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Champion du monde puis d'Europe avec les Bleus et légende d'Arsenal, Thierry Henry a été l'un des plus grands joueurs de sa génération mais sa reconversion comme entraîneur a été plus mitigée jusqu’à la médaille d’argent olympique remportée lors des Jeux de Paris avec les Bleuets.
Malgré la défaite face à l’Espagne en finale du tournoi olympique (5-3 a.p.), quarante ans après l'or obtenu par les Tricolores aux Jeux de Los Angeles, les Bleuets ont décroché sous sa conduite une médaille qui n'était pas acquise d’avance.
Nommé en août 2023 à la tête des Espoirs, cet olympien convaincu, qui a quitté ses fonctions de sélectionneur lundi, s'est battu pour construire une équipe compétitive malgré les réserves des clubs français ou étrangers et les contraintes calendaires, le tournoi olympique ne figurant pas dans les dates Fifa.
Le Real Madrid, Lille ou encore le Paris SG refusent de libérer leurs joueurs de marque. "Titi" doit faire sans Kylian Mbappé, ni Antoine Griezmann, ni Bradley Barcola, ni encore Warren Zaïre-Emery que la France espérait, mais qui regarderont les Jeux de Paris depuis leurs clubs respectifs.
- Henry et les "fous" -
Contraint, contrarié, Henry ne se démonte pas, même lorsque le 24 juillet, date du premier match des Bleuets aux Jeux, il perd d'autres joueurs et cadres, sur blessure ou bloqués par leur nouveau club.
Il attaque le tournoi avec un groupe sans aucune référence et deux leaders de plus de 23 ans rattrapés in extremis: Alexandre Lacazette (33 ans) et Jean-Philippe Mateta (28 ans).
Henry se mue alors en meneur d'hommes en guidant jusqu'au podium des Bleuets qu'il a lui-même surnommés les "fous".
"Il y a eu une histoire, une aventure humaine extraordinaire. Ce groupe-là, c'est à vie pour moi", déclare celui qui s'est forgé un fantastique palmarès en club et avec les Bleus.
Longtemps meilleur buteur de l'équipe de France (51 buts en 123 sélections) devant d'autres monstres sacrés tels que Raymond Kopa, Michel Platini et Zinédine Zidane, Thierry Henry s'est fait doubler en 2022 par Olivier Giroud (57 buts).
Ce léger déclassement statistique n'efface en rien l'empreinte que "Titi", 47 ans, a laissée en sélection entre 1997 et 2010.
- Idole d'Arsenal -
Outre le sacre mondial en 1998, le N.12 des Bleus a gagné l'Euro-2000 et est l'un des deux seuls Français - avec Hugo Lloris - à avoir disputé quatre phases finales de Coupe du monde (1998, 2002, 2006 et 2010).
Formé à Monaco, il débute sa carrière professionnelle sur le Rocher (1993-1999), avant de quitter la France pour un long exil en Italie, en Angleterre, en Espagne puis aux États-Unis.
De son parcours comme joueur, on retiendra surtout ses années sous les couleurs d'Arsenal.
Le natif des Ulis, au sud de Paris, acquiert outre-Manche une réputation d'attaquant élégant et efficace. Il empile les buts au point de devenir le meilleur artificier de l'histoire des Gunners (228 en huit saisons).
Après avoir tout gagné en Angleterre, le double meilleur joueur du championnat anglais s'engage en 2007 au FC Barcelone avec l'objectif d'y remporter le seul trophée qui lui manque: la Ligue des champions, ce qu'il parvient à faire en 2009.
C'est finalement aux Etats-Unis, sous les couleurs des Red Bulls de New York (2010-2014), que le buteur met un terme à sa carrière de joueur.
- Retour raté à Monaco -
Adulé à l'étranger, le Français a paradoxalement entretenu une relation en clair-obscur avec son pays, comme joueur puis comme entraîneur.
Son épisode footballistique le plus douloureux est évidemment ce contrôle de la main suivi d'une passe qui a permis à William Gallas de marquer et à la France de se qualifier pour ce maudit Mondial-2010 en Afrique du Sud, un soir de novembre 2009 en barrage contre l'Irlande.
En 2018, avec sa nouvelle casquette d'entraîneur, il prend place sur le banc de son club formateur, Monaco, mais l'aventure tourne au fiasco et il est écarté après trois mois.
Il repart, d'abord à l'Impact Montréal, au Canada, puis en réintégrant le staff de la Belgique pour le Mondial-2022 après une première expérience de 2016 à 2018.
Ce n'est qu'en 2021 que "Titi" repose ses valises en France, lorsqu'il devient consultant pour Amazon, alors diffuseur de la Ligue 1. Le public découvre alors ses bons mots et ses analyses fines, puis sa capacité à transcender ses joueurs pour aller chercher la médaille d'argent de Paris-2024.
"Obtenir la médaille d'argent aux Jeux olympiques pour mon pays restera l’une des plus grandes fiertés de ma vie", a déclaré lundi dans le communiqué annonçant son départ celui qui a désormais fait la démonstration de ses capacités de meneur d'hommes.
E.Schneyder--NZN