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Déjà le plus grand judoka de tous les temps, Teddy Riner a rajouté samedi une page à sa légende dorée: il a offert à la France un deuxième titre olympique par équipes mixtes, en s'imposant au combat décisif en finale contre le Japon.
Le champion de 35 ans en profite pour porter ses records personnels à des altitudes stratosphériques, désormais inaccessibles au commun des champions: judoka le plus titré de l'histoire des Jeux olympiques (cinq titres, dont trois individuels), judoka le plus médaillé (cinq ors, deux bronzes), et olympien français le plus titré des Jeux d'été (en attendant Léon Marchand!).
Cette finale, la revanche dont la France et le Japon rêvaient depuis trois ans, quand les Bleus s'étaient imposés au Budokan de Tokyo dans "le temple" du judo japonais en finale des JO de 2021, a offert un scénario dont même les plus grands réalisateurs d'Hollywood ne peuvent pas rêver.
"Hier j'ai réalisé mon rêve, aujourd'hui on a réalisé notre rêve. On a fait une remontada tous ensemble", a réagi à chaud "Super-Teddy".
Dans cette compétition qui oppose deux équipes de six judokas, trois femmes et trois hommes, le Japon a d'abord mené trois victoires à une, seul Riner ayant remporté son combat contre Tatsuru Saito, le grand espoir du judo japonais, passé à côté de ses Jeux de Paris.
- "Il fallait que j'égalise" -
Il ne restait alors au Japon qu'à remporter un match pour laver l'affront subi à Tokyo, et souffler l'or aux Français. Mais Joan-Benjamin Gaba (-73 kg), après plus de 8 min 50 (dont 4 mn 50 de prolongations) d'un combat d'une incroyable intensité, a réussi un ippon parfait sur le nouveau champion olympique des -66 kg Hifumi Abe, faisant exploser le chaudron de l'Arena Champ-de-Mars. Le combat changeait d'âme.
L'exploit suivant a été l'oeuvre de Clarisse Agbégnénou, qui avait pleuré toutes les larmes de son corps après avoir raté l'or en individuel (bronze en -63 kg).
Elle aussi est allée en prolongation contre Miku Takaichi, plus de trois minutes, et a fini par l'emporter par waza-ari, le plus petit des avantages, après un combat limpide, portée par les Marseillaise a capella et la ferveur d'une salle en fusion.
"C'est ça une équipe, de compter les uns sur les autres, il fallait que j'égalise", a-t-elle dit, "c'était une course de relais, c'était incroyable".
A égalité trois partout, le règlement prévoit qu'une catégorie est tirée au sort, pour un combat décisif disputé au "golden score": le premier qui marque un point a gagné.
Le public a retenu son souffle en attendant de découvrir sur les écrans géants la catégorie retenue. Et il a rugi de bonheur lorsque le chiffre "+90" s'est affiché. Le sort avait choisi Teddy Riner. Autant dire qu'il avait choisi la France.
- Bonheur absolu -
Le héros national, qui n'avait pas dû dormir beaucoup après son titre, et qui avait déjà trois combats derrière lui ce samedi (tous gagnés), n'a pas failli. Face à un Saito déboussolé, qui restait sur quatre défaites consécutives à Paris (deux chez les lourds suivies de deux par équipe), Riner a placé un ippon dont il a secret. Victoire. Médaille d'or. Bonheur absolu.
Grâce à ce titre, le judo français termine sa moisson olympique avec dix médailles, l'objectif fixé avant les Jeux par la Fédération, dont deux en or, en dessous des quatre ou cinq espérées.
En individuel, seul Teddy Riner a été à la hauteur de son rôle de favori. D'autres, très attendus, sont passés à côté de leur chance, comme Luka Mkheidze, battu en finale des -60 kg, Clarisse Agbégnénou (-63 kg) ou encore Romane Dicko (+78 kg), médaillées de bronze alors qu'elles étaient venues pour le titre.
Mais samedi soir, l'heure n'était pas encore au bilan, tandis que les Bleus du judo communiaient avec leurs supporters à l'Arena Champ-de-Mars, une structure provisoire où s'est pourtant écrit une page d'éternité.
D.Graf--NZN