la semaine du 17 juin.
"Cela ne sert à rien de faire une répétition dans des conditions météo qui ne sont pas semblables à celles du mois de juillet", répètent en coeur le comité d'organisation et la préfecture de région Ile-de-France.
Le mois de mai très pluvieux fait cracher le fleuve à un débit de 400 mètres cubes secondes...
Pendant ce temps, les tribunes temporaires des sites olympiques se montent dans Paris, et le chrono avance vers les JO (26 juillet-11 août) qui s'ouvrent dans 49 jours.
A peine une éclaircie et de nouveaux nuages de pluie sont annoncés. Et les fortes pluies peuvent faire déborder les égouts ce qui souille la Seine.
Les nageurs français qui devaient faire trempette lundi pour se familiariser avec le fleuve entre Iena et le Pont Alexandre III ont reporté le bain à plus tard.
Ils s'entraîneront et crawleront ailleurs avant de se rendre aux championnats d'Europe à Belgrade.
"Il est logique qu'on ne pouvait pas nager parce qu'il y a un courant de dingue", a expliqué à l'AFP Stéphane Lecat, patron de la nage en eau libre, qui n'est toutefois "pas inquiet" pour cet été.
- "Dangereux de se baigner" -
Idem pour le bain de la maire de Paris, puisqu'Anne Hidalgo a prévu d'enfiler le maillot pour tester l'eau de la Seine. Le 23 juin, date de la journée olympique, avait été évoquée il y a quelques semaines. C'est le dimanche suivant qui tient maintenant la corde.
En cause: "le débit très fort du fleuve", a expliqué la mairie à l'AFP. Mais aussi la qualité de l'eau sur laquelle ont prévu de faire le point la semaine prochaine.
Ce serait "dangereux de s'y baigner", glisse-t-on à la préfecture de région IDF.
Les analyses de début juin "ne seront pas bonnes", préviennent en coulisses tous les acteurs, qui jurent en privé ne pas paniquer.
Les déclarations à l'AFP de la championne olympique en titre de natation en eau libre, la Brésilienne Ana Marcela Cunha, estimant que la qualité de l'eau de la Seine était "une préoccupation" et appelant à "un plan B" début mars avaient bien irrité les autorités françaises. Non, il n'y a pas de plan B pour nager, répètent-ils, seuls des jours de report sont prévus.
- "Un sacré pari"-
En mai, l'association Surfrider qui a fait ses propres relevés, a noté que les taux de la bactérie E.Coli toujours supérieurs aux normes exigées par la fédération internationale de natation notamment au niveau du Pont Alexandre III, en plein coeur de Paris.
C'est là qu'auront lieu la course de nage en eau libre (8 et 9 août) et l'épreuve de triathlon (30 juillet et 5 août).
L'été dernier, le test de nage en eau libre avait été annulé car la Seine était trop polluée suite à une épisode pluvieux inhabituel. L'Etat, les collectivités misent sur les équipements mis en place pour éviter une telle déconvenue et ont mis 1,4 milliard d'euros pour permettre in fine au grand public de se baigner dans la Seine en 2025.
L'usine de traitements des eaux pluviales située à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) a été mise en route en avril par exemple.
A cette occasion, Emmanuel Macron, a lui aussi promis que l'eau de la Seine "sera propre" et qu'il s'y baignerait.
Autre équipement, mis en route en fin de semaine dernière: le bassin de rétention des eaux pluviales et usées d'Austerlitz, d'une capacité de 50.000 mètres cubes.
Objectif: absorber le trop plein pour ne pas qu'il aille salir l'eau de la Seine.
Mais tout le monde le sait: en cas de pluie intenses, ces équipements ne suffiront pas.
"C'est sûr que c'est un sacré pari", résume une source politique à l'AFP .
J.Hasler--NZN