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Journée historique pour le triathlon français, qui après avoir attendu 24 ans une médaille olympique individuelle, en a décroché deux en l'espace de quelques heures mercredi, dans et autour de la Seine, avec l'or de la "revanche" pour Cassandre Beaugrand et le bronze de Léo Bergère.
Leurs deux courses n'auraient pas dû avoir lieu le même jour, mais le report de celle des hommes mardi, en raison de la mauvaise qualité de l'eau du fleuve, a finalement offert un incroyable enchaînement d'émotions.
Beaugrand n'avait pas encore sa médaille d'or -- la sixième de la France depuis le début des Jeux -- autour du cou lorsque Bergère a coupé en troisième position la ligne d'arrivée, sous les dorures du pont Alexandre III.
"C'est historique! Le triathlon français a vraiment fait quelque chose d'extraordinaire aujourd'hui", s'est félicité le médaillé de bronze. "On arrive finalement à tout mettre en oeuvre le jour-J, devant notre public. C'est un moment dont je me souviendrai toute ma vie".
Depuis que le triple effort a fait son apparition au programme olympique en 2000 à Sydney, aucun Français n'était encore monté sur un podium individuel.
Une anomalie que Beaugrand a été la première à réparer mercredi matin, concrétisant enfin les immenses espoirs placés en elle depuis ses exploits précoces.
- "Revanche sur le passé" -
Passée à côté à Tokyo alors qu'elle était déjà très attendue, la triathlète de 27 ans, après avoir pourtant vomi de stress juste avant le départ, a cette fois maîtrisé sa course de bout en bout.
"Je suis contente d'avoir pris ma revanche sur le passé. Le mental a été mon point positif aujourd'hui", a souligné la nouvelle championne olympique. "C'est la médaille de tous ceux qui ont toujours cru en moi, qui m'ont toujours dit que je pouvais le faire et qui m'ont toujours poussée et relevée, surtout quand j'étais au plus bas".
A domicile, la native de Livry-Gargan a devancé la Suissesse Julie Derron, pas forcément attendue à pareille fête, et l'autre favorite, la Britannique Beth Potter, championne du monde 2023.
Longtemps en course pour le podium, Emma Lombardi a plié dans l'emballage final, malgré le soutien d'une foule très dense tout le long du parcours. Quatrième, elle a tout de même pris rendez-vous pour l'avenir, à seulement 22 ans.
"Je suis forcément un peu déçue de louper la médaille pour si peu", a réagi la jeune femme. "Ca reste une course exceptionnelle, avec un public de dingue. J'ai quand même rempli mes objectifs pour mes premiers Jeux".
Auteure à Tokyo du meilleur résultat individuel d'une Française aux JO jusque-là (5e place), Léonie Périault, le jour de ses 30 ans, a eu plus de mal à maîtriser les courants de la Seine et a perdu tout espoir dès la natation, avec un retard rédhibitoire de plus de deux minutes.
- Favoris pour le relais -
Le sacre de Beaugrand a donné des idées aux garçons, qui se sont jetés à l'eau moins de trois heures plus tard après en avoir été empêchés la veille pour des raisons sanitaires.
Dans un décor de carte postale, avec le dôme des Invalides en toile de fond, deux Français se sont livrés un duel pour le bronze derrière les deux intouchables favoris, le Britannique Alex Yee et le Néo-Zélandais Hayden Wilde, déjà sur le podium il y a trois ans.
Bergère a pris le dessus sur Pierre Le Corre dans le dernier tour de la course à pied, mais ce dernier, drapeau breton sur les épaules, avait le sourire après sa quatrième place.
"Je suis content pour Léo, il a été plus fort aujourd'hui", a-t-il reconnu, beau joueur. "C'est une petite victoire pour moi, après ne pas avoir été à Tokyo, de pouvoir jouer une médaille ici".
Il aura sans doute une autre occasion de le faire lundi lors du relais mixte, pour lequel la sélection sera annoncée jeudi. Après sa démonstration de force collective du jour, la France en sera la grande favorite avec la Grande-Bretagne.
E.Leuenberger--NZN