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En remportant la première médaille du tir français, avec l'argent au pistolet à 25 mètres, samedi, Camille Jedrzejewski a redonné le sourire aux Bleus de Châteauroux qui participent enfin à la razzia olympique tricolore.
Les jours s'égrainaient, les finales aussi. Océanne Muller et Lucas Kryzs avaient fini 5e et 6e à la carabine à 10m féminine et à 50 mètres, trois positions, masculine, et la crispation guettait. "Tendu, ce n'est pas le mot", a relativisé Walter Lapeyre, entraîneur de l'équipe de France de pistolet, pour décrire l'ambiance au QG des Bleus, près du lac d'Eguzon.
"Dans la maison, on se regardait un peu le soir à la table, et bon... (On se demandait) quand est-ce que ça va tomber ?", a-t-il tout de même avoué.
"Le sourire de Camille, que ce soit avant la finale, presque pendant, et puis après, fait du bien à tous", a aussi reconnu le Directeur technique national Gilles Müller.
Car à 22 ans, la championne d'Europe en titre a fait preuve d'une décontraction déconcertante.
"J'étais stressée, je ne vais pas mentir (...) Mais bien sûr que j'y vais avec le sourire parce que c'était incroyable, enfin ! Je tirais une finale olympique pour mes premiers Jeux ! J'étais très fière de ça. Il y avait ma famille, mon public, je savais que les gens me soutenaient. J'étais contente d'être là", a-t-elle expliqué.
- "Cinq derniers tirs de trop" -
Arrivée 7e des qualifications vendredi, Jedrzejewksi a démarré doucement, avec un petit 6/10 sur les deux premières séries, avant de trouver son rythme et d'enchaîner les 4/5, dans un format de finale basé sur la vitesse qui lui va à ravir.
"J'ai élevé mon niveau, c'est vrai, pour la finale. Après, je suis une compétitrice et j'ai adoré ça (...) Mon entraîneur m'a dit: +reste toi-même+. Je ne me suis pas trop pris la tête", a-t-elle raconté.
A 37-37 avec la Coréenne du sud Yang Jiin après la 10e et dernière série, elle a pourtant été rattrapée par l'enjeu et n'a fait que 1/5 contre 4/5 pour son adversaire dans le tir de départage, la Hongroise Veronika Major terminant 3e.
"Je pense que j'ai craqué mentalement. Pourtant, j'ai tenu les 50 cartouches avant ça. Les 5 dernières étaient pour moi un peu trop. Je reviendrai plus forte pour la prochaine Olympiade", a-t-elle promis.
Et si elle a versé quelques larmes après la finale, c'était surtout des larmes de joie.
"Forcément, c'était lourd de tenir, tenir, tenir. À un moment, on te dit: +t'es vice-championne olympique+, ben... j'ai pleuré un peu, ouais !", a-t-elle reconnu.
- "Le déclic" -
"Ça a été intense, réellement intense. Mais je m'en souviendrai toute ma vie. C'était incroyable", a-t-elle ajouté.
Policière, comme Franck Dumoulin qui avait été titré au pistolet à 10m à Sydney, elle a aussi exprimé sa gratitude pour le soutien reçu de son employeur et de la fédération française de Tir (FFTir).
"Quand ils ont accepté de me prendre dans leur équipe, j'avais 20 ans et je n'étais pas encore sélectionnée au Jeux, je n'étais pas championne d'Europe, je n'étais pas numéro 3 mondiale. Pourtant, ils ont cru en moi et m'ont accompagnée, je les remercie mille fois pour ça", a-t-elle témoignée, sincèrement émue.
Maintenant que le compteur est lancé, la France espère encore étoffer son bilan.
Malheureusement, Eric Delaunay, en Skeet masculin, a été éliminé aux portes de la finale, lors d'un tir de départage entre 5 athlètes pour deux places.
Pour Lucie Anastassiou, chez les femmes, il faudra réaliser quasiment un sans-faute, dimanche, lors de la deuxième journée de qualification, après son 70/75, qui la place 14e, à 2 points de la 6e et dernière place qualificative pour la finale.
Dimanche, également, Clément Bessaguet et Jean Quiquampoix, médaillé d'argent à Rio et d'or à Tokyo -- et "sur qui je prends exemple beaucoup", a assuré Jedrzejewski -- entreront en lice au pistolet de vitesse de vitesse polympique à 25 m.
T.Gerber--NZN