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Coût du stade, crise des droits TV, trou financier récurrent... Silencieux depuis octobre, Gérard Lopez, propriétaire des Girondins relégués en National à titre conservatoire, évoque "une situation critique" dans un entretien avec l'AFP, mais aussi l'espoir d'éviter une liquidation judiciaire.
Q: Pourquoi sortez-vous du silence aujourd'hui ?
R: "D'une part parce que la situation est grave, d'autre part parce qu'il faut rétablir quelques vérités. Tout le monde a le droit d'avoir des explications sur les derniers 19 mois des négociations qui ont été menées. C'est le moment de parler alors que jusque-là, j'ai travaillé. Là, on commence à voir beaucoup plus clair donc je vais devoir et vouloir parler avec les joueurs, le coach et Admar Lopes (directeur sportif). On a essayé de les garder dans une bulle car dans ce genre de situations, les variables changent tous les jours, leur parler, c'est un truc à les rendre fous."
Q: La fin des discussions avec le groupe américain Fenway (FSG) a-t-elle été une douche froide ?
R: "La non-montée en L1 la saison dernière a été la vraie douche froide, le vrai coup de massue. On est passé à un point de tout changer en montant mais il y a eu le match à Annecy, le match lunaire contre Rodez. Bordeaux n'est pas du tout taillé pour la L2. Quand on l'a repris (en 2021), le club avait 100 millions d'euros de dettes, une perte de 80 millions par an. On a investi 60 millions d'euros au total, ce qui est énorme, pour se redonner une chance de monter mais il y a eu une drôle de sensation lors de la 1ère journée avec ce match perdu à Pau (3-0), comme si c'était une continuité de la fin de saison précédente. C'est là qu'on a décidé, si l'on n'arrive pas à remonter en L1, de faire rentrer des partenaires."
Q: Deux d'entre eux ont été loin dans les discussions ?
R: "Le premier était un fonds d'investissement qui, en janvier, voulait avoir une certitude sportive qu'on allait jouer la montée. On était incapable de donner cette garantie. Le second était une banque qui voulait la garantie, en mars, qu'on ne descende pas en National, ce qu'on a pu garantir que très tard dans la saison. Puis en avril, on a été recontacté par Fenway et là sont apparus deux éléments primordiaux. D'abord les coûts de fonctionnement du club et surtout du stade, entre le loyer annuel et les arriérés (42,5 millions d'euros estimés). Puis le deuxième aspect, le plus catastrophique pour nous: la non-décision sur les droits TV. Donc FSG s'est retiré."
Q: Quelle est la situation financière aujourd'hui ?
R: "Elle requiert 42 millions d'euros d'investissement, hors vente de joueurs. C'est pour cela qu'on a cherché à s'adosser avec quelqu'un, pour partager le risque. Aujourd'hui, on est dans une situation critique parce qu'à terme, même en ayant réduit la dette initiale de 75%, avec la crise des droits TV, il y a une tempête parfaite, avec des nuages gris virant au noir foncé, tout simplement parce que de façon macro-économique, le foot français vient de prendre une claque et nous, on est en première ligne car en termes de timing, on était en négociations avec des gens pour qui c'était important".
Q: Quels sont les scénarios, à cinq jours de l'appel devant la DNCG ?
R: "Il y en a trois. Je ne veux pas donner de faux espoir. On travaille sur les trois. Le premier est de trouver un partenaire de dernière minute. On a été approché par beaucoup de monde mais qui, malheureusement, n'ont pas les moyens. C'est l'option la plus optimiste au premier abord, mais boucher le trou maintenant ne serait que reporter le problème à plus tard, on l'a vu avec la non-montée. La deuxième option, c'est la liquidation et la disparition du club. Enfin, il y a l'exemple du sauvetage de type Strasbourg, avec passage dans des divisions plus inférieures, en se donnant deux-trois ans de pause pour reconstruire."
Propos recueillis par Raphaël PERRY
I.Widmer--NZN