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Fondu dans l'ADN opiniâtre de cette équipe de France de basket, sa superstar naissante Victor Wembanyama a bien failli fondre aussi en larmes après cette place en finale olympique, arrachée dans un registre besogneux.
Ce n'était pas le joueur flamboyant aux gestes déliés, capable de dribbler, se retourner et faire filoche de loin comme s'il ne mesurait pas ses 2,24 mètres sur le parquet de Bercy jeudi. Mais un Wemby du devoir accompli.
Sa coupure au cou et le col de maillot blanc devenu vermillon ? "Vous savez, notre hymne national parle de sang versé", a souri l'intérieur des San Antonio Spurs à la question adressée en anglais dans le serpentin de le zone mixte. "C'est rien, si ça nous permet de décrocher l'or, je donne tout mon sang. Prenez tout, enfin peut-être que la moitié."
L'image et les mots résument plutôt bien son match de chiffonnier passé à contenir le virevoltant Dennis Schroder dont il a contré deux fois les tirs (48-45 puis 63-53), parfois sans être au contact grâce à son envergure démesurée (2,43 m). Une influence que ne résument ses 10 points et 7 rebonds.
- "Ils n'essayaient même pas de l'attaquer" -
"Dans son attitude, dans son impact, il a été excellent, a loué Mathias Lessort. Il y a des choses qui ne se voient pas dans les feuilles de statistiques. Le fait de défendre les lignes de pénétration de Denis Schroder et Franz Wagner. Quand ils le voyaient, ils n'essayaient même pas de l'attaquer."
Surtout, le sélectionneur avait décidé, comme face au Canada de l'aligner au poste de pivot où il a passé quatre quart-temps à se mesurer au puissant Allemand Daniel Theis, à qui il rend 16 kg malgré un double décimètre de plus.
Pas intimidé, l'"Alien" comme l'a baptisé Lebron James, a infligé au "big man" des Los Angeles Clippers un contre (22-28), puis envoyer d'un dunk le ballon sur son crâne (33-33). Sans oublier, son "pastis" au rebond (27-33) quand il a attrapé le ballon orange d'une main comme si c'était la petite balle collante du hand.
"Il était concentré au rebond, il les aspirait tous", s'est réjoui Lessort. "Il a été incroyable pour nous ce soir même s'il n'a pas été aussi adroit qu'il peut l'être parfois."
Pour clore son travail de démolition, sa faute obtenue sur Daniel Theis à dix secondes du buzzer, suivie d'un lancer franc converti (71-68) sous les "Wemby, Wemby, Wemby" tombant des tribunes de Bercy, a quasi scellé la partie.
- "Personne d'autre sur terre" -
"Il nous met un lancer franc à la fin qui nous fait beaucoup de bien", a rappelé Matthew Strazel, 22 ans. "Même si ce n'est pas dans le scoring, dans les choses qu'on attend de lui, il fait ce que personne d'autre sur cette terre ne peut faire. Dans les rebonds défensifs, dans les aides, dans les défenses, dans la présence."
Une ligne de statistique ne trompe pas: des joueurs majeurs, ceux comptant au moins un quart d'heure de jeu, le leader de vingt ans est celui affichant le meilleur bilan quand il était sur le parquet (+/-), à savoir la meilleure différence entre les points inscrits et ceux encaissés (+5). Le tout alors qu'il était sur le terrain au moment de l'entame délicate (2-12 puis 18-28).
Wemby a même fini par se débloquer après neuf tentatives derrière l'arc manquées entre le quart contre le Canada et la première partie de la demie. Une flèche ayant en plus permis de se détacher pour de bon (61-53).
"Moi, je suis fier de lui parce qu'il ne force pas les situations, juge Matthew Strazel. Il attend que ça vienne à lui et je suis fier qu'il ait cette maturité-là."
"Il fait une demi-finale, il porte un pays sur ses épaules à vingt ans. On ne peut pas lui reprocher de ne pas être excellents à chaque fois", rappelle Lessort. "Pour la finale, on a confiance en lui."
L.Muratori--NZN