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Showman déterminé à donner un coup de fouet à l'athlétisme, le sprinteur américain Noah Lyles a jailli en pleine lumière sur la plus prestigieuse des scènes sportives, sacré champion olympique du 100 m pour cinq millièmes aux Jeux de Paris dimanche soir.
Bondissant à son entrée sur la piste violette du Stade de France, sous les yeux du rappeur américain Snoop Dogg, spectateur assidu des JO d'un bout à l'autre de la capitale française, Lyles est sorti victorieux d'une finale follement disputée et crispante: sur la ligne d'arrivée, les huit sprinteurs ne sont séparés que par douze centièmes, et il ne doit l'or olympique qu'à une infime avance sur le Jamaïcain Kishane Thompson, révélation du sprint mondial.
L'un comme l'autre sont crédités du même chrono: 9 sec 79 - record personnel pour Lyles.
Un autre Américain, Fred Kerley, médaillé d'argent aux Jeux de Tokyo il y a trois ans et devenu depuis champion du monde du 100 m en 2022, accompagne le nouveau champion olympique sur le podium, troisième en 9 sec 81.
"C'est une des plus belles courses auxquelles j'ai participé depuis un sacré bout de temps", apprécie Kerley.
- Vingt ans d'attente -
Lyles permet aux Etats-Unis de reconquérir l'or olympique de la course reine qui leur échappait depuis vingt ans, au lendemain de la désillusion vécue par Sha'Carri Richardson sur le 100 m féminin, battue par la sprinteuse de Sainte-Lucie Julien Alfred.
Avec la légende jamaïcaine Usain Bolt entre 2008 et 2016 et la surprise italienne Marcell Jacobs en 2021 - 5e de la finale de dimanche soir en 9 sec 85 -, le dernier Américain champion olympique de la ligne droite était Justin Gatlin en 2004.
Ongles peints et étoilés façon drapeau US, cheveux tressés et décorés de perles blanches, le sprinteur floridien voit beaucoup plus grand à Paris. Auteur d'un triplé retentissant aux Mondiaux de Budapest l'été dernier, 100 m, 200 m et 4x100 m, il ambitionne même un quadruplé au Stade de France: 100 m, 200 m - sa course de prédilection -, 4x100 m et 4x400 m - même s'il n'en est pas un spécialiste. Un défi auquel même Bolt ne s'est jamais attaqué.
A 27 ans, Lyles s'était déjà imposé comme un des visages de l'athlé mondial, avec son triplé hongrois, sa collection de six titres mondiaux depuis 2019, et son rôle principal tenu dans la série Netflix "Sprint", qui suit les athlètes les plus rapides du monde.
Mais il lui manquait la consécration olympique, puisque les JO-2021 ne lui avaient pas souri. Dans une bulle Covid et un stade désespérément vide, à mille lieues de son sens du show, rattrapé par un épisode dépressif comme il y est sujet depuis l'enfance, il n'avait pu obtenir que la médaille de bronze du 200 m, dont il était pourtant favori.
- Thompson en héritier de Bolt -
"Je n'aime pas cette médaille. Ça entretient mon feu intérieur pour faire mieux", se motivait Lyles, qui s'entraîne dans sa Floride natale dans le groupe de Lance Brauman à Clermont, l'un des plus relevés du monde.
"C'est un performeur, il aime les feux de la rampe, l'attention, le spectacle. Il n'y avait rien de tout ça à Tokyo. C'était un poisson sorti de l'eau", analyse sa préparatrice mentale Diana McNab.
Trois ans plus tard, Paris, gagné de toutes parts par la ferveur olympique, s'est régalé du premier acte doré de Lyles. Reprise du show dès lundi soir avec les séries du demi-tour de piste.
"Bien sûr que je suis" l'homme le plus rapide du monde, avait-il osé avec bravade il y a quelques jours. "Tout le monde sait que ce qualificatif revient au champion du monde du 100 m, que je suis, et au champion olympique, que je vais bientôt être."
"Le sport a besoin de ça mon gars, on a besoin d'une personnalité", l'avait adoubé l'an passé Bolt après une course en Jamaïque.
Révélation du sprint à 23 ans, Thompson est lui passé tout près de s'offrir la plus belle des récompenses dès son premier championnat international.
Mais l'athlète à la silhouette d'armoire à glace, qui reste l'homme le plus rapide de la saison avec ses 9 sec 77 courues aux sélections jamaïcaines, a tout pour reprendre le flambeau déposé par Bolt.
P.E.Steiner--NZN