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Relancer l'attaque? Insister sur la défense? Nettement battus par l'Allemagne (85-71) vendredi soir, les Bleus ne semblent pas d'accord concernant la stratégie qu'ils doivent adopter, de mauvais augure avant les quarts de finale des Jeux olympiques.
La déroute contre les Allemands aura-t-elle bien plus de conséquences qu'une simple défaite en phase de groupes? L'enjeu du match n'était pas immense puisque les deux équipes étaient déjà qualifiés avant même l'entre-deux.
Mais son contenu a révélé des tensions en interne. L'identité défensive souhaitée par l'encadrement des Bleus depuis le début de la préparation a clairement été remise en cause par Evan Fournier.
"Je pense que, par moments, on se trompe dans la façon dont on veut jouer, a affirmé le chef de file offensif des Bleus ces dernières années. De nos jours, la meilleure défense, ça reste l'attaque. Ce n'est plus le jeu des années 90 ou des années 2000, où vraiment tu pouvais défendre demi-terrain. Ton attaque est primordiale pour l'équilibre, pour la transition. Surtout quand tu joues avec une équipe qui est aussi forte en transition que l'Allemagne."
- "Rester à sa place" -
Quelques minutes plus tard, le sélectionneur Vincent Collet a tenu des propos diamétralement opposés, qui sonnaient comme un désaveu par rapport au potentiel offensif de ses joueurs: "Personnellement, je n'ai jamais pensé qu'on pouvait devenir une équipe d'attaque avec l'équipe qu'on a, dans ce concert mondial. On voit dans d'autres équipes des joueurs d'exception, donc il faut rester à sa place. Notre seule possibilité d'exister, ce serait de défendre beaucoup plus dur. Je n'en démords pas."
Ce discours passe-t-il toujours dans le vestiaire? Depuis le début des Jeux, un refrain revient trop souvent, de manière inquiétante tant cela paraît être une évidence, dans la bouche de plusieurs joueurs: il faut appliquer les consignes de l'entraîneur.
Face à la Mannschaft, ce n'était pas le cas, selon Nicolas Batum: "Il y aura beaucoup de négatif à retirer. La première mi-temps, on est une équipe qui ne veut pas écouter les consignes, qui ne veut pas jouer dur. En tant que vieux de cette équipe-là, j'ai poussé une gueulante à la mi-temps."
Le capitaine des Bleus souhaite que le groupe se remobilise avant d'affronter, très probablement, le Canada, bien plus fort depuis le début du tournoi olympique: "Vincent (Collet) n'aura pas d'autres choix que de mettre les joueurs qu'il faut, qui ont envie."
- Gobert décevant, Wembanyama brouillon -
Derrière ces désaccords, les performances de certains joueurs posent question. Le pivot Rudy Gobert n'a inscrit que quatre points et pris seulement un rebond contre les Allemands, perdant trois ballons, ce qui constitue un total famélique pour un joueur de son calibre.
Ses carences dans le jeu offensif pénalisent trop souvent l'attaque des Bleus, qui n'arrivent pas à le servir près du panier, et expliquent le choix de Vincent Collet de lui préférer Matthias Lessort pour débuter la deuxième période contre les Allemands.
"Je voulais avoir une réaction, a expliqué le sélectionneur. On voulait plus d'agressivité. Mathias en apporte davantage en attaque." Un nouveau désaveu, cette fois individuel.
Même la vedette de la sélection Victor Wembanyama semble déboussolée: souvent mal servi, le prodige fait aussi parfois de mauvais choix en prenant des tirs extérieurs compliqués, comme s'il n'était pas suffisamment cadré.
Pour la suite, Vincent Collet persiste. "Le premier enjeu avant le match contre le Canada: retrouver un niveau défensif qui nous permette d'espérer, sinon il ne peut pas y avoir d'espoir face à une telle armée de talents. Un match d'attaque ne peut mener nulle part."
Mais sera-t-il suivi par ses joueurs?
F.E.Ackermann--NZN