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"Faire comme entraîneur la carrière que je n'ai pas eue en tant que joueur": ancien meneur de jeu correct, le Finlandais Tuomas Iisalo a rapidement mué en technicien à succès, en Allemagne puis avec le Paris Basketball, qu'il a mené cette saison vers les sommets.
Opposé dimanche à l'AS Monaco (1-1 dans la série au meilleur des cinq matches) à Paris, le club parisien peut faire un pas vers le titre de champion, dernière pierre d'un incroyable triplé pour une formation qui dispute les premiers play-offs de sa jeune histoire (création en 2018).
Cette brutale irruption sur la scène hexagonale et européenne porte le sceau d'Iisalo, débauché par le président David Kahn à l'intersaison de Bonn (Allemagne) en compagnie de six joueurs, dont le MVP de la saison TJ Shorts, et deux assistants.
Iisalo, 41 ans, a emprunté dans la capitale française le même chemin qu'en Allemagne qui ne connaît quasi qu'une issue, celle du succès, qu'il n'a que trop peu connu avec un maillot sur le dos.
Il s'est décrit auprès de Skweek début avril comme un "bon joueur dans la moyenne", meneur international "plutôt grand pour le poste" (1,95 m), "très bon shooteur" dans ses meilleurs années, doté d'un "bon QI basket et d'une bonne vision du jeu" mais "limité au niveau du dribble".
- Potentiel -
Il ne s'est jamais exporté hors du pays et ne compte à son palmarès qu'une Coupe de Finlande (2009), décrochée avec Honka (sud-est).
"Je pense que je n'ai jamais maximisé tout mon potentiel en tant que joueur. Cela ne m'a pas vraiment frustré, mais cela m'a nourri dans mon cheminement pour devenir coach: faire dans cette carrière celle que j'avais imaginée comme joueur", poursuivait-il.
Après avoir affûté ses premiers systèmes à Honka à 32 ans, sitôt les baskets remisées au placard, il prend en 2016 la route de Crailsheim en Allemagne, conduit en cinq saisons de la deuxième division à une première participation en play-offs de Bundesliga.
Il attire l'oeil de Bonn, rejoint en 2021, où il décroche la Ligue de champions (C3) et à titre personnel deux trophées d'entraîneur de l'année (2022 et 2023).
Direction donc Paris, avec la même réussite, collective avec les deux premiers titres du jeune club parisien (Leaders Cup et Eurocoupe, qualification en Euroligue à la clé) et individuelle (entraîneur de la saison en Elite).
- "Jeune Popovich" -
Les Parisiens d'Iisalo imposent une intensité et une pression athlétique étouffantes des deux côtés du terrain, travaillés lors d'entraînements encore plus intenses, afin que leur cerveau, dès lors accoutumé à la répétition des efforts, ne ressente selon lui "plus la fatigue" en match.
"Dans l'approche au quotidien des matches et des entraînements, à aucun moment il n'y a de relâchement. Peu importe qu'on ait gagné la veille de 10 ou 30 pts, perdu ou notre prochain adversaire, l'approche et l'exigence seront les mêmes", témoigne l'ailier Gauthier Denis.
Iisalo "arrive à trouver le bon équilibre entre nous pousser dans nos retranchements et nous faire souffler", selon TJ Shorts.
Son président David Kahn le compare à "un jeune Gregg Popovich", le légendaire entraîneur de San Antonio, pour sa capacité à "crier sur ses joueurs à l'entraînement ou en match avant de les emmener dîner et d'avoir des discussions" hors basket avec eux.
"Il est important d'être capable de séparer l'entraîneur de l'homme. Coach Iisalo est très exigeant, ne fait pas de compromis. Mais quand l'entraînement est terminé je suis Tuomas, très accessible", déclarait-il à l'AFP en début de saison.
"Il est très important de créer des liens personnels avec les joueurs, d'avoir des conversations sur tous les sujets, la culture, la musique, et en dehors du terrain de ne pas avoir une relation d'entraîneur à joueur mais d'homme à homme", ajoutait-il dans son anglais impeccable.
Huit mois plus tard, il est à deux victoires d'un incroyable triplé.
A.Wyss--NZN