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Un long manchon blanc lui enserre le bras droit, témoignage de la blessure qui a quasiment annihilé sa préparation. Mais durant quinze jours à Paris, Carlos Alcaraz a brillamment dominé ses adversaires, jusqu'au dernier, Alexander Zverev, qu'il a battu dimanche en finale pour s'offrir son premier Roland-Garros.
Le bras de fer a duré 4h19, mais il aura été plus mental que spectaculaire.
Et c'est finalement le plus jeune des deux (21 ans) qui s'est écroulé bras en croix sur la terre tant convoitée, tandis que l'aîné (27 ans) peinait à relever la tête, battu 6-3, 2-6, 5-7, 6-1, 6-2.
Pour ajouter à la magie du moment, c'est le légendaire Björn Borg qui a remis les trophées, cinquante ans après le premier de ses six titres à Roland-Garros.
Alcaraz prend la coupe des Mousquetaires, l'embrasse le visage fermé, la regarde comme s'il n'y croyait pas, la serre sur son coeur, ferme les yeux en levant la tête...
"Bonjour tout le monde..." sont les étranges premiers mots qui lui viennent alors.
"Quand j'étais petit, je rentrais de l'école en courant pour regarder Roland-Garros à la télévision, et maintenant je suis là, avec le trophée", se souvient le joueur dont le corps avait cédé en demies l'an dernier face au physique endurci de Novak Djokovic.
- Trois sur trois -
Pour Alcaraz, c'est un troisième titre du Grand Chelem en trois finales, après l'US Open 2022 et Wimbledon 2023. Pour Zverev, c'est un second échec après l'US Open 2020, lui qui avait joué quatre demi-finales consécutives avant de parvenir à se hisser en finale porte d'Auteuil.
Mais autant l'Allemand avait été paralysé à Flushing Meadows, autant il a été combattif et entreprenant à Paris. Seulement, face à ses 38 coups gagnants, Alcaraz en a réussi 52 et sur les points importants, l'Espagnol a été plus efficace: Alcaraz a sauvé 17 des 23 balles de break qu'il a eues à défendre (74%) quand Zverev en a sauvé 7 sur 16 (44%).
Sans compter qu'au terme d'une rencontre hachée par un total de 97 fautes directes (56 pour Alcaraz, 41 pour Zverev) les trois heures de plus passées par l'Allemand sur le court pour parvenir en finale ont peut-être joué.
"On n'était pas loin aujourd'hui... Peut-être qu'un jour on y arrivera", a-t-il lancé, inconsolable, à son clan.
Il a toutefois trouvé la force de lancer un trait d'humour en direction de l'équipe de son vainqueur: "Je suis très heureux pour vous.... pas pour aujourd'hui, mais en général pour tout le bon travail que vous faites (rires)", a-t-il dit en direction notamment du coach d'Alcaraz, Juan Carlos Ferrero.
- Equipe/famille -
Alcaraz devient le plus jeune joueur à remporter des titres du Grand Chelem sur les trois surfaces (dur, gazon, terre battue) et le septième de l'histoire après Rafael Nadal (22 ans et 7 mois), Mats Wilander (23 ans), Jimmy Connors (26 ans), Roger Federer (27 ans), Novak Djokovic (29 ans et 14 jours) et Andre Agassi (29 ans et un mois).
Mais il a rappelé que cette victoire à Roland-Garros était mal embarquée début avril lorsqu'une douleur à l'avant-bras droit l'a obligé à déclaré forfait d'abord à Monte-Carlo, puis à Barcelone et finalement à Rome, en raison d'un retour précipité à Madrid avant le Masters 1000 italien.
"Le dernier mois, on a beaucoup souffert. Nous sommes arrivés ici avec beaucoup de doutes", a-t-il lancé à son "équipe".
"Je dis équipe, mais nous sommes une famille", a-t-il ajouté, sans oublier de rendre hommage à son adversaire.
"Ton jeu, ton acharnement au travail après tout ce que tu as traversé il y a deux ans, c'est incroyable. Je suis certain que le tennis te permettra bientôt de remporter un tournoi du Grand Chelem", a-t-il affirmé à Zverev.
En 2022 en effet, l'Allemand s'était grièvement blessé à la cheville droite et avait quitté le court Philippe-Chatrier sur un fauteuil roulant alors qu'il menait la vie difficile à Nadal. Cette année, au moins, il en est sorti avec un trophée, même si ce n'est qu'un plateau.
L.Rossi--NZN