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Lisa Barbelin a dû s'adapter depuis les Jeux de Tokyo pour passer d'une archère "qui marche à l'émotion puissance 10.000" à une technique basée sur le relâchement, changement qui a abouti samedi à une médaille de bronze en individuel.
Le compte-à-rebours installé depuis plusieurs mois dans la chambre de Lisa Barbelin à l'Insep était calé sur le dimanche 28 juillet 2024, jour de la finale de l'épreuve féminine par équipes en tir à l'arc aux Jeux olympiques de Paris. Finalement, elle aurait dû le caler sur le samedi 3 août, jour de finale individuelle.
"Pour Tokyo, j'avais mis un décompte jusqu'à la cérémonie d'ouverture mais je trouve que ça avait encore plus de sens de le faire pour la finale des Jeux", glisse à l'AFP la cheffe de file de l'équipe de France féminine de tir à l'arc, qui a mis entre parenthèse ses études de chimie, sa matière préférée à l'école, pour la préparation olympique.
Dans le dernier carré, elle s'est retrouvée seule au milieu de trois Sud-Coréennes, et elle a su montrer de la force de caractère pour se remobiliser pour la petite finale et sortir un 10 pour décrocher le bronze devant 8.000 spectateurs.
Il y a trois ans, à seulement 21 ans, Lisa Barbelin s'était hissée en huitièmes de finale de l'épreuve individuelle des JO de Tokyo. "La Lisa de 2021 rêvait de Jeux olympiques, la Lisa de 2024 rêve de médaille olympique", a-t-elle expliqué, large sourire sur le visage et très détendue, en amont des Jeux à domicile.
Elle avait annoncé qu'elle voulait une médaille aux Jeux et après le loupé de l'épreuve par équipes contre les Pays-Bas, elle a su se reconcentrer à l'aide d'un travail mental entre dimanche et mercredi, jour de ses premiers matches individuels.
"Quand elle est arrivée, ce qui m'a marqué tout de suite c'est qu'elle avait toujours le sourire, toujours positive avec beaucoup d'énergie, et cette envie de réussir, et ce plaisir à faire des matches", souligne le directeur technique national Benoit Binon, qui la côtoie depuis 2019.
- Elle "aime le spectacle" -
"C'est quelqu'un qui aime le spectacle. Au contraire, elle sait se nourrir de cette énergie collective, c'est un atout pour faire la différence pendant les matches", ajoute-t-il.
Mais ce trait de caractère, elle a dû l'adapter avec l'arrivée du Sud-Coréen Oh Seon-tek, "Monsieur Oh", référence dans le monde du tir à l'arc qui chapeaute les équipes de France masculine et féminine depuis le début de l'année 2022.
"Avec la technique de tir en relâchement de M.Oh, il fallait que je sois très relâchée, alors que je suis une fille qui marche à l'émotion puissance 10.000", reconnait-elle. "Quand je sors du pas de tir et que je suis hyper heureuse, que je hurle, ça ne va pas du tout avec tout ce qui est relâchement", précise-t-elle.
"M.Oh m'a dit +Ok, t'as le droit de serrer ton poing, il n'y a pas de souci du moment que tu es concentrée et que tu es relâchée pour la flèche d'après+. Ca fonctionne très bien pour moi. En général quand je suis dans cette posture-là, et pas la posture de la fille qui se recroqueville et qui a peur, c'est là où je suis la meilleure".
Native de Nancy, elle a découvert le tir à l'arc à l'âge de neuf ans, accompagnée par son oncle au club de Dieuze (nord-est de la France), immédiatement attirée par "la relation à la cible, au but atteint. Je suis rentrée chez moi le jour du premier entraînement, et j'ai dit à mon grand-père que je ferai les JO", souligne-t-elle.
Elle a pu passer ses JO-2024 en couple, car son compagnon Thomas Chirault fait partie de l'équipe masculine médaillée d'argent lundi (défaite en finale contre la Corée du Sud). "C'est une force d'être ensemble dans une concurrence saine, ça nous permet de chercher ensemble à être meilleur, à s'élever tous les deux,", a expliqué Barbelin.
W.Odermatt--NZN