AEX
-11.9800
A une semaine des Jeux de Paris, la Fédération française d'athlétisme (FFA) a saisi la justice jeudi après des accusations de violences conjugales visant le sélectionné olympique Wilfried Happio, formulées par une ex-compagne dans un témoignage publié dans la presse.
Dans un long article du quotidien Le Monde, Maria (prénom d'emprunt) raconte les violences conjugales qu'elle dit avoir subies de la part de Wilfried Happio entre 2018 et 2019, quand elle était en couple avec l'athlète. La jeune femme n'a jamais porté plainte mais assure l'envisager "sous peu".
"La FFA a pris connaissance de l'article de presse concernant les accusations portées à l'encontre de Wilfried Happio. (...) Un signalement a été transmis au Procureur de la République au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale", écrit la FFA dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Dans l'attente de la décision de justice, la FFA rappelle que Wilfried Happio est présumé innocent et qu'en conséquence, sa qualité de sélectionné pour les Jeux olympiques de Paris n'est pas remise en cause", précise-t-elle.
La FFA ajoute toutefois avoir lancé une procédure disciplinaire interne visant le spécialiste du 400 m haies âgé de 25 ans, vice-champion d'Europe 2022 et au pied du podium mondial la même année. "Afin de faire toute la lumière sur cette affaire, son président, M. André Giraud, a saisi ce jour l'organe disciplinaire de première instance. Il appartiendra à cet organe indépendant de tirer toutes les conclusions nécessaires en fonction des éléments qui seront soumis à son examen", explique-t-elle.
Selon un cadre du mouvement olympique, tant la FFA que le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) ont néanmoins le pouvoir de révoquer sa sélection dans ce contexte.
- Précédentes plaintes -
Dans son témoignage au Monde, l'ex-compagne de Happio, aujourd'hui âgée de 26 ans, fait le récit, photos à l'appui et à travers une multitude d'épisodes, des violences dont elle affirme avoir été victime, en montrant des images de sa "cuisse recouverte d'un hématome", celles d'un jogging ensanglanté ou encore d'une mâchoire gonflée après "un énorme coup de poing dans la tête".
Elle raconte encore leurs vacances de l'été 2018, au cours desquelles son compagnon "a littéralement craqué" et l'a rouée de coups jusqu'à ce qu'elle feigne le malaise, "par instinct de survie".
Face à ces accusations, Happio, par le biais de son avocat Anthony Mottais contacté par le quotidien, "conteste les faits qui lui sont reprochés" et regrette "que ces affaires refassent surface juste avant les Jeux, alors qu'à l'inverse il a besoin de sérénité pour bien les préparer".
Ce n'est pas la première fois que le spécialiste du 400 m haies, devenu un des visages de l'athlétisme français, se retrouve dans le viseur de la justice.
Le sextuple champion de France de la spécialité, encore titré fin juin à Angers, a déjà été visé en 2022 par une plainte pour agression sexuelle déposée par une jeune athlète pensionnaire de l'Insep, la pépinière du sport français, finalement classée sans suite. Happio n'avait pas non plus été sanctionné par l'institut au bout d'une enquête interne.
Selon Le Monde, une première plainte pour violences avait été déposée à l'automne 2020 par une autre athlète, avec laquelle il avait vécu une brève relation. L'enquête préliminaire avait également été classée sans suite, pour "infraction insuffisamment caractérisée".
Avant les JO de Paris, Happio doit encore courir au meeting de Ligue de diamant de Londres samedi.
H.Roth--NZN