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Cette fois, Carlos Alcaraz n'a pas craqué: alors qu'il avait été tétanisé l'an dernier contre Novak Djokovic, l'Espagnol a parfaitement maîtrisé ses nerfs vendredi pour battre le futur N.1 mondial Jannik Sinner et se hisser pour la première fois en finale de Roland-Garros où il affrontera Alexander Zverev.
Après trois échecs consécutifs en demies, l'Allemand de 27 ans s'est en effet lui aussi enfin qualifié pour la finale du Majeur sur terre, aux dépens du double finaliste sortant Casper Ruud.
"Il faut trouver le bonheur dans la souffrance. Surtout sur terre battue et ici, à Roland-Garros": les premiers mots d'Alcaraz, après 4h09 de lutte pour s'imposer 2-6, 6-3, 3-6, 6-4, 6-3 face à l'Italien, en disent long sur l'effort fourni. Tout comme le temps passé les bras au ciel avant de venir donner l'accolade à son adversaire, puis le long hurlement de joie et de soulagement.
Annoncé quasiment comme une finale avant l'heure, ce duel a tenu ses promesses pas tant pour son niveau, malheureusement trop inconstant, mais pour sa dramaturgie.
L'Italien a entamé la partie à un niveau absolument stupéfiant, au point de pousser Alcaraz à laisser paraître des signes d'énervement et/ou de frustration.
Mais Sinner n'a pas su maintenir ce niveau tout le match, permettant à son adversaire de ne pas sombrer dans le doute après la perte du premier set et au contraire de continuer à y croire.
- "Le plus dur" -
"C'est probablement le match le plus dur de ma carrière. Les deux matchs les plus difficiles de ma jeune carrière, je les ai joués contre Jannik, avec également l'US Open 2022", a souligné le N.3 mondial en référence au quart de finale de Flushing Meadows qu'il avait remporté en cinq sets (dont deux sont allés au tie breaks) avant de soulever son premier trophée du Grand Chelem quelques jours plus tard.
Vendredi, Sinner a joué à un tel niveau dans le premier set, capable de prendre les balles si tôt que l'énorme lift d'Alcaraz ne le gênait pas, que le public pétrifié a imaginé une issue plus rapide et à sens unique que prévu.
Mais petit à petit, Sinner a montré des signes de faiblesse physique et le sniper du premier set a commencé à mettre des balles à côté de la cible. La qualité du jeu a globalement baissé.
"J'ai vu qu'il avait des problèmes, a confirmé Alcaraz. Dans le troisième set, on a eu des crampes tous les deux. Mais j'ai appris de mon match l'an dernier contre Djokovic. Quand c'est comme ça, il faut rester calme et continuer de se battre parce que les crampes vont disparaître".
Pour sa part, Sinner a dû se faire masser le bras droit puis les deux cuisses au cours du troisième set avant de le remporter.
Finalement, c'est avec ses coups en toucher (amorties et lobs souvent combinés) qu'Alcaraz aura le plus déstabilisé Sinner.
- Souvenirs souvenirs -
"Je suis très heureux de ce que j'ai fait aujourd'hui: attendre le bon moment et savoir le saisir lorsqu'il s'est présenté à la fin", s'est félicité Alcaraz.
Comme si c'était une finale, sauf que ce n'était qu'une demie...
Car il faudra encore se mesurer dimanche à Zverev (4e) qui a enfin passé l'obstacle des demies en prenant sa revanche sur Ruud.
"Je ne peux pas décrire l'émotion. J'ai tellement de souvenirs sur ce court, de très bons, mais également de très mauvais", a commenté Zverev en référence notamment à la demi-finale de 2022 lorqsu'il avait quitté le court en fauteuil roulant avant la fin du deuxième set après s'être gravement tordu la cheville et tandis qu'il menait la vie dure à Rafael Nadal.
Zverev, arrivé à Paris fort d'un titre à Rome, s'est imposé 2-6, 6-2, 6-4, 6-2 face à Ruud -il est vrai diminué physiquement- qui l'avait balayé au même stade l'an dernier.
"Casper est trop fort pour jouer passivement. L'an dernier je l'avais fait et j'avais perdu trop facilement. Cette année je l'ai fait dans le premier set et j'ai perdu trop facilement. Alors il fallait que je sois plus agressif", a expliqué Zverev.
La finale dimanche donnera un vainqueur inédit depuis Stan Wawrinka en 2015.
D.Graf--NZN