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De retour d'Argentine où il a eu à gérer en urgence l'arrestation puis l'inculpation pour viol aggravé de deux joueurs du XV de France, le président de la Fédération française Florian Grill va faire le point ce mardi sur ces évènements et leurs conséquences sur le rugby français.
Le président de la FFR, qui a convoqué une conférence de presse à 11h00 à Marcoussis (Essonne), a admis dès samedi, avant le deuxième test-match des Bleus face aux Pumas perdu 33-25, qu'il y aurait "un avant et un après" cette tournée.
"C'est une certitude et je n'aurai pas la main qui tremble", a-t-il confié. "Il faut qu'on se pose, qu'on réfléchisse, qu'on mette en place quelque chose. Ce sera différent, c'est sûr, mais on ne le fait pas dans l'urgence."
Le deuxième ligne Hugo Auradou (20 ans, Pau, 1 sélection) et le troisième ligne Oscar Jegou (21 ans, la Rochelle, 1 sél.) ont été inculpés vendredi de viol aggravé.
Les deux joueurs sont accusés d'avoir violé une femme dans la nuit du 6 au 7 juillet dans un hôtel de Mendoza, dans le nord-ouest de l'Argentine, où le XV de France venait de disputer le premier match de sa tournée.
Auradou et Jegou, qui parlent de relations sexuelles "consenties" et nient tout acte de violence, ont été placés en détention. L'examen de leur demande de placement en résidence surveillée devrait prendre "au moins une dizaine de jours", a précisé vendredi le parquet de Mendoza.
- "Cataclysme" -
Lors de cette même nuit, à la suite de la victoire des Bleus face aux Argentins (28-13), l'arrière Melvyn Jaminet (25 ans, Toulon, 20 sél.) avait tenu des propos racistes dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, conduisant à sa mise à l'écart immédiate du groupe.
C'est donc amputé de ces trois joueurs que le XV de France, après une tournée à l'intérêt sportif devenu relatif, a atterri lundi soir à Roissy-Charles de Gaulle.
"Après une tournée comme ça, le pays nous manque. On a tous envie de rentrer chez nous, voir nos familles", avouait le troisième ligne Judicaël Cancoriet samedi soir.
Si les joueurs et le staff vont pouvoir prendre des vacances après ce "cataclysme" dixit le sélectionneur Fabien Galthié, Florian Grill, élu il y a un peu plus d'un an, va devoir rester en première ligne pour défendre l'ensemble du rugby français.
Avec une priorité: faire passer le message que ses pratiquants ne sont pas des agresseurs de femmes, voire des violeurs, ni des racistes.
Et convaincre que le rugby n'est pas "miné par les représentations stéréotypées sur les femmes et par une domination masculine et raciale", comme le dénonçait la semaine dernière le sociologue du sport Seghir Lazri dans Libération, à laquelle s'ajouterait un effet de "meute" propre aux troisièmes mi-temps, sur fond d'alcool, voire de cocaïne.
Mais ces "cas isolés" ne doivent pas faire oublier que le "rugby, porteur de valeurs très fortes, change les gens en les rendant plus nobles", assure à l'AFP le président du syndicat des joueurs Provale, Malik Hamadache.
- "Respect" -
L'ancien sélectionneur du XV de France (2007-2011) Marc Lièvremont, désormais consultant pour Canal+, s'est ému quant à lui que son sport soit "soumis à l'opprobre général" alors que "dès le plus jeune âge, on nous apprend que le rugby, c'est le respect fondamental de l'adversaire, des règles, d'autrui sur et en dehors du terrain".
Interrogé par l'AFP, l'ancien trois-quatre centre international Didier Codorniou, candidat à la présidence de la FFR face à Florian Grill le 19 octobre prochain, estime pour sa part que ce "drame" peut entraîner "des répercussions à tous les niveaux, économiques et sociétales".
"Malgré le côté très sensible et dommageable de ces deux affaires, je ne suis pas sûr qu'il faille surréagir sur le côté négatif, d'un point de vue macroéconomique et structurant", explique à l'AFP l'économiste du sport Christophe Lepetit.
"D'autant plus que la réaction des instances (FFR et club de Toulon, NDLR) a été rapide et assez bonne. Elle paraît de nature à rassurer les sponsors, et l'écosystème plus global du rugby à court terme", estime-t-il.
Mais ce qui "doit nous interpeller encore plus", insiste Didier Codorniou, c'est que ce type de faits survient après une série d'autres similaires. Au cours de la seule saison écoulée en effet, le rugby français a été éclaboussé par les condamnations de Mohamed Haouas et Wilfried Hounkpatin pour violences conjugales, et celle de Bastien Chalureau pour l'agression de deux anciens joueurs de rugby.
F.E.Ackermann--NZN