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Grand artisan du projet Red Bull à Salzbourg et Leipzig au début des années 2010, Ralf Rangnick a rallumé la flamme en Autriche avec les "Burschen", ses "gars" qui vont affronter la France lundi à Düsseldorf (21h00).
Rares sont les entraîneurs allemands qui ont su et pu dire non au Bayern et Ralf Rangnick en fait partie, éconduisant très poliment début mai les dirigeants munichois en quête d'un successeur à Thomas Tuchel.
Un refus qui en dit long sur les ambitions du technicien de 65 ans avec la sélection autrichienne à l'Euro-2024, même s'il est conscient de la difficulté de la tâche, dans ce qui semble être le groupe le plus dense du 1er tour avec la France, les Pays-Bas et la Pologne.
"Si j'avais dit oui le 1er mai, je n'aurais pas été entraîneur du Bayern à compter du 15 juillet (le lendemain de la finale de l'Euro, NDLR) mais à partir du 1er mai", a-t-il expliqué il y a une semaine dans un entretien au bi-hebdomadaire allemand Kicker. Pour lui, mener les deux missions de front n'aurait pas été possible sans que l'une des deux en pâtisse.
Voilà deux ans que Ralf Rangnick a pris les commandes de l'Autriche, au 1er juin 2022. Et il ne souhaitait pas "mettre en danger" tout ce qu'il a mis en place depuis 24 mois.
En Autriche, comme partout où il est passé, il a imposé son style de jeu identifié, avec un pressing très haut sur le terrain, ce fameux "Gegenpressing" qu'il a importé en Allemagne dans les années 1990 et qui a ensuite été reproduit par nombre de techniciens allemands, Jürgen Klopp en tête, mais aussi Thomas Tuchel.
Défenseur central des Bleus, Dayot Upamecano est peut-être le mieux placé pour en parler, alors que sa carrière au très haut niveau a pris son envol début 2017, lorsque Rangnick alors directeur sportif de Leipzig, l'a fait venir dans l'est de l'Allemagne, après une saison et demie passée à Salzbourg, deux clubs de la galaxie Red Bull.
- "Professeur" ou "Besserwisser" -
"Ralf Rangnick, c'est un entraîneur très important pour moi parce qu'il m'a ramené à Leipzig et il m'a donné beaucoup de confiance en moi. Il a donné un style de jeu qui me plaisait. Il défend en avançant. Le pressing aussi est très très important pour eux", a glissé "Upa" en conférence de presse en milieu de semaine.
Cette recette, Rangnick l'a présentée au public allemand à la fin des années 1990 dans une émission de la télévision publique ZDF, expliquant sa façon de jouer assez révolutionnaire en Allemagne, avec notamment la transformation du rôle de libéro, un sacrilège au pays de Franz Beckenbauer!
C'est lors de ce passage qu'il a gagné le surnom de "Professeur", pas du tout élogieux en Allemagne. Au Bayern, le toujours très puissant Uli Hoeness, désormais président d'honneur, parlait même à la fin des années 2000 d'un monsieur "je-sais-tout", un "Besserwisser".
Mais partout où il est passé, ça a fonctionné. A Hoffenheim (2006/11), nouveau riche du football allemand, il hisse le club de la troisième à la première division.
A Schalke, il fait vice-champion en 2005, et revient à Gelsenkirchen pour la seconde partie de saison en janvier 2011, se qualifiant pour les demi-finales de Ligue des champions (sorti par Manchester United) et remportant la cinquième (et dernière) Coupe d'Allemagne du club de la Ruhr.
Ce passage l'a toutefois épuisé mentalement au point de dire stop fin septembre 2011, victime d'un burn-out. A l'été 2012, il se lance dans l'aventure Red Bull à Salzbourg et Leipzig, là aussi couronnée de succès, avec la montée de Leipzig en Bundesliga en 2016, et la qualification pour la Ligue des champions en 2019.
Après l'Euro-2024, il espère remettre enfin l'Autriche en phase finale d'un Mondial, après presque trois décennies d'absence (dernière présence en 1998).
A.Ferraro--NZN