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Elodie Clouvel, "au fond du trou" il y quelques mois après un burn-out, a décroché dimanche à Versailles l'argent du pentathlon moderne, estimant avoir remporté "la médaille de la résilience".
"C'était une belle histoire que je voulais raconter, l'histoire de la résilience, du courage, et qu'il ne faut jamais rien lâcher même quand on est au fond du trou, parce qu'il y a un an de ça, je voulais tout arrêter. Au final, aujourd'hui, je suis médaillée olympique", a exulté la Française de 35 ans en descendant du podium, huit ans après avoir déjà décroché l'argent olympique à Rio-2016.
A Tokyo en 2021, elle avait pris la sixième place, avant de s'effondrer mentalement en 2023, pour finalement réussir à se remettre en selle pour les Jeux.
"Aujourd'hui, j'étais comme une reine dans le château de Versailles, acclamée par tout le public français. Je n'ai pas eu la Marseillaise, mais j'avais plein de drapeaux français autour de moi, tous les Français avec moi. Je vous dis, c'est de l'argent, mais c'est tellement plus qu'une médaille", a-t-elle encore lancé, dans un immense sourire, et à peine déçue d'avoir finalement raté l'or d'assez peu, alors qu'elle était en tête avant l'ultime épreuve, le "laser run", une course à pied de 3000 m entrecoupée de quatre passages au tir au pistolet, sur le modèle du biathlon.
La journée est, pour Elodie Clouvel, doublement historique, puisqu'en passant en dernier dans l'épreuve d'équitation, elle a été aussi à jamais la dernière pentathlète à monter un cheval en compétition. Dorénavant, comme l'a décidé la Fédération internationale, l'épreuve d'équitation disparaît, remplacée par une sorte de "parcours du combattant" où les concurrents devront franchir des obstacles de natures diverses, à la course.
- "J'ai encore de l'envie" -
Dès jeudi, la tricolore avait parfaitement géré son entrée en compétition, en se plaçant en position idéale avec l'épreuve préliminaire d'escrime, dont les points étaient conservés pour la finale (alors que les compteurs étaient remis à zéro dans les autres épreuves).
Le juge de paix était en fait l'épreuve d'équitation dimanche matin, souvent aléatoire.
Mais Elodie Clouvel a une nouvelle fois contrôlé, avec une seule barre tombée sur le parcours de saut d'obstacles, avant de reprendre quelques points en escrime et en natation, son point fort puisqu'elle est à l'origine une nageuse, entraînée à ses débuts par Philippe Lucas, et même sélectionnée en équipe de France.
Au départ du "laser run", ses points d'avance ont été convertis en temps, et elle s'est élancée avec 13 secondes d'avance sur la Hongroise Michelle Gulyas, sa dauphine provisoire.
Traditionnellement fragile au tir, Elodie Clouvel a été rattrapée et doublée par la Hongroise, qui a empoché l'or et établi un nouveau record du monde. Clouvel a toutefois réussi à contenir le retour de la Sud-oréenne Seong Seungmin pour conserver l'argent.
"Sur le premier tir, mes vieux démons sont revenus", a-t-elle expliqué, "j'ai mis un peu de temps à me mettre dedans. J'étais un peu dans l'émotion. Mais après le premier tir, je n'ai rien calculé, j'ai foncé."
Sortie du trou noir, la vice-championne olympique n'exclut pas désormais de se préparer pour les Jeux de Los Angeles-2028. "Je n'ai pas dit stop, a-t-il lâché en riant, je me sens bien dans mon corps, bien dans ma tête. Je suis redevenue la "Elo" guerrière qu'on avait connue. Et j'ai encore de l'envie."
E.Leuenberger--NZN